Critique Une Affaire de Famille #1 [2006]

"Dix heures et demie avant qu'un chevalier monté sur un destrier et armé d'une mitraillette n'essaye de la tuer, Miriam Beckstein, journaliste spécialisée en techno, perdit son job. Avant la fin de la journée, sa lettre de licenciement allait entraîner une série d'événements qui conduiraient à la chute de gouvernements, déclencheraient des guerres civiles, et provoqueraient la mort de milliers de personnes..."

Miriam Beckstein est une jeune journaliste spécialisée dans les intrigues éco-industrielles. Avec sa collègue des archives, elle met le doigt sur une grosse affaire qui risque de tourner au scandale si son article est publié. Les choses ne se déroulent pas comme elle voudrait puisque quelques minutes après être passée dans le bureau du boss, elle est tout simplement virée. De visite chez sa mère adotive, elle reçoit un médaillon qui avait été trouvé sur le corps de sa mère naturelle décédée. C'est en fixant un soir le médaillon qu'elle éprouve un sentiment étrange et se retrouve dans un pays totalement étranger au sien. Sa deuxième exploration lui montre un monde médiéval, auquel, elle comprendra un peu plus tard, elle appartient. Elle fait même partie de la haute noblesse...

Une Affaire de Famille est le premier roman de Charles Stross de la série des Princes Marchands commencée en 2004, en même temps que celle du Bureau des Atrocités, et juste après ses deux premiers romans publiés en 2003: Crépuscule d'Acier et Aube d'Acier. Il a une curieuse façon d'écrire de la fantasy en ne respectant aucun des codes habituels du genre.

Le film Le parrain a cette fois-ci inspiré un auteur de science-fiction. Charles Stross ne veut pas s'enfermer dans un genre. Après Le Bureau des Atrocités qui s'apparente à l'horreur, Accelerando à la hard-science, Crépuscule d'Acier au space opera, Une Affaire de Famille joue la partition de la fantasy. Sauf que cette fantasy (disons plutôt le médiéval fantastique, mélange à la louche des aventures d'Alexandre Dumas Père et des intrigues de cour du Trône de Fer) n'est pas vraiment de la fantasy. L'héroïne a la capacité de voyager entre les mondes - entre deux mondes.
Le premier est celui que nous connaissons tous et le second est le même à ceci près que son évolution aussi bien sociologique que technologique s'est figée trois siècles en arrière.
A l'intérieur de ce dernier, il n'y a qu'une poignée de personnes capables de naviguer entre les mondes. Ils appartiennent au Clan. Du Clan à la Cosa Nostra il n'y a qu'un pas. Ces gens peuvent facilement faire affaire entre les mondes et sont donc très riches et puissants. Miriam est donc confrontée à ce Milieu mais Victorien. Un mélange étrange dans lequel une femme intelligente peut encore se débrouiller... si elle sait manier les armes à feu.

Comme avec Crépuscule d'Acier, Charles Stross ne s'embarrasse pas d'une écriture ciselée. Il mise tout sur l'intrigue et les personnages de caractère. Miriam est une femme de notre siècle, indépendante et qui sait ce qu'elle veut. Elle devient inévitablement incontrôlable si on la force à jouer la bonne épouse sans son accord. D'où rebondissements. CQFD.