Critique Le Dit du Sang #1 [2009]

Près d'un millier d'années auparavant, le peuple du grand conquérant Acton envahit les Onze Domaines. Son peuple aux cheveux blonds remplaça les habitants légitimes, qui lorsqu'ils ne furent pas tués furent chassés de leurs maisons et envoyés sur les routes... Leurs descendants, appelés les Voyageurs, sont toujours l'objet de la haine et du mépris de ceux qui ont pris leur place... mais ce sont les seuls à avoir gardé, un peu, le contact avec la Nature et les Dieux...

Une multitude de destins s'entrecroisent dans ce livre, mais plus particulièrement trois d'entre eux :
Il y a Ronce, la petite-fille d'un Voyageur, à qui la vie sédentaire fait horreur et qui, par un concours de circonstances, tue un jeune noble. Elle est contrainte de s'enfuir mais, ce faisant, une chose étrange lui arrive, chamboulant alors son destin.
Il y a Frêne, le jeune Voyageur qui n'a aucun talent artistique, contrairement à ceux de son peuple. Il est alors placé en apprentissage chez une formatrice d'assassins... mais on va lui demander de faire ce qu'il n'est pas prêt à faire.
Il y a Epervier, le mage, descendant de Voyageurs également, qui a juré de redonner à son peuple sa juste place et qui n'hésitera pas pour cela à tuer tous les descendants des conquérants...

On suit leurs destins, qui cheminent jusqu'à leur rencontre, ou presque, à la fin du livre, mais le plus intéressant n'est pas là. Car ce qui aurait pu être une histoire de Fantasy banale se trouve, sous plusieurs aspects, sortir vraiment du lot.

L'univers, tout d'abord. S'il n'est pas des plus original (et manque même un peu de logique : après mille ans de cohabitation, que les Voyageurs et l'occupant ne se soient pas plus mélangés que ça n'est pas très crédible), il y a cependant, au niveau de la magie, des inventions assez intéressantes. Le système des pierres est bien trouvé, et surtout, l'idée de la "réanimation" des morts 3 jours après leur décès, associé à ces fantômes errant un peu partout, et que l'on peut plus ou moins voir, donne une ambiance particulièrement intéressante.

Mais c'est au niveau de la narration que vient l'innovation la plus marquante. Le style est certes agréable et facile à lire, mais surtout, l'auteur nous offre, quasiment entre chaque chapitre concernant l'un des personnages principaux, l'histoire d'un des personnages adjacents -parfois juste croisé- du chapitre précédent. Cela ajoute une sacrée profondeur à l'histoire, car ces personnages, que l'on ne reverra probablement pas, ont leurs propres buts, leur propre histoire, banale ou tragique, et cela éclaire souvent d'un jour nouveau leurs actions, qui n'avait été abordées auparavant que du point de vue du ou des personnages principaux.

On retiendra particulièrement la terrible histoire de la formatrice des assassins - très courte, mais particulièrement émouvante- , ou encore la triste histoire de la femme de l'éleveur de chevaux...