Critique Druuna #2 [1987]

Avis critique rédigé par Nicolas L. le samedi 27 novembre 2010 à 19h33

Lewis stresse, Druuna trinque

Druuna est le second volet d'une œuvre conçue dés l'origine pour être un diptyque. Le seul changement effectué en cours de création concerna la distribution des rôles, la belle Druuna prenant finalement la place de personnage central, à la place du mutant Schastar.  Pour Paolo Eleuteri Serpieri, la réalisation de ce second tome était un défi de taille  tant le succès fut au rendez-vous, et l'effet de surprise passé, il lui fallait trouver d'autres armes pour satisfaire ses nouveaux fans. Et il commence de la plus abrupte des façons !...

Druuna débute en effet avec six pages de pur érotisme (à tendance pornographique). Si l'on peut constater  avec plaisir que Paolo Eleuteri Serpieri nous offre une Druuna encore plus belle que dans la tome un (la première planche, avec Druuna, nue, sortant des flots, est absolument magnifique), on peut s'étonner de  cette séquence onirique - puisqu'il s'agit d'un rêve dirigé - extrêmement racoleuse, d'autant plus que la nymphe y fait preuve d'une naïveté excessive à travers des dialogues  et des pensées à l'aspect fleur bleue un peu ridicule. On peut même craindre la séquelle opportuniste et putassière.

Heureusement, cela s'arrange par la suite. Enfin, disons que si le sexe reste bien présent, il  n'est pas envahissant et est toujours justifié par le déroulement des évènements (dans un univers sans loi, les bombes en string ne sont pas en sécurité) . On sait désormais que le monde de Druuna est en fait un gigantesque vaisseau dérivant dans l'espace, dont le fonctionnement est totalement automatisé. Dans cet opus, Druuna se voit confier une quête  par Lewis, l'intelligence humaine désincarnée dotée de pouvoirs télépathiques que l'on découvrait dans les dernières pages de Morbus GravisLewis arrive en effet à convaincre Druuna de partir à la recherche de Delta, une intelligence artificielle menaçant l'avenir du vaisseau... et donc de l'humanité. Hors, quand elle descend dans le « monde du milieu », elle remarque que la topologie des lieux a changé. On dirait même qu'elle change en permanence...

Durant son aventure, Druuna va faire d'étonnantes rencontres, découvrir quelques secrets de La Cité ( portant notamment sur la nature des prêtres), visiter l'étrange cellule 77, se faire un ami et, bien entendu, passer assez régulièrement à la casserole. Serpieri, à travers un scénario alternant scènes de sexe et passages gore, nous offre une intrigue finalement assez bien ficelée. Le récit est extrêmement violent, bien glauque, très gore et il nous offre une sacrée galerie de salopards pervers. Dans cet univers agonisant, tout ce qui y est innocent est rapidement souillé (comme la jeune Hale)  et la bonté n'est qu'une faiblesse qui peut couter la vie. Toutefois, le ton n'est pas aussi sombre que l'on pourrait le croire, Serpieri atténue un peu cette impression avec un second degré omniprésent et beaucoup d'humour noir.  Seul bémol : les textes (surtout les pensées de Druuna et les échanges télépathiques) apparaissent comme à la fois trop envahissant et parfois trop naïfs

Pour ce qui est des dessins, le maître fait encore dans le magnifique. Maitrisant toujours aussi bien la gestion des formes (à base de hachurés),  doté d'un sens de la dynamique absolument stupéfiant et nous proposant un flux de lecture exceptionnellement fluide, Serpieri nous offre non seulement un imagerie érotique impressionnante mais aussi des séquences vraiment fortes, comme le combat dans la cellule 77 ou le passage au-dessus de la fosse des mutants. Mélange corrompu de béton, de chair pervertie et d'acier,  l'univers de Druuna est un monde cauchemardesque (l'utilisation d'une palette rouge et noir pour la colorisation accentue cette sensation) en perpétuelle mutation. C'est bien simple, on reste autant scotché en admirant  les représentations de ces zones dévastées que les formes voluptueuses de Druuna

La conclusion de à propos de la Bande Dessinée : Druuna #2 [1987]

Auteur Nicolas L.
85

Avec cet album, Serpieri clos de belle manière la première aventure de Druuna. L’érotisme n’a pas encore cédé la place à la pornographie racoleuse des opus suivants, l’intrigue est bien ficelée et ne manque pas de petits messages, le scénario riche en passages gores et l’humour noir fait souvent sourire. Bref, on est presque devant un album parfait, d’autant que les dessins sont de pures merveilles. Seuls les textes (surtout les pensées de Druuna et les échanges télépathiques) apparaissent comme à la fois trop envahissant et parfois trop naïfs.

On a aimé

  • Un scénario cohérent Un univers sombre et corrompu bienressenti Des dessins toujours aussi superbes Du sexe, de la perversion, du sang

On a moins bien aimé

  • Des textes parfois envahissants et un peu légers

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