Critique Once Upon a Time [2011]

Avis critique rédigé par André C. le samedi 4 mai 2013 à 11h29

Bienvenu à Conte de Fée City

Alors que la fin de Lost est encore sujet à débat, on commence encore à en ressentir les effets secondaires. D'un côté, nous avons les séries qui tentent de remplir le créneau du "show avec un grand mystère à la clé", mais qui se succèdent et peinent à convaincre (The Event, FlashForward, Alcatraz), de l'autre, celles qui déclinent le format de Lost, avec sa narration en flashback, mais dont la viabilité est encore à prouver. En effet, si cette forme de narration permet d'étirer à volonté un feuilleton en l'adaptant artificiellement à une structure épisodique, est-elle vraiment convaincante pour tenir sur la longueur ?

Pour rappel, Lost raconte les aventures des survivants d'un crash d'avion sur une île mystérieuse. Alors que le moment présent de la série nous narre les découvertes et autres péripéties de ces survivants, chaque épisode se focalise sur l'un d'eux et, via des flashbacks, nous révèle les événements l'ayant conduit à prendre ce vol. Cette structure a quelque peu agacé certains, car en raison d'une absence de lien entre de nombreux personnages et les mystères de l'île, moult épisodes relèvent d'un intérêt relatif. Néanmoins, cette narration prouve la possibilité de débiter les révélations au compte-gouttes (un téléspectateur lambda peut très bien rater un ou deux épisodes sans se voir submerger par une tonne d'informations à rattraper lorsqu'il tente de reprendre le récit en cours) tout en accordant une attention toute particulière aux personnages.

A priori, le point de départ de Once Upon a Time s'affiche à mille lieux de Lost. Ici, nous retrouvons d'un côté Emma Swan (Jennifer Morrison), une jeune femme indépendante proche de la trentaine qui se découvre un petit garçon de dix ans, Henry, qu'elle avait laissé à l'adoption. Celui-ci la convainc de venir avec lui à Storybrooke, une petite bourgade. De l'autre côté, dans l'univers des contes de fées, Blanche-Neige et son Prince Charmant cherchent un moyen de sauver leur fille des griffes de la méchante Reine. La relation entre ses deux récits ne se fait pas attendre longtemps : Henry essaie de persuader Emma qu'elle est la fille de Blanche-Neige et du Prince Charmant, et que Storybrooke est en fait le lieu où tout les personnages des contes de fée se sont regroupés, tous amnésiques suite à un sort jeté par la Reine. Celle-ci ne serait autre que sa mère adoptive, Régina (Lana Parrilla, maléfique à souhait), qui se trouve être aussi le Maire de la communauté.

Sur bien des aspects, Once Upon a Time apparaît néanmoins comme une variante de Lost : les deux temporalités du récit entretiennent finalement des liens étroits, explicités par des flashbacks dans les deux cas. Ce qui n'est pas un hasard, les créateurs n'étant autre que deux des producteurs et scénaristes de la précédente série à succès, Adam Horowitz et Edward Kitsis. Au premier abord, les auteurs semblent se contenter de remplacer les mystères de l'île par la malédiction de Storybrooke. La variante est astucieuse, peut-être plus réductrice mais susceptible d'attiser notre curiosité : cette fois, les personnages sont amnésiques, donc les flashbacks deviennent notre seul moyen pour connaître leur véritable nature et donc les raisons de leur présence dans la bourgade. Par conséquent, si dans Lost, on pouvait passer du thriller à la comédie, au gré passif des personnages, dans Once Upon a Time, on se limite à la simple fantasy, même dans le moment "présent" où quelques actions tentent d'insinuer qu'il y a de la "magie dans l'air".

En outre, la série repose également sur le postulat alléchant d'une relecture de ces mêmes contes. Ici, il ne s'agit pas d'une énième version de ses récits populaires. En fait, sur un concept qui aurait pu faire de Once Upon A Time une énième anthologie (un épisode = un conte), la série s'en éloigne pour tendre vers une optique plus ambitieuse. En partant d'une relecture écartée des clichés habituels, la création de Horowitz et Kitsis nous propose un univers entier où la magie existe  : un des sept Nains de Blanche-Neige a eut une liaison avec une fée, on apprend la nature des relations du fameux Miroir et de la Reine et même le mythe du Chaperon Rouge et du Grand Méchant Loup va lorgner du côté de la lycanthropie.

Mais tout ceci prend forme une fois passé un tiers de saison consacré aux disputes entre Emma et Regina. Si le rôle de Henry est la colonne vertébrale sur laquelle repose le show, d'autres intrigues plus intéressantes ont lieu à Storybrooke. Les scénaristes ont la bonne idée de s'écarter de ce premier fil rouge Emma/Regina qui devient très vite redondant au profit des autres habitants de la bourgade. C'est à ce moment là que Once Upon a Time prend toute sa dimension. La galerie des personnages s'agrandit, au point que beaucoup volent la vedette à Emma. Jennifer Morrison a beau jouer l'élément clé de l'histoire (elle est censée briser la malédiction de Storybrooke), difficile de ne pas se faire distancer par Robert Carlyle (The Full Monty, Stargate Universe, 28 semaines plus tard) qui s'éclate en Tracassin (ou en Rumplestiltskin en VO), Lana Parrilla dont le rôle de Reine est plus complexe que prévu et même Jennifer Goodwin, a priori fade (l'innocente Blanche-Neige, c'est elle), surprend quand son personnage doit démontrer une force de caractère.

Ceci dit, il convient de rappeler un fait troublant. Lors du lancement de la série, les lecteurs du comics Fables ont mis en avant un nombre important de similitudes entre le comics et la série. Il faut dire que la chaîne ABC, qui diffuse Once Upon a Time, avait en projet d'adapter la bande dessinée en série télé. Fables raconte effectivement les aventures de personnages de conte de fée dans le monde moderne et c'est l'enquête d'un inspecteur de police qui le révèle. L'auteur préfère parler de "contexte où les folklores étaient dans l'air du temps".  Les différences étant suffisamment nombreuses (ils ne sont pas amnésiques, par exemple), on préfère dire que Fables peut être perçu comme une des références de Once Upon a Time.

La conclusion de à propos de la Série Télé : Once Upon a Time [2011]

Auteur André C.
65

Mis à part les bémols que l'on peut noter concernant le lancement tardif des intrigues annexes, Once Upon a Time réussit à tenir gentiment en haleine et nous propose une galerie de personnages charismatiques et intéressants, puisque moins manichéens que prévu. L'air de rien, la série est suffisamment prenante pour que l'on s'attache à l'univers et aux destins des habitants de Storybrooke. Pas la série du siècle, mais assurément du divertissement de haut niveau.

On a aimé

  • Des personnages secondaires charismatiques,
  • Une relecture intéressante des contes de fées, considérés comme un univers à part,
  • Une montée en puissance du fil rouge autour duquel se nouent des enjeux annexes.

On a moins bien aimé

  • Une intrigue principale qui s'épuise très vite, alors que les nœuds dramatiques secondaires mettent du temps à s'installer,
  • Le duo en vedette, Emma/Henry, fade.

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