Critique Dinocroc vs. Supergator [2011]

Avis critique rédigé par Nicolas L. le vendredi 7 janvier 2011 à 18h57

Bimbos, monstres mutants et sucre glace

Hawaï; ses bimbos, son volcan, ses surfeurs, sa police d'état et, depuis peu, ses reptiles géants mutants qui foutent le bordel! En fait, depuis qu'un certain David Carradine s'est lassé de voir son argent gaspillé à faire pousser dans champignons "grands comme des immeubles de deux étages", trouvant probablement que, aussi colossaux soient-ils, ces humbles eukaryotes manquent trop de charisme pour faire le sujet d'un téléfilm de Roger Corman. Vous me direz, s’il ne s’agissait que de tester quelques sérums sur des créatures vivantes, les scientifiques auraient pu mener leurs expérimentations génétiques sur des animaux un peu moins redoutables, comme une quelconque race d'herbivore, histoire de mesurer un peu les risques, mais non, poussés par un financier jusqu'au-boutiste et vénal, ils ont choisi un alligator et un crocodile. En même temps, sans cette décision, le film n'aura pas pu répondre au délicieux titre de Dinocroc vs Supergator! Cela aura été dommage, avouons-le.

C'est un spécialiste qui le dit: l'ennemi mortel de l'alligator, c'est le crocodile. Ha bon. C'est sûr, si un alligator prend la peine de quitter son continent pour aller à la rencontre de son cousin africain, c'est forcément pour une bonne raison (ah, on me souffle dans l’oreillette que le crocodile américain vit en Amérique Centrale, bon, en même temps, pour un animal sédentaire comme l’alligator, ce n’est pas non plus la porte à coté). Et comme ces sauriens ne sont guère portés sur les effusions affectives… Bref, c'est en partant de ce postulat à haute valeur scientifique que les héros du film vont construire leur stratégie visant à éliminer les deux monstres qui sèment la panique dans l'île depuis qu’ils se sont échappés du laboratoire dans lequel ils ont été conçus. La solution privilégiée s'avère assez simple; attirer les deux créatures en un même lieu afin de les faire se confronter dans une lutte à mort. Reste à trouver une carotte, voire plusieurs, à leurs mettre sous les crocs, afin de guider leurs pas vers leur lieux de trépas (n’est pas ?). Heureusement pour la sauvegarde de l'humanité, Hawaï est riche en bimbos customisées et autres pétasses siliconées en bikini qui pourront parfaitement remplir cet office, d'autant plus que leur QI ne dépasse guère celui du légume précité. C'est loin d'être du produit bio mais bon, cela fera l'affaire...

Les héros de Dinocroc (on dirait un nom de marque de petit-déjeuner instantané pour gosses: « Buvez Dinocroc, et soyez solide comme un roc! ) vs Supergator - un espion du gouvernement, un succédané de Crocodile Dundee, une jolie fliquette en short et son papa shérif - sont des gens sympathiques et souriants (surtout la fliquette en short, en fait). A eux quatre, ils vont réussir non seulement à échapper aux crocs des monstres mais, en plus, les amener à s’entretuer. Pourtant, la partie est loin d’être facile, avec ces créatures goulues aux étonnantes capacités athlétiques (le Supergator galope comme un cheval et bondit comme un kangourou, ce qui ne manque pas de provoquer quelques situations cocasses) ; les sbires de Carradine qui leur mettent des bâtons dans les roues : les multitudes de faux raccords et un armement composé de flingues en plastique et de balles pixellisées (gros avantage de la munition numérique : l’aspect écologique, aucune douille n’étant éjectée de l’arme lors de son utilisation- à méditer, messieurs les militaires…).

Donc, le dinoc.., comment ? Ah, très bien, devant votre impatience, je stoppe deux minutes ma description du film car j’anticipe la question qui vous brule les lèvres : mais qu’est-ce donc qu’un dinocroc ? Et un supergator ? C’est sûr, si vous n’êtes pas un habitué des diffusions Syfy, ces espèces doivent vous sembler inconnues. En fait, tout est dans le nom, contraction vulgaris d’une terminologie latino-esbroufe longue comme une semaine sans nanar (du style Crocodylus niloticus coelurosauria, vous voyez?). Par déduction, un dinocroc est un donc tout simplement une créature hybride, mi-tyrannosaure, mi-crocodile, évoquant un peu Sobek en version naturiste (ne me demandez pas comment les scientifiques ont pu transformer un crocodile en cette chose juste avec des hormones de croissance). Comme le T-Rex, il adore courir après les 4x4 et démontre d’étonnantes capacités pour surgir discrétos dans votre dos. Un véritable ninja ! Le supergator, quand à lui, est nettement plus quelconque de par son physique mais nettement plus farceur. Il adore, par exemple, écraser les vans comme des pots de yaourt. Enfin, tous les deux ont un gout très prononcé pour la californienne en maillot deux pièces.

Maintenant que les présentations sont faites, revenons au cœur du sujet. Dinocroc et Supergator sont donc attirés vers un même lieu. En chemin, ils gobent tout ce qu’ils rencontrent, principalement des crétins, comme ce couple qui bronze au bord d’un superbe lagon et qui décide, d’un coup, d’aller se baigner dans une rivière où, bien sûr, se planque Supergator. Au final, après avoir semé la panique dans les rangs d'une excursion touristique et importuné les occupants d’un jacuzzi, les deux créatures vont finir par se retrouver coincés dans une vallée où est établie une usine de sucre glace (si, si !). Le combat est aussi bref que violent, le dinocroc finissant par démontrer sa supériorité dans le duel. Reste aux héros à se débarrasser de lui, ce qu’ils font faire en dynamitant une aile de l’usine. Pris dans le souffle de l’explosion, recouvert de sucre glace, le monstre expire misérablement. La honte…

Dinocroc vs Supergator est un film de Rob Robertson (quiiii ?) et Jim Wynorski. Ah, ok, lui, on connait ! C’est un pote de Fred Olen Ray et un élève de Roger Corman et, à partir de là, tout est dit. Jim Wynorski est ce genre de réalisateur ultra prolixe qui tourne comme l’on va à la selle, avec envie et souvent à la même heure. Une fois son devoir achevé, il a la même satisfaction du travail bien accompli et il se sent plus léger. Le mec a deux genres privilégiés, qui mettent tous deux à contributions des bimbos très légèrement (voire pas du tout) vêtues ; le film d’horreur débile et la comédie érotique débile. Parfois il réalise même des comédies d’horreur érotiques débiles, comme Witches of Breastwick. Pour ce qui est des monstres géants, Jim Wynorski avait depuis 2005 (KVC: Komodo vs Cobra) cédé la place à ses camarades de bac à sable Kevin O'Neill ou Bryan Clyde, préférant exercer son art sur les nanars à base de flics à gros seins (la série des Busty Cops). Personnellement, même si j’ai un profond respect pour la police, je ne suis finalement pas mécontent de le retrouver dans un genre qui me sied mieux, même si l’on peut regretter, au final, qu’il ne soit pas montré un peu plus fripon et que n’apparait pas dans ce métrage le fleuron de son harem (comme Angelina Ash ou Tanya James).

En fait, si le film est assurément débile, il est plutôt sympa à visionner. C’est ça, la magie Wynorski ! Il y a toujours un moment où une réplique, l’agissement d’un monstre, la réaction d’un protagoniste, va déclencher l’hilarité du spectateur. De plus, les très nombreux effets spéciaux numériques, même si le réalisateur et Tony Randel (délégué au montage) se moquent des faux raccords comme de leurs premières dents, affichent un niveau de qualité tout à fait respectable (si l’on tient compte du budget, bien entendu). Dinocroc vs Supergator affichant un niveau de modélisation très correct et des incrustations tout à fait passables, le studio de Ryan P. Wilson fait ici beaucoup mieux que ces confrères des pays de l’est, qui sont en général les responsables des FX des téléfilms diffusés sur Syfy Universal. Jim Wynorski ose même un passage très gore, où une jeune femme se retrouve coupée en deux, sa partie inférieure finissant dans la gueule du dinocroc et le reste dans les bras de son amie. Cela n’atteint pas la qualité de la scène équivalente vue dans Piranha 3D mais cela fournit son effet. A noter l’amusante musique de Chuck Cirino, qui fait dans l’ambiance série B italienne des années 80 (on s’attend à voir surgir Bud Spencer et Terence Hill à chaque coin de forêt).

Pour ce qui est du casting, la pépé à l’étoile de sheriff se nomme Amy Rasimas. Elle n’entre pas du tout dans les canons physiques privilégiés par Jim Wynorski. C’est une petite blondinette aux gambettes un peu maigrichonnes mais au joli visage expressif, avec une belle étincelle de malice dans le regard. Au final, elle s’en sort très bien. Le reste du casting féminin fait dans la bimbo (plus ou moins défraichie) privée de tout talent d’interprétation. Cela n’est pas bien grave pour celles qui ne servent que de friandises pour les monstres, cela est plus gênant quand elles jouent des impitoyables tueuses professionnelles (Aurelia Scheppers) ou les scientifiques (« l’expérimentée » Delia Sheppard). Pour ce qui est de la gente masculine, aux cotés de la guest-star David Carradine (Dinocroc vs Supergator est l’un de ses tous derniers films), on peut découvrir un trio de comédiens peu remarquables – James C. Burns, John Callahan, Rib Hillis -, le plus intéressant étant Rib Hillis (Oh?, Rib Hillis?), non pas par la valeur de sa performance mais parce qu’il est ridicule dans sa panoplie de Crocodile Dundee (d'ailleurs, son personnage se nomme Bob Logan, dit le cajun, le genre du type qui s’ouvre les veines dans le bayou pour attirer les alligators).

La conclusion de à propos du Téléfilm : Dinocroc vs. Supergator [2011]

Auteur Nicolas L.
40

Réalisé par un spécialiste du genre, Dinocroc vs Supergator est un nanar vraiment regardable. L’ambiance est plutôt fun, l’héroïne assez rigolote, les monstres débiles et plutôt bien foutus. Le scénario est absolument inepte, c’est sûr, et il est difficile de considérer le film de Jim Wynorski comme autre chose qu’une plaisanterie puérile, mais personnellement, l’objectif principal visé par cette production Corman – le divertissement – est atteint.

On a aimé

  • Un nanar amusant
  • Des effets spéciaux corrects
  • Un concept délirant
  • Des filles en bikini
  • Un peu de gore

On a moins bien aimé

  • Un scénario débile…
  • Avec des personnages débiles…
  • Des monstres débiles…
  • Bref, un film débile.

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