Critique Lombres [2009]
Avis critique rédigé par Manu B. le samedi 11 octobre 2008 à 18h37
UnLondon (import)
Un Lun Dun, c'est la ville derrière le miroir, un endroit où les règles sont différentes. Une sorte d'anti-Londres.
Zanna et Deeba sont les meilleures amies du monde, deux jeunes filles de douze ans vivant à Londres leur vie de jeune écolière. D'abord, il y eut la rencontre avec ce renard les fixant des yeux avec incroyable intensité, et puis il y eut ce graffiti écrit "Zanna pour toujours". Le jour où, revenant de l'école, un étrange nuage noir et menaçant cerne ces Londoniennes les choses deviennent vraiment bizarres. Le père de Deeba, de retour de son travail heurte Beck, accompagnant Zanna et Deeba, à la faveur de ce brouillard sombre. Encore sous le choc, Zanna décide de rester dormir chez son amie. Tard dans la nuit, un crissement sur la vitre les réveille. Elles s'aperçoivent alors qu'il s'agit d'un parapluie cassé monté dieu sait comment à la fenêtre. Il part soudain dans la rue, décidant Zanna puis Deeba à le suivre dans la nuit noire jusqu'au sous-sol d'un bâtiment abandonné. Là, Zanna se sent poussée à enclencher le mécanisme du système de tuyauterie. La porte vers Un Lun Dun est ouverte...
China Miéville n'est plus un auteur qu'on présente. Révélé par le roman le roi des rats en 1998, nominé pour le Bram Stoker, c'est en 2001 qu'il a reçu sa première distinction avec Perdido Street Station, récompensé par le Arthur C. Clarke et le British Fantasy Society (Par ailleurs nominé pour le Word Fantasy et le Hugo, excusez du peu). Il a reçu depuis le British Fantasy Society en 2003 pour les scarifiés et le Arthur C. Clarke en 2005 pour le concile de fer. Son dernier roman est bizarrement une oeuvre jeunesse, ce qui n'a pas empêché Un Lun Dun de recevoir le Hugo dans cette catégorie. Alors, China Miéville serait-il un surdoué ?
A l'instar de Perdido Street Station, l'univers de Un Lun Dun est lui aussi d'une grande richesse. On y trouve de nombreux lieux hors du communs, peuplés de personnages attachants et de créatures imaginaires très étonnants. Vous y trouvez des bus volants, certains étant munis de pattes, des animaux de compagnie faits de déchets (Deeba adopte avec joie un carton de compagnie), des poubelles ninjas (les poubinjas), des girafes carnivores, des habitants des toits sans maisons en dessous, des fantômes et des demi-fantômes, des personnage en scaphandre, en costume de papier, des araignées miroir, des hommes-mots... Bref, une panoplie complète d'idées folles et qui prennent vie sous la plume de l'auteur Londonien pure souche.
Aucun doute là-dessus: Un Lun Dun puise son inspiration dans le folklore des contes anglais et l'histoire d'Alice au pays des merveilles, car comme dans l'oeuvre de Carroll Lewis, China Miéville s'amuse avec les mots avec le même sens de l'absurde, du jeu de mot, et des déformations syntaxiques. Comme dans le poème du Jabberwocky (de l'autre côté du miroir), on trouve les srac, les cars à l'envers. A Londres correspond donc dans ce monde UnLondon, aux umbrellas correspondent les unbrellas, au sun le unsun, au gun le Ungun, la Westminster abbey la Webminster abbey etc, etc. (Souhaitons dors et déjà bon courage au traducteur de ce roman)
Mais là où l'écrivain britannique prend ses distances avec l'oeuvre de Lewis, c'est sur le message de fond, où la pollution et la gestion de Londres tiennent un rôle majeur. Il y a une sorte de morale là où Alice au pays des merveilles n'est là que pour divertir la jeune Alice Liddell.
Il tord aussi définitivement le cou aux contes pour enfants où intervient la destinée extraordinaire et prophétique des jeunes héros (Par exemple, Harry Potter dont il botte les fesses magiques avec allégresse et jubilation).
Au final, on n'attendait pas là China Miéville, l'auteur au physique de bad boy, l'auteur très engagé, l'auteur de romans noirs et d'univers pessimistes, au style soigné et parfois percutant. Mais il est bel et bien ici avec talent, un endroit où la poésie de Neil Gaiman et son sens du merveilleux (Neverwhere et Coraline) sont légions.
La conclusion de Manu B. à propos du Roman : Lombres [2009]
Alice au pays des merveilles inspire décidément remarquablement les auteurs, car après Leçons du monde fluctuant de Jérôme Noirez, Un Lun Dun est un roman chaudement recommandable. China Miéville montre dans ce roman qu'il est un auteur hors normes.
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