Critique Les rescapés du monde perdu [2010]

Avis critique rédigé par Nicolas L. le vendredi 19 mars 2010 à 12h06

The Island of Poor Lonesome Dinosaur

Sur une île "tropicale" perdue dans le multivers du triangle des Bermudes se morfond un tyrannosaure solitaire en CGI pourri. Pataugeant dans le pétrole puant, recevant en permanence sur la tête, à l'heure de la sieste, des petits cailloux lancés par des crétins de naufragés, le pauvre dinosaure mène une vie d'autant plus difficile qu'il a un mal fou à s'intégrer au décor, marchant souvent au dessus du sol et passant à travers les arbres. Difficile pour lui - et terriblement frustrant! -, dans ces conditions, de gober ces humains agaçant, surtout quand l'on en est réduit à claquer des mâchoires dans le vide.

Mais bon, monsieur T-Rex (ou madame, car l'on tombe, lors de l'exploration de l'île, sur quelques œufs de polystyrène) fait contre mauvaise fortune bon cœur. Il a appris à vivre en compagnie de ces ridicules bipèdes mammifères envahissants et gesticulants - l'équipage d'un sous-marin allemand, un pilote d'aéronavale et un capitaine de navire - et d'une nichée de ptérodactyles, les seuls êtres vivants de l'île (en plus de quelques mouettes que les machinos n'ont pas réussi à éloigner du plateau de tournage).

Quand ce train-train fait de courses-poursuites et de repas impromptus est soudainement brisé par l'arrivée de touristes américains!..

- Mais nous sommes dans le triangle des Bermudes! réalise en milieu de métrage, le regard soudain lumineux, le capitaine de ce yacht de croisière transportant deux couples de plaisanciers américains. Eureka! Il a fallu, pour que ce vieux loup de mer prenne conscience de ce fait évident, qu'ils rencontrent un ancien pilote disparu avec sa patrouille d'Avengers (la fameuse escadrille 19) en 1945. Pendant ce temps, un chippendale - reconverti en matelot pour l'occasion - a eu le temps de trépasser dans la mâchoire d'un ptérodactyle (ils sont décidemment très prisés, ces reptiles volants, dans les actuelles productions Asylum) et l'une des filles a été capturée par les allemands (elle était restée seule sur le yacht pendant que les autres exploraient l'île).

En compagnie de leurs nouveaux "amis" des temps passés (le capitaine est celui du Connemara IV, navire retrouvé dérivant, vide de ses passagers, en 1955. Personne ne pense, d'ailleurs, à lui demander ce que sont devenus ses compagnons), les naufragés vont alors tenter de libérer la blonde (la brune, moins conne, est restée avec les mecs). Les soldats nazis vivent près de la côte, dans une caverne, au milieu d'une tonne de matériel, récupéré dans le sous-marin. Malins, les héros effectuent une approche par l'arrière car les allemands, bien entendu, n'ont pas pensé à vérifier si la grotte possédait plusieurs entrées (c'est vrai, en même temps, ils ne sont sur l'île que depuis dix ans, n'est-ce pas?). Torche allumée, se faufilant au milieu de caisses de dynamite, on s'approche donc en catimini du camp ennemi. Personnellement, étant donné que les soldats allemands n'avaient plus touché une nana depuis des lustres, je m'attendais à assister, la langue pendante, à des démonstrations de sexe et de violence. Que nenni! En effet, non seulement la fille porte toujours sa robe mais, de plus, elle est en pleine forme, la coiffure toujours impeccable, mollement ligotée au fond de la grotte. Des véritables gentlemen, ces nazis! A moins que le führer n’ait eu l'idée de réunir des équipages de sous-mariniers gays.

Bref, pendant que les uns font diversion en réveillant une nouvelle fois ce pauvre T-Rex (Poc! Et un caillou sur la tête, un!), les autres libèrent la fille de ses liens. Mais le dinosaure, réellement exaspéré, se mêle à l'affaire, obligeant naufragés américains et allemands à coopérer. Les deux anciens robinsons, eux, ont déjà mis les voiles à bord du yacht - une idée qui n'est d'ailleurs pas venue à l'esprit de ces allemands lobotomisés. Des nazis décidemment bien bourrins puisqu’ils n'ont pas plus réalisé que l'île regorgeait d'un pétrole qui, après une petite transformation, pourrait faire un excellent carburant apte à relancer les machines de leur sous-marin. Heureusement que les ricains sont là pour le leur faire remarquer. Qu’ils sont forts ces américains !

Cependant, avant de quitter l'île, les humains, décidemment obstinés, ont décidé d'éliminer le T-Rex à grand renfort d'explosif. Le règlement de compte s'achève dans l'une des plus ridicules explosions numériques qu'il m'ait été donné de voir, lorsque le dinosaure avale une grenade en même temps que le copain de la blonde (supporter cette dinde devait lui devenir insupportable, c’est la seule explication pouvant justifier son comportement suicidaire).

Le film est réalisé par C. Thomas Howell, qui vit décidément une grande aventure culturelle avec les studios Asylum puisqu’après avoir adapté La guerre des mondes de Herbert George Wells (et même créé une hilarante séquelle dont je conseille le visionnage à tout fan de nanar digne de ce qualificatif), il s’attaque à un autre classique, Le sixième continent, immense best-seller écrit par Edgar Rice Burroughs. Là encore, l’adaptation est non seulement très libre mais également très cheap, avec un bestiaire ridiculement restreint et des inserts CGI moisis. Des défauts techniques qui finissent par devenir des atouts car transformant par moment ce film d’aventure SF en une comédie involontaire.

Plus surprenante est la qualité de l’interprétation, suffisamment bonne pour donner un aspect décalé à l’ensemble. On est presque interloqué par la conviction avec laquelle ces acteurs débitent des lignes de dialogue absolument ridicules ou banales. Le plus convaincant dans le registre du pastiche involontaire est probablement David Stevens qui, dans le rôle de Jude - le pilote de chasse -, nous déballe le catalogue du baroudeur de jungle, mais tous mettent une étonnante bonne volonté dans leur interprétation. De C. Thomas Howell qui, en plus de réaliser ce nanar, interprète le rôle principale à la mignonne star de la télévision Lindsey McKeon (Supernatural, Les frères Scott…), tous font des efforts inouïs (et vains) pour paraître crédibles. Pour un résultat souvent désopilant.

La conclusion de à propos du Film (Direct to Vidéo) : Les rescapés du monde perdu [2010]

Auteur Nicolas L.
20

Via le travail de l’acteur réalisateur C. Thomas Howell, les studios Asylum nous offrent avec Les rescapés du monde perdu une nouvelle perle de nanar. Dotée d’un budget dérisoire, cette adaptation du grand classique de Burroughs présente un bestiaire des plus restreints matérialisés par des CGI ultra cheap au cœur d’un scénario débile. A coté de cela, l’interprétation est plutôt satisfaisante et le casting (Timothy Bottoms, Lindsey McKeon, Darren Dalton…) fait tout ce qui est en son pouvoir pour paraître crédible. La vision de tels efforts contribue à nous proposer un spectacle encore plus désopilant.

On a aimé

  • Le comique involontaire propre aux nanars
  • L'interprétation dans son ensemble

On a moins bien aimé

  • Un scénario débile
  • Une réalisation sans relief
  • Des FX cheaps

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