Critique Le Monde du fleuve #1 [1972]
Avis critique rédigé par Manu B. le lundi 23 juin 2008 à 13h46
La vie sinon rien
"Sa femme l'avait tenu dans ses bras comme si cela pouvait empêcher la mort d'approcher. Il s'était écrié: Mon Dieu, c'est fini!..."
Imaginez que tous les humains qui sont morts se réveillent un jour, tous rassemblés de part et d'autre d'un fleuve immense. Imaginez que parmi ces hommes et femmes, on retrouve les plus grandes célébrités de tous les temps, dont Richard Burton, Mark Twain, Alice Hargreaves, Tullius Hotillius, mais aussi Göring et autres déplaisants personnages que la Terre ait vu. Après la surprise, le jour du grand cri, ne pensez vous pas que toute cette matière grise réunie, cette masse de chair nouvelle et juvénile ne cherche à savoir comment et pourquoi elle est ici ? C'est ainsi que démarre le grand voyage de Richard Burton...
Comme l'écrivait Gérard Klein dans sa préface du livre de poche:
"Il est difficile d'être immortel. Il est encore plus difficile d'écrire des livres immortels."
Cette simple phrase constitue probablement le noeud du problème pour la série le fleuve de l'éternité. Car si Philip José Farmer a fait parler de lui dans ses premiers romans, c'est sûrement plus par goût (par choix?) de la polémique -à l'époque- avec son roman les amants étrangers. Etrange dira-t-on aujourd'hui qu'un tel roman ait pu faire scandale.
Il faut dire qu'il a introduit (sans jeu de mots héhé) la sexualité dans la science fiction.
Et cela deviendra une sorte de fil rouge dans toute son oeuvre.
Le monde du fleuve, récompensé par un Hugo en 1972, n'est donc pas exempt de sexe, ne serait-ce que par la situation initiale qui voit toute l'humanité nue et imberbe sur les rives d'un fleuve interminable. Des idées viennent. Mais que serait le sexe pendant toute une éternité ? Bientôt, les hommes se tournent vers une autre occupation plus indispensable à cette chère humanité: le pouvoir. Or, en face de tant d'hommes qui ont marqué de leur empreinte l'histoire, la lutte pour ce pouvoir ne cesse de grandir et le côté scandaleux du sexe s'efface petit à petit au profit de ce que Farmer a décrit dans ses romans: les relations psychosociologiques d'êtres différents.
Ici, tout s'organise autour de leaders, des villages sont construits, des guerres éclatent. La notion de groupe social est importante, comme dans la vie, d'ailleurs, et ces groupes se constituent rapidement selon la fonction de chacun et de ses aptitudes pour la survie et le développement du groupe. Une étude macroscopique très révélatrice, en fait. La science fiction de Farmer n'a jamais fait référence qu'à autre chose que nous-mêmes.
Ainsi, le monde du fleuve est une formidable expérience humaine, sociale, politique. Une idée remarquable.
Mais pour revenir à la phrase de Gérard Klein, si le premier volet est d'une extrême originalité, la suite s'enlise, comme si cette notion d'éternité n'avait de mémorable et d'éternel que pour les premières fois. En toute chose.
Et si vous aviez toute l'éternité devant vous, que feriez-vous ?
La conclusion de Manu B. à propos du Roman : Le Monde du fleuve #1 [1972]
A partir d'une idée originale, Philip José Farmer nous emmène dans un voyage aux confins de l'extraordinaire éternité en compagnie de personnages hors du commun.
Prix Hugo 1972
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