Critique Les monstres de l'île en feu [1960]
Avis critique rédigé par Nicolas L. le samedi 20 novembre 2010 à 14h08
Duel sur l’île aux monstres
A partir de la deuxième moitié des années 50, le producteur d'émissions radiophoniques Irvin S. Yeaworth Jr. réalisa pour le compte de l'Universal une poignée de films de science-fiction à petit budget. Aujourd'hui, la plus célèbre de ces séries B reste sans doute Danger planétaire, alias The Blob, probablement parce qu'elle marquait les débuts d'une grande star hollywoodienne ; Steve McQueen. Et c'est deux ans après la sortie en drive-in de ce film culte mettant en scène l'illustre alien gélatineux que Yeaworth Jr. nous proposait une histoire de monstres préhistorique dans la plus pure tradition « Harryhausen Touch » : Dinosaurus !
Basé sur une idée du producteur Jack H. Harris et écrit avec les pieds, le scénario de Dinosaurus ! ne brille pas par la finesse de son intrigue et de ses dialogues. Pour résumer, disons que lors de la construction d'un port sur une île des Caraïbes, des minages dégagent les fossiles de deux grands dinosaures (un T-Rex et un brontosaure). Les dépouilles des animaux sont ramenées sur la plage quand, lors d'un orage, la foudre les tire de leur sommeil millénaire. Désormais ranimés, les monstres antédiluviens sèment la terreur, forçant la population à se regrouper dans un vieux fort situé sur une des hauteurs de l'île. A cela, rajoutez un maire de l'île acariâtre, une jeune femme en péril, un héros, un enfant et... un homme préhistorique !
En plus d'être totalement improbable, l'histoire de Dinosaurus ! est d'une naïveté qui tire souvent vers la stupidité (cf. la leçon de vie tirée par la disparition héroïque de l'homme des cavernes). Principalement, elle n'est qu'un prétexte à la mise en scène une série de confrontations entre de braves et sympathiques héros et des créatures animées en stop motion. Par contre, le coté disneyen ne doit pas être négligé, avec cet enfant adopté qui fait copain-copain avec le brontosaure et l'homme des cavernes. Un primitif qui se comporte d'ailleurs comme le comique de service quand il découvre les miracles de la modernité et les effets des masques de nuit sur le visage d'une ménagère.
Du coté des effets spéciaux, force est de reconnaitre que le travail de l'équipe de David Pal (le fils du célèbre George Pal) est loin d'égaler en qualité celui de Ray Harryhausen et le stop motion de Dinosaurus ! fait pale figure devant le Dynamation du Septième Voyage de Sinbad, réalisé pourtant deux ans plus tôt. Même la modélisation des monstres laisse à désirer, notamment celle du T-Rex, aussi impressionnant qu'une grosse peluche. Quand à l'homme des cavernes, la production comptait probablement sur le talent du comédien pour nous faire oublier le fait qu'il soit rasé de près et qu'il n'ait subi aucune pose de prothèses. Malheureusement pour eux, c'est raté.
Le climax du film consiste en un combat final entre le T-Rex et le héros, qui a grimpé dans un véhicule de chantier (oui, oui, comme dans Aliens). La scène, qui se déroule près d'une falaise, est en grande partie réalisée via une alternance de plans serrés sur le comédien et d'autres cadrant des miniatures, le tout avec un souci du raccord assez approximatif. Heureusement, la perfectibilité de l'ensemble est compensée par l'atmosphère fun qui se dégage de cette séquence, le spectateur ayant presque l'impression de visionner un cartoon ou d'assister à un spectacle de marionnettes.
Pour ce qui est de l'interprétation, si Kristina Hanson est bien agréable à regarder, force est d'admettre que son talent est proche du zéro absolu. Cela pourrait passer pour un détail négligeable s'il ne s'ajoutait au reste de la distribution, qui ne se montre guère plus inspiré. Ward Ramsey, à 36 ans, débute ici son assez courte carrière cinématographique, en étant aussi à l'aise dans la peau de Bart Thomson, le héros, qu'une poule qui a trouvé un couteau. A choisir, on lui préférera Wayne C. Treadway, qui incarne le bon vieux Dumpy, un débonnaire conducteur d'engins. Cependant, la performance la plus drôle (et la plus ridicule) revient cependant à Fred Engelberg, qui interprète l'antipathique monsieur Hacker en caricaturant un colon espagnol prétentieux (accent hispanique foireux à l'appui).
La conclusion de Nicolas L. à propos du Film : Les monstres de l'île en feu [1960]
Dinosaurus ! est une série B de piètre qualité qui ne vaut le coup d’œil que pour son aspect fun et ses rigolos (car très médiocres) effets spéciaux. Pur produit d’exploitation destiné à une projection en drive-in, le film de Yeaworth Jr. ne présente aussi plus grand intérêt, sauf pour les cinéphiles en quête de curiosités cheap et vintage.
On a aimé
- Une atmosphère fun
- Quelques séquences amusantes
- Une valeur cinéphilique
On a moins bien aimé
- Un scénario stupide
- Interprétation médiocre
- Effets spéciaux perfectibles (même pour l’époque)
Acheter le Film (non sorti en salles françaises) Les monstres de l'île en feu en un clic
Nous vous proposons de comparer les prix et les versions de Les monstres de l'île en feu sur Amazon, site de vente en ligne dans lequel vous pouvez avoir confiance.