Critique Bloodsilver [2006]
Avis critique rédigé par Manu B. le mardi 23 mars 2010 à 22h57
La ruée vers l'argent
"Appelez-moi le Grec. Il y a un an, je vivais sur l'île de Manhattan, parmi le peuple des Reckgawawacks, une tribu mohican. J'étais parmi eux depuis quinze heureuses années. En fait, depuis que les Hollandais m'avaient chassé. Des gens de foi, et qui voyaient en moi ce que dans ma langue on appelle un métèque..."
En 1691, ils sont arrivés sur l'île de Manhattan. Eux, ce sont les Broucolaques - les Brooks - venus du vieux continent pour trouver une terre d'asile. Mais ce ne sont pas des colons comme les autres. Avec leurs lunettes miroirs, les vêtements qui couvrent l'intégralité de leur peau et le foulard qui cache leurs dents acérées, ils ont besoin de sang pour survivre. Ils forment le Convoi et leur but est de traverser l'Amérique d'est en ouest.
Wayne Barrow n'est qu'un nom d'emprunt. Derrière ce peudo se cachent deux auteurs français de talent. Il n'en demeure que ces deux-là flirtent avec la transfiction depuis suffisamment longtemps pour qu'on les reconnaissent. Un secret de Polichinelle. Et ce sont là deux belles plumes et deux concentrés d'imagination aux commandes d'un roman à quatre mains très atypique, un cocktail idéal. Ils ont choisi les éditions Mnémos pour ce roman borderline, réédité dans la collection Folio SF édition Gallimard pour ce livre à la croisée des chemins de l'American Old West et des créatures de Dracula. Bloodsilver s'inscrit dans la vague des romans originaux, et cela lui a valu de gagner le Grand Prix de l'Imaginaire 2008, dans la catégorie roman français.
Des vampires. Des vampires sur le sol américain. Et depuis 1691. On ne nous aurait pas tout dit ?
Les auteurs (occultons Wayne Barrow) nous proposent ni plus ni moins de réécrire l'histoire de la conquête de l'ouest; les vampires en fil rouge. D'un certain point de vue, Bloodsilver est une uchronie, une revisitation de la ruée vers l'or. Mais ici, il s'agit de la ruée vers l'argent. Et tous ces héros et crapules se battent pour le métal blanc: c'est le seul métal nocif aux suceurs de sang (ce qui est expliqué de manière scientifique dans le texte).
Mais tout cela est secondaire parce que ce qui importe, ce sont ces histoires (imaginaires ou non) qui ont inspiré la plupart des films de westerns de notre enfance.
Billy the kid, Pat Garret, Lew Wallace, les frères Daltons (les vrais, pas ceux de la BD Lucky Luke), Doc Holliday, Cotton Mather, Wyatt Earp, la veuse Winchester et Mark Twain sont les acteurs de dans ces pages. Vous pourrez revivre les massacres de Wounded Knee, l'attaque de la First National Bank de Coffeyville, la fusillade d'OK Corral et la construction de célèbre Winchester Mystery House.
Entre autres.
Ceci dit, pour coller au genre, les auteurs ont pris des libertés avec l'Histoire et l'on rencontrera par exemple un Chupacabra (légende urbaine de 1992); la horde sauvage, Billy le Kid et les Daltons sont des chasseurs de Brooks et Mark Twain a créé Tuxedokid, un faux chasseur.
En fin de compte, retenons qu'il y a une certaine cohérence dans ce monde alternatif, où les vampires sont les moteurs d'une histoire qui retranscrit les autres atrocités de cette ruée vers l'argent: le massacre des peuples Sioux, Cheyennes, Hurons et autres peuplades, la scission entre le nord et le sud, la violence catalysée par la prolifération des armes à feu.
La conclusion de Manu B. à propos du Roman : Bloodsilver [2006]
Fresque s'étalant sur près de trois siècles, Bloodsilver retrace toute l'histoire des Etats-Unis d'Amérique: de sa naissance jusqu'à ce qu'elle s'impose sur l'échiquier géopolitique comme l'une des plus grandes puissances mondiales. C'est un roman très intéressant sur le plan historique mais relativement anecdotique pour ce qui est de l'aspect fantastique. Il est évident que là n'était pas le propos des auteurs.
Grand Prix de l'Imaginaire 2008.
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