Critique Dans une galaxie près de chez vous 2 [2008]

Officiellement lancée à la fin des années 90, l'expédition du Romano Faffard, le vaisseau spatial qui porte en son sein à la fois les derniers espoirs de survie de l'humanité et un équipage de crétins, passe, faute d'édition DVD ou de diffusion TV, complètement inaperçu dans notre hexagone. Et pourtant ces aventures sidérales devraient nous intéresser puisqu'elles sont l'oeuvre de nos cousins d'Amérique à l'accent chantant, les québécois.
Au début série télévisée destinée à une audience jeune, Dans une galaxie près de vous a rapidement attiré devant le petit écran un public geek plus agé, pour finalement devenir un show TV totalement culte au pays des caribous, des chanteuses « brise-tympans » et du sirop d'érable. Tant et si bien que cette humble émission jeunesse figure aujourd"hui dans le patrimoine télévisuel québécois -une sorte d'équivalent de Kameloot version galactique - et a l'honneur de se voir décliner en une série de longs métrages, dont ce volet deux, récemment visionné par votre serviteur. Il faut dire que ce concept, créé par Claude Legault et Pierre-Yves Bernard, a de quoi séduire les fans de SF et de "potacheries" que nous sommes. Mélange détonnant d'éléments absurdes empruntés à Mel Brooks ou aux Monty Python, Dans une galaxie près de chez vous promène son humour potache et ses personnages débiles sur le même terrain que Galaxy Quest (qui s'en inspire probablement), H2G2 ou La folle histoire de l'espace. Comme ces célèbres comédies déjantées, ce space op' canadien cultive jusqu'à plus soif le référentiel, le déforme pour transformer des situations de Star Trek, Star Wars et autres grands standards du cinéma de science-fiction (sans compter les séries B comme Star Crash ) en des déchaînements parodiques bourrés de jeux de mots stupides et de clins d'oeil cinéphiliques... avec, cerise sur le gâteau, l'accent et le langage québécois en sus.

On sait que ce type de film requiert, pour être totalement efficace, des personnages haut en couleurs. Et c'est le cas dans Dans une galaxie près de chez vous avec un équipage qui semble sorte tout droit d'un institut spécialisé pour handicapés mentaux. Le plus réussi, et le plus en vue, est sans conteste possible le capitaine Patenaude (interprété de manière magistrale par Guy Jodoin) qui, avec son défaut de prononciation, sa mémoire défaillante dans le domaine des dictons ("Il est temps de prendre le taureau par les cornes parce que... euh... hum... par la queue il aime pas ça"), sa narcolepsie, sa solennité et son extravagant sens de l'honneur est un personnage tout simplement tordant. Mais les autres ne sont pas en reste, comme Serge, une version fauchée d'un borg de Star Trek ou Flavien, le navigateur extra-terrestre pacifiste.
Du coté du scénario, ce deuxième film prolonge les récits des quatre saisons de la série TV et du premier film. L'équipage du Romano Fff-Fff-Faffard est chargé d'explorer les confins de la galaxie pour y dénicher un nouvel havre pour l'humanité, avant que la pollution de la Terre ne mette un terme définitif à son existence. Dans leur quête, ils égarent leur sonde spatiale qui, suite à un choc avec un caribou (si, si, dans l'espace, il y a aussi des passages protégés pour les animaux) s'écrase sur une planète sauvage) baptisée sur le coup Crème hydratante pour le visage soulage la peau sèche - à force d'explorer des milliers de planètes, on finit par tomber en panne d'inspiration. Une fois descendus sur cette planète inhospitalière, les héros vont découvrir une population primitive et même involontairement arbitrer une guerre interplanétaire.

Autant le dire tout de suite; pour rigoler à la vision de Dans une galaxie près de vous 2, mieux vaut être amateur d'humour absurde et posséder de bonnes bases cinéphiliques (du moins, dans le domaine de la série B et du film de genre, connaître par coeur les films de Bergman ou de Kusturica ne vous servira pas à grand chose). Le film fourmille de gags loufoques. Evidemment, certains font long feu et d'autres tombent à plat, mais avec un tel débit comique, une certaine quantité de déchets était inévitable (l'accent canadien gène aussi parfois un peu la compréhension et certains gags font particulièrement appel à la culture québécoise, à la série TV, et sont donc un peu hermétiques pour les non initiés). Et même si l'on peut noter quelques chutes de rythme, le bilan reste largement positif et certaines situations sont vraiment très amusantes, ces véritables nigauds se mettant dans des situations impossibles (et surtout bien débiles).