Critique Les chroniques du dragon [2010]
Avis critique rédigé par Nicolas L. le mercredi 14 juillet 2010 à 17h47
En roumanie, ils n'ont pas que des vampires...
Après avoir massacré un mythe français (Vidocq) et ridiculisé un icône de comic books (Catwoman), Pitofest parti se faire oublier dans les Carpathes. Quatre années loin des plateaux, probablement à essayer de sa refaire une santé, et une force morale. Il faut dire que réussir à se griller en seulement trois années avec deux des plus importants cinémas du monde fut une sacrée gageure et sa réalisation releva presque de l’exploit. Donc, jusqu’en 2008 et la réalisation de ces Chroniques du dragon, l’on avait plus de nouvelle de Jean Comar, alias Pitof, prometteur concepteur d’effets visuels devenu triste réalisateur de navets.
Il aura fallu près de deux ans, d’ailleurs, pour que de la lointaine Roumanie dans laquelle il a été tourné, nous arrive en DVD ce conte d’héroic fantasy empruntant la plupart de ses idées à l’univers des Jeunes Royaumes (Donjons & Dragons). Le script raconte l’histoire d’un tranquille petit royaume ravagé par les exactions d’un dragon de feu. Son gentil roi, Augustin, est désarmé devant la puissance de la bête et envisage même de demander de l’aide à une puissance voisine, celle du cruel roi Quilok II. C’est alors que la princesse Luisa suggère à son père de faire appel à un Tueur de Dragons, le chevalier Alador. Cependant, il y a un problème, le chevalier Alador a été banni, il y a bien longtemps, pour trahison par le roi Quilok II. Et personne ne sait où il se cache aujourd’hui… Et si ça se trouve, il est mort…
Le scénario des Chroniques du dragon réunit tous les poncifs du genre à travers une intrigue naïve qui lorgne sans finesse vers le cinéma jeunesse. On y trouve donc un roi bon (neuneu) et généreux, un conseiller fourbe (seul le roi, bien entendu, ne remarque pas que son ami est en fait un fieffé félon), un voisin machiavélique et querelleur, un artefact magique (un œuf de dragon), une jolie princesse un brin farouche (moderne, quoi !), un brave aventurier style ranger dégourdi (et son fidèle et sage compagnon) et une reine volontaire et aimante. Bref, il est évident que si personnalité il y a dans ce film, elle ne vient pas de son écriture, qui propose une histoire linéaire et prévisible, sauf quand elle nous surprend par une incohérence. Ce qui est tout sauf rare.
En fait, la personnalité, on peut la trouver dans la réalisation. Ou plutôt dans le choix de la photographie. Au bout de cinq minutes, il n’y a pas de doute possible, Les chroniques du dragon est bien une œuvre de Pitof. Impossible de ne pas reconnaître dans ces déluges de couleurs criardes, ces alternances d'images surexposées et constratées et dans ces valses de caméra les horripilantes manies du « réalisateur ». Le résultat à l’écran est encore pire que dans Vidocq ou Catwoman car les limites budgétaires de cette production Media Pro apparaissent cruellement tout au long du récit, dans les costumes, les décors intérieurs et les incrustations CGI, avec un niveau qualitatif qui ne dépasse pas le niveau d’un épisode d’Hercule. Donc, au final, l’ensemble est absolument cheap mais aussi excessivement laid.
La vision de gardes en armures rouges vives pourries, agrémentés de liserais verts vifs, soumis à un photographie qui leur donne une allure de personnages de sentai peut, au choix, vous donner envie de vomir ou vous déclencher une irrésistible hilarité. Même constat quand l’on s’attarde sur les toilettes et coquetteries des protagonistes avec notamment un roi Quilock à la chevelure et au bouc teint comme un model d’un défilé Lagerfeld. Bref, du point de vue cosmétique, la vision des Chroniques du dragon est une expérience colorée, réalisé par un boulimique de la palette graphique et des philtres numériques mais absolument pas en phase avec le sujet traité, et surtout son univers (le medfan). On note aussi que, tout à ses préoccupations de barbouilleur schizophrène, Pitof oublie complètement l’essentiel de son art qui est de nous offrir du mirage via sa réalisation. Cela à comme désastreuse conséquence de nous jeter au visage les réalités du plateau, avec par exemple une scène d’attaque d’hommes-arbres où l’on voit très bien qu’il s’agit de figurants avec quelques branches mal coupées glissées dans leurs ceintures et leurs chemises ! Pathétique.
Bon, qui dit Chroniques du dragon dit dragon, non ? Rassurez-vous, il y a bien des dragons dans ce métrage. Quoiqu’ici, ils ressemblent plus à des raies Manta des cieux qu’à des reptiles volants. Enfin, mis à part leurs particularismes physiques un peu étranges, les créatures sont assez convaincantes, bénéficient d’une bonne modélisation et sont assez bien incrustées dans l’image. L’apparition du dragon de glace est d’ailleurs précédée de la séquence la plus réussie du film, avec un Sangimel (John Rhys-Davies) évoluant dans un décor de glace assumant bien son artificialité mais esthétiquement réussi. Par contre, si leur design et leur animation sont donc réussis, on n’en dira pas autant de leur attitude, et notamment de leur affrontement, qui consiste en un très long et franchement débile balai aérien.
Au niveau de la distribution, les spectateurs habitués à consommer de la série B reconnaitront quelques visages, certains bien connus comme ceux d’Arnold Vosloo, Amy Acker et John Rhys-Davies, d’autres un peu moins comme Tom Wisdom. Le reste du casting est composé d’acteurs roumains parmi lesquels je n’ai reconnu que Razcan Valilescu, qui interprète le traitre de l’histoire. Le niveau d’interprétation général est correct, parfois même assez séduisant (John Rhys-Davies) mais les personnages sont bien trop banals et sans nuance pour que l’on puisse ressentir autre chose qu’un brin de sympathie. Finalement, le seul qui se fait remarquer par un manque d’implication est Arnold Vosloo, dont le jeu apathique rend encore plus benêt un roi déjà pas gâté par le script.
La conclusion de Nicolas L. à propos du Téléfilm : Les chroniques du dragon [2010]
Bon, s’il fallait retenir quelques points positifs des Chroniques du dragon, on pourrait souligner qu’avec moins d’argent, Pitof na pas fait pire que sur Vidocq ou Catwoman et que le film se situe, qualitativement, au dessus d’un Donjons & Dragons II. Le problème, c’est que ces deux constatations sont les seules qui jouent en faveur du film qui n’a pas grand-chose à proposer à part un déballage de couleurs hideuses et quelques dragons un peu bizarres.
On a aimé
- Le design des dragons
- Quelques séquences esthétiquement intéressantes
On a moins bien aimé
- Un scénario banal et prévisible
- Une photographie hideuse
- Absence totale de cinégénie
- Un aspect cheap qui crève l’écran
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