Critique Reines et dragons [2012]
Avis critique rédigé par Manu B. le vendredi 29 juin 2012 à 20h22
Reines et dragons
"Drégonjon, Drégonjon, viens nous secourir!
Le cri vient d'une mignonne Elfrie menue,
Drégonjon, Drégonjon, viens nous secourir!
Une toute mince Elfrie rouge, éperdue,
Drégonjon, Drégonjon, viens nous secourir!
S'enfle son cri, douloureux, désespéré..."
Comme à son habitude, le festival des Imaginales d'Epinal se dote de son anthologie. Le thème cette année nous replonge dans la fantasy pure et dure, en associant notamment les dragons, ces figures mythiques, aux reines. Chaque auteur à sa manière intègre son univers au thème dans des histoires qui glissent du conte féerique à la légende plus sombre. Au menu: Chantal Robillard Le Dit du Drégonjon et de son Elfrie, Thomas Geha Chuchoteurs du dragon, Adrien Tomas Ophëa, Anne Fakhouri Au cœur du Dragon, Justine Niogret La Grande déesse de fer de la miséricorde, Pierre Bordage Morflam, Charlotte Bousquet Azr'Khila, Vincent Gessler Où vont les reines, Erik Wietzel Le Monstre de Westerham, Mathieu Gaborit Under a Lilac Tree, Nathalie Dau Cet œil brillant qui la fixait et Mélanie Fazi Les Sœurs de la Tarasque.
C'est en poésie que l'on débute l'anthologie. Chantal Robillard oblige le lecteur à être attentif du fait de la forme originale de son texte. Il s’agit d’un long poème décrivant la détresse de petites Elfries que d'affreux Elfreux agressent et qui quêtent l'aide d'un dragon. Sur un mode plutôt humoristique, la nouvelle s'avère néanmoins un peu déstabilisante, puisque de morale il n'y a point.
La nouvelle de Thomas Geha relève plutôt conte médiéval et fantastique. La reine est choisie par le Dragon et doit le servir, sans jamais l'avoir vu, pour protéger son peuple. Sauf que le garant de cette tradition cache un secret honteux. Si le schéma est assez classique, la fin est plutôt bien vue.
Le premier coup de coeur de cette anthologie est le texte d'Adrien Tomas. Lui aussi est classique dans son approche. La reine vient de perdre son époux, tué par un dragon. Ce dernier menace le royaume de l'extérieur tandis que les complots se multiplient à l'intérieur par des courtisans avides de débarrasser la reine de tous ses pouvoirs. Classique, sauf la chute qui a de quoi surprendre.
Dans la nouvelle d'Anne Fakhouri, les dragons ne sont pas si dangereux. Le peuple qui le côtoie s'approche même des nids pour les nettoyer. Ses enfants y puisent des pierres précieuses qu'ils vendent aux marchands et y gagnent un nom dans cette épreuve. Deux jeunes orphelins arrivent à l'aube de la journée la plus importante de leur vie. Une jolie histoire sur le lien étroit entre un dragon et un être humain.
Justine Niogret a l'habitude de malmener ses personnages. Ici, elle en fait de complets anti-héros, adepte du non-sens et de l'argot. Une Reine limite vulgaire qui recherche une baleine et un dragon un peu faible. L'ensemble manque forcément de sens.
Dans le texte de Pierre Bordage, la Reine est méchante et le dragon est la source de sa rédemption. Elle est pourtant forcée de partir à sa recherche pour éviter à son royaume d'être rayé de la carte et son peuple d'être exterminé. Un feu purificateur à tous les niveaux.
La nouvelle de Charlotte Bousquet est aussi belle qu'étrange. Une vieille femme, épargnée lors du massacre de sa tribu, se lève et marche, en compagnie de sa chèvre, en direction de la ville des barbares qui ont exterminé son peuple. Quasi onirique.
Pour Vincent Gessler, le destin des reines et des dragons sont liés par un secret: au moment de donner un naissance à son enfant la jeune reine doit partir au pays des dragons pour combattre et ramener un trophée, la griffe ou la dent des énormes monstres. Une épreuve aussi mystérieuse qu'utile.
Le lien entre dragon et reines est encore plus étroit dans le texte d'Erik Wietzel. Une reine est chassée du pouvoir par un peuple peu reconnaissant. Pendant ce temps, un dragon mâle part en quête d'un trophée pour épater son clan. Il a la forme d'un crâne humain. Ces deux là sont faits pour se rencontrer pour le meilleur ou pour le pire. La trahison n'a pas de visage.
Il fallait bien que la fantasy urbaine s'invite dans cette anthologie. Dans la nouvelle de Mathieu Gaborit, la rencontre entre le dragon et la reine se fait dans notre quotidien, à Paris. Et elle promet d'être explosive. Un joli texte.
Plus qu'un écrivain, Nathalie Dau est une conteuse. Son texte, s'il est un conte, n'est pas pour autant que myalgique, il est le plus sombre de ce recueil. Gwendolyn est la jeune princesse destinée à servir le royaume face à la menace du dragon. Malheureusement, elle doit pour cela subir une affreuse métamorphose. Sur fond d'histoire d'amour, bien entendu.
Pour finir, on glisse avec Mélanie Fazi dans le fantastique. L'héroïne réside avec quelques consoeurs dans un établissement secret et mystérieux qui voue un culte à l'Avatar. Chacune espère devenir l'élue. Ou presque toutes. Qui est l'Avatar et quel sera le rôle de l'élue ? On sent l'ombre de Lovecraft planer tout au long de ce texte.
La conclusion de Manu B. à propos du Roman : Reines et dragons [2012]
Du bon et du très bon. Quelques surprises aussi. Cette antholgie 2012 des Imaginales est un bon cru, où l'on retrouve à la fois habitués et nouveaux.
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