Critique Le Serpent d'Angoisse [2010]

Avis critique rédigé par Nicolas W. le mardi 20 juillet 2010 à 00h53

Destroy the American dream !

"Il se souvenait des rafles dans les ghettos, des bataillons du Ku-Klux-Klan ratonnant les taudis, des immeubles en flammes par les fenêtres desquels sautaient des torches vivantes dont les corps continuaient à flamber bien après s'être écrasés à terre... Le racisme maladif des Amérikkkains avaient fini par tourner à la psychose. Trop de misérables dans les quartiers déshérités, trop de Noirs, trop de drogués, trop d'homosexuels... Beaucoup trop de révolutionnaires potentiels, et une violence omniprésente dont la montée ne semblait ne jamais vouloir finir."

Prix Rosny Aîné 1988

Dans une Amérique en plein chaos, Osterberg et Mankovicz  ont fondé la Telepathic Trips Organization (T.T.O) suite à une découverte majeure : le semen of gods. Ce dérivé du LSD s'avéra avoir une propriété incroyable, celle de rendre télépathe. Grâce à cette caractéristique et moyennant une certaine somme d'argent, les clients de la T.T.O peuvent accéder à un monde qu'on a entièrement conçu pour eux par l'intermédiaire d'un télépathe spécialement entraîné. Bien entendu, ce loisir se réserve à une élite alors que le quidam ordinaire ne peut qu'en rêver. Pourtant, tout s'apprête à changer quand un mystérieux individu assassine les riches vautrés dans leurs bulles psychiques et que dans le même temps, les ghettos s'enflamment. Le rêve américain pourra-t-il résister ?

Auteur du cycle Les Futurs mystères de Paris ou encore de La Poupée aux yeux morts, Roland C. Wagner fait partie de ces écrivains français incontournables. A ce titre, les éditions ActuSF ont choisi de rééditer une de ses novellas récompensées par le Prix Rosny Aîné. Sous la couverture de Caza se cache un récit court mêlant télépathie et fantasmes sur fond de révolution, le tout au pays de l'oncle Sam.

La novella est bâtîe sur une succession d'histoires entrelacées. Celle de la T.T.O d'abord et de ses responsables, télépathes et fondateurs, face à la catastrophe des assassinats de leurs clients. On trouve également un mystérieux individu pris au piège de cette psychosphère ou encore les rebondissements qui ont lieu dans le reste des Etats-Unis, opposant révolutionnaires et forces de police.  Le récit est nerveux, tout s'enchaîne assez rapidement en esquissant quelques excellentes idées comme le semen of god, une drogue qui permet au télépathe de se rendre dans le monde psychique pour le façonner à leur envie. Bref, un agréable divertissement jusque là.

Le gros problème de la novelle de Wagner, c'est la vision extrêmement réductrice et caricaturale qu'il y déploie, à peine sauvée par une fin légèrement plus ingénieuse. L'auteur reprend une situation simple : d'un côté les mauvais et méchants riches forcément décadents et de l'autre, les gentilles classes populaires opprimées. Pas de nuances entre les deux extrêmes, si bien que l'histoire s'embourbe dans une sorte de manichéisme ennuyeux et rébarbatif. Conséquence logique de ce défaut, les personnages s'avèrent être des clichés, mais pas assez pour gâcher l'ensemble du livre bien heureusement. Il aurait également été plus raisonnable de diminuer le nombre de protagonistes pour mieux les façonner et ainsi les rendre plus attachants aux yeux du lecteur...

En définitive, c'est réellement la composante de l'univers psychique et de tout ce qui gravite autour qui sauve la novella de Roland C. Wagner, ainsi que cette idée astucieuse de mettre en relation le rêve et la réalité.

"Guthar choisit alors l'action directe. Rassemblant ses forces, il plongea droit sur son adversaire, jaillissant d'une séquence molle dont les pseudopodes crémeux tendaient à s'unir à un univers île où grouillait une vie synthétique et parfaitement abjecte. Surpris par cette attaque à laquelle il ne s'attendait visiblement pas, le sauvage ne réagit pas assez rapidement. Guthar eut le temps de matérialiser autour de lui un fragment de pseudo-réalité  dont il n'avait que peu de chances de sortir."

Remerciements à Amandine V. pour la relecture

La conclusion de à propos du Roman : Le Serpent d'Angoisse [2010]

Auteur Nicolas W.
68

Le Serpent d'Angoisse apparait comme un récit bancal du fait de la vision caricaturale de son auteur. Pourtant, grâce à de nombreuses trouvailles, la novella s'en sort mieux qu'escompté de prime abord et constitue une histoire agréable, rythmée et divertissante.

On a aimé

  • Le style simple et efficace
  • Un rythme soutenu
  • L'idée du Semen of Gods
  • Les télépathes et la T.T.O

On a moins bien aimé

  • Un univers trop manichéen
  • Des personnages caricaturaux ...
  • ..et trop nombreux

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