Critique Royaumes d'ombre et de lumière [1972]
Avis critique rédigé par Manu B. le samedi 21 février 2009 à 14h13
Créatures d'ombre et de lumière
"L'homme, au soir de sa Millième Année, parcourt la Maison des Morts. Au cas où vous pourriez regarder l'immense salle dans laquelle il déambule, vous n'y distingueriez rien. Il y fait bien trop sombre pour des yeux humains..."
Dans un futur lointain, cette portion de la galaxie est le panthéon des dieux Egyptiens: il y a la Maison des Morts dirigée par Anubis, la Maison de la Vie dirigée par Osiris et les Mondes Intermédiaires où il reste quelques Anges. Dans la maison des Morts, c'est la millième année que le serviteur d'Anubis officie au chevet de son maître. Ça mérite d'improviser une petite fête: les Morts sont relevés, la musique s'élève, les danses des cadavres sont maladroites et les chants croassés par les gorges sclérosées sont grotesques. Et puis vient le cadeau. Le serviteur aura le droit de posséder un nom; pas le sien, parce qu'Anubis en a décidé, mais il portera celui de Wakim. Après une nouvelle épreuve pour prouver son allégeance au dieu à tête de chacal, Wakim se voit confier une mission d'importance cruciale: tuer le Prince Qui Fut Mille qui se trouve quelque part dans les Mondes Intermédiaires...
Paru pour la première fois en France en 1972, Royaumes d'ombre et de lumière est le second des romans rassemblé dans Seigneurs de lumière, dans la collection Lunes d'encre éditions Denoël, et il a subit lui aussi un bon coup de lifting. Préparez-vous parce que ce roman n'est pas l'un des plus simples à comprendre.
Le thème relatif aux dieux, aux mythes, à la religion est récurrent chez Roger Zelazny et si l'on devait faire un bilan à la fin de sa carrière, on constaterait probablement qu'il en aurait fait le tour, de manière explicite ou non, sur les quarante-deux romans et les deux cents trente cinq nouvelles que composent son oeuvre. Avec Royaumes d'ombre et de lumière, il explore principalement l'Egypte ancienne, ses légendes, ses dieux. On connaît le dieu à tête de chacal, le dieu à tête d'ibis, Rê, mais que connaît-on des histoires de cette mythologie ?
A dire vrai, il existe plusieurs cosmogonies (celles d'Héliopolis, d'Hermopolis, de Syène et de Thèbes) pour expliquer la création du monde et pour tisser les liens qui existent entre les différents dieux (Noun, Atoum, Ra, Shou, Tefnout, Geb, Anubis, Isis, Osiris, Seth, Horus, Thot) et leur représentation (Thot à tête d'ibis, Anubis à tête de chacal, Horus à tête de faucon, Apophis à tête de serpent...). Et dès qu'il s'agit de savoir qui est le père de qui, personne n'est d'accord. C'est un flou qui arrange bien les affaires de Roger Zelazny qui va pouvoir créer son univers sans risque d'entorse grave à la mythologie. Ici, il n'y a que Thot, Seth, Anubis, Osiris, Isis et Horus. Il y ajoute Typhon, le Minotaure et Cerbère (de la mythologie grecque), les Augures (de la Rome antique), les Nornes (de la mythologie nordique), le Général d'Acier et la Chose Qui N'a Pas de Nom.
Si l'histoire est relativement simple (le combat entre trois personnes: le Prince Qui fut Mille, Wakim et Horus), c'est à cause de la construction que le texte est nébuleux. Le lecteur est parfois obligé de revenir en arrière pour se remettre dans le contexte et pour se rappeler les ramifications filiales des protagonistes: la moitié des héros sont de la même famille, dont un qui est à la fois père et fils de la même personne (pareil pour l'autre) !
Et pourtant, Roger Zelazny arrive à nous sortir des scènes assez spectaculaires. On peut affirmer sans trop se tromper qu'il est un des auteurs les plus doués pour décrire les batailles de puissances cosmiques. La plus impressionnante est celle où deux combattants utilisent la fugue (voyage court dans le temps qui permet de prévoir à l'avance le coup qu'un adversaire s'apprête à donner). Son autre point fort est sa façon de raconter les légendes et les mythes. C'est quelque chose qu'il fait admirablement en administrant cette dose de poésie nécessaire et indispensable.
Une lecture comme celle-ci laisse perplexe, agacé par le côté foutraque, et enchanté par les images rémanentes et le murmure des mythes.
La conclusion de Manu B. à propos du Roman : Royaumes d'ombre et de lumière [1972]
Comme dans Seigneur de lumière, Royaumes d'ombre et de lumière est l'histoire d'un combat divin, cosmique, qui conduit au chaos et à la ruine. C'est une bataille entre des dieux égyptiens, et ils n'ont rien à envier aux dieux indiens. Un beau roman où Roger Zelazny ne fait pas de cadeau aux puissants dieux.
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