Critique Aztechs [2005]

Avis critique rédigé par Manu B. le lundi 28 avril 2008 à 13h52

Aztechs

"Papa dit toujours qu'il y a trop de monde sur cette planète, mais qu'est-ce qu'il en sait?... Le vieux con! Il passe sa journée enfermé avec ses joints et son mezcal. Il somnole, il rêvasse, il dérive. Il ne voit jamais personne, il ne parle jamais à personne, sauf à moi..."
Bizarrement, Lucius Shepard n'est pas très connu du lectorat français. Bizarrement, parce qu'en plus d'écrire des romans marquants, ses nouvelles sont particulièrement saisissantes, même pour le « non amateur » de ce format. Car en plus de devoir maîtriser un univers qu'on doit concis et précis, le nouvelliste doit maîtriser cet effet de chute qui sanctionne et valide la qualité d'une nouvelle. Or, Lucius Shepard semble prendre un malin plaisir à prendre le lecteur à contrepied, au point d'en être devenu un art. Quant à réunir dans un recueil les perles de ces nouvelles d'un autre monde, c'est plus qu'il n'en faut pour le lecteur. Les éditions Le Belial' l'ont fait. On y trouve donc: Aztechs, la présence, le dernier testament, Ariel, le rocher aux crocodiles, l'éternité et après.
Lucius Shepard est un baroudeur, il a foulé des centaines de terres, vierges, surpeuplées, exotiques, urbaines. Il a parcouru des milliers de kilomètres, visité de nombreux pays. Mais c'est l'Amérique centrale et plus au sud qu'il connaît le mieux. Il en est sorti la vie en temps de guerre, mais aussi la nouvelle Aztechs. C'est à la frontière mexicaine où la mafia rivalise avec une Intelligence Artificielle pour le pouvoir. L'auteur a le temps de planter son décor où des personnages décadents prennent en pleine gueule la réalité sur la guerre entre mafioso et une entité venue de nulle part. Des pantins, voilà ce qu’ils risquent de devenir. Peut-être même des androïdes. Et perdre leur identité. Plus au nord se trouve New York et la tragédie que l'on y a vue le 11 septembre 2001. A Ground zero, un pompier volontaire travaille sans relâche et voit chaque soir au bar une jeune femme d'affaires un peu guindée. C'est sur un seul détail que Shepard fait basculer l'histoire de La présence. Juste un détail qui contient tout un drame. Toujours aux Etats-Unis, Shepard nous emmène à la recherche d'un être étrange, surnommé Ariel. La nouvelle au titre éponyme est certainement la plus forte incursion dans la SF du recueil. Jusqu'aux mondes parallèles. Malgré cela, il ne peut s'empêcher de la finir à la sauce fantastique avec une terrible efficacité. Au sud-est, c'est dans le Zaïre de l'Afrique qu'un sorcier est emprisonné et exerce un supposé pouvoir. Fantasme ou réalité ? Le doute est permis mais des évènements étranges risquent de faire basculer vers l'une ou l'autre des alternatives. Le rocher aux crocodiles est une nouvelle noire, dans une atmosphère moite et surchauffée, typiquement Shepardienne. Enfin et surtout, retour vers le vieux continent au cœur même de la capitale russe où l'empire souterrain d'un parrain de la pègre locale revêt les atours du paradis. Dans l'Eternité, tout est possible. L'éternité et après est la plus marquante du recueil.

La conclusion de à propos du Recueil de nouvelles : Aztechs [2005]

Auteur Manu B.
90

Aux frontières de la SF et du fantastique, Aztechs est un remarquable recueil de nouvelles, une fantastique explosion d'idées, de personnages forts, d'atmosphères étranges et de sensations.

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