Critique Le Projet Philadelphia, l'expérience interdite [2013]
Avis critique rédigé par Nicolas L. le jeudi 20 décembre 2012 à 23h56
Dites, vous n'auriez pas vu un destroyer?
Selon certaines sources (officieuses, bien entendu), durant les années 30 et 40, les services scientifiques de la Navy auraient dirigé un département de recherches travaillant sur l’invisibilité, dans le but de rendre la flotte indétectable au radar. Le «climax» de cette série d’expériences baptisée Rainbow Project fut, parait-il, atteint en octobre 1943 lorsque le destroyer USS Eldridge disparut bel et bien pendant plusieurs minutes, pour se voir brièvement téléporté de la baie du Delaware ą Norfolk, en Virginie! Malheureusement, si l’expérience (qui pris le nom d’Expérience de Philadelphie) pouvait, sur le plan technique, être considérée comme une réussite, il en fut autrement pour l’équipage du navire. En effet, toujours selon les mêmes sources, nombre de marins survivants auraient perdu la raison, certains auraient disparu sans laisser de traces et, encore plus incroyable, d’autres auraient vu leur corps fusionner avec les parois et les ponts du bateau.
Ce qui peut raisonnablement être considéré comme une légende urbaine (selon divers rapports, le USS Eldridge ne se trouvait même pas dans la zone durant cette période) s’est fait connaître du grand public en 1984, avec Philadelphia Experiment, un film de SF réalisé par Stewart Raffill. On y suivait l’histoire de deux marins de l’USS Eldridge (interprétés par Michael Paré et Bobby Di Cicco) qui, après avoir été piégés dans une distorsion de l’espace-temps, se retrouvaient transporté dans les années 80. Le métrage, qui proposait une interprétation assez sympathique (et plutôt ludique) de l’expérience connut un bon succès (mérité) dans les salles et les vidéoclubs. Nancy Allen récolta même un Saturn Award pour la qualité de son interprétation dans le premier rôle féminin. Une séquelle, totalement oubliable, sera tournée en 1993.
Il aura donc fallu attendre vingt ans pour entendre reparler de l’expérience de Philadelphie (même si la série X-Files y fait référence lors d’un de ses épisodes). Le soucis, c’est apprendre que cette nouvelle mouture est produite par CineTel Films, une société canadienne réputée pour son prestigieux catalogue de bouses, qui, de plus, a confié la réalisation à Paul Ziller, bien connue des amateurs de nanars pour ses multiples (il réalise comme d’autres vont aux toilettes) contributions au genre, et pas les plus anodines (rappelez-vous les surréalistes Stonehenge Apocalypse ou Ghost Storm !). Bref, tout ne s’annonçait pas sous les meilleurs auspices. Et j’aurai aimé dire que l’on se trompait sur toute la ligne. Hélas…
En entamant son récit à notre époque, le film débute par une petite surprise. On y voit un agent du gouvernement (Scully version bombshell de porno hongrois) et un scientifique incarné par le loup-garou de Sanctuary (Ryan Robbins) assister à une expérience visant à rendre invisible une… berline de luxe ! Le test, qui se déroule dans de grandes gerbes d’éclairs magnétique à faire pâlir Tesla de jalousie, se déroule parfaitement, mais avec des conséquences inattendues. En effet, obéissant à un phénomène physique que scénaristes - et acteurs - à travers une incohérente bouillie verbale, auront le plus grand mal à nous expliquer, le destroyer USS Eldridge, sur lequel était effectué la même expérience en 1943 se voit transporté à notre époque via un maelstrom spatio-temporel et atterrit (ou plutôt, tombe comme une merde) sur une piste d’aérodrome, en Virginie. Seul rescapé de ce phénomène (pourquoi ? Aucune idée), le lieutenant Bill Gardener se retrouve paumé dans sa ville d’origine mais quarante ans plus tard. Un concours de circonstances bien pratique car il va permettre au héros de rencontrer sa petite-fille. Par contre, on ne nous dit pas si la voiture se retrouve téléportée dans les années 40, ou à l’époque romaine, qui sait... Une idée de séquelle ?
Cependant, contrairement à ce que l’on aurait pu le penser, la star du film n’est pas Nicholas Lea (qui a pris quelques kilos depuis son rôle de Krycek) dans la peau du naufragé du temps, mais bel et bien le bateau qui, après avoir occupé une piste d’aéroport, se téléporte de nouveau pour tomber, cette fois-ci, sur une tour de Chicago. On reconnaît bien là le goût de Paul Ziller, lui qui avait transformé le site de Stonehenge en antenne extra-terrestre, pour la démesure et le ridicule. Et ce n’est pas tout ! Sachez que le gouvernement est prêt à tout pour cacher au grand public leurs expériences (ils ont du mal à réaliser qu’un destroyer planté sur le sommet d’un building a peu de chance de passer pour une guirlande électrique) et ils lancent l’élite de leurs effectifs sur les traces du lieutenant, de sa famille et du scientifique (sans compter l’aviation, des missiles nucléaires etc.) pour une sorte de road movie abracadabrant dans lequel Malcolm McDowell joue sa guest star. Une décision qui a aussi un autre intérêt: celui de voir Michael Paré rendosser enfin un rôle de méchant, puisqu’il incarne l’un des nettoyeurs de la CIA. Dommage que son personnage soit une brute épaisse et un crétin congénital.
Les effets spéciaux, eux, sont absolument pourris. Normal, c’est du CineTel. Seul l’USS Eldridge ressemble à quelque chose de correct. Le reste n’est explosion de pixels moisis et modélisation à la pelle à tarte. On se croirait revenu dans les années 90, devant un jeu Amiga 500 ou Atari ST. Ce n’est plus une question de budget, il s’agit bel et bien de fumisterie. De plus, production télévisuelle oblige, le film se montre graphiquement très sobre et totalement dénué d’humour noir. Donc, si vous pensez pouvoir compenser la médiocrité des effets spéciaux et la stupidité du scénario par la vision de quelques plans horrifiques et un ton décalé, il va falloir repasser.
La conclusion de Nicolas L. à propos du Film (Direct to Vidéo) : Le Projet Philadelphia, l'expérience interdite [2013]
Proposer une relecture de l’Expérience de Philadelphie paraissait être une assez bonne idée. Encore eut-il fallu que son développement ne soit pas confié à des fumistes comme CineTel Films et Paul Ziller. Au final, le métrage se pose comme un téléfilm débile, aux effets spéciaux moisis et au traitement vraiment trop sérieux pour être sympathique. Restent quelques séquences qui peuvent faire sourire par leurs aspects surréalistes.
On a aimé
- Quelques séquences amusantes
- Le thème de départ
On a moins bien aimé
- Scénario débile
- Réalisation sans relief
- Effets spéciaux moisis
- Personnages sans intérêt
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