Critique La vierge rouge #1 [2012]

Avis critique rédigé par Nicolas L. le samedi 18 mai 2013 à 14h49

La naissance de Furya

En 1962, dans un vieux u-boot caché dans les eaux de l’Orénoque, vivent Hans, un ancien officier allemand au passé trouble, et sa fille Eva. La jeune adolescente a pour fréquentations les membres d’une tribu locale, le clan des lucioles, qui vit difficilement sa cohabitation avec l’homme blanc. Ayant pris fait et cause pour les indigènes, Hans prend plaisir à effectuer quelques raids pacifiques et quelques opérations de sabotage, gênant le développement de la ville voisine. Ce qui ne convient absolument pas au cruel commandante Saldanha, chef d’une junte qui a décidé de coloniser la région pour son propre compte…

Avec ce premier tome de Furya, le scénariste Jean-Louis Fonteneau nous invite à suivre un drame exotique qui va progressivement tourner en une histoire d’horreur. L’auteur se penche tout d’abord à essayer de rendre les personnages de Hans et d’Eva attachants. Une tentative qu’il réussit aisément. Puis, au fil des pages, il amène ces personnages à vivre des situations de plus en plus dramatiques, qui mettent en péril leur vie. Ainsi, si, au début, le scénario se pose comme une sorte de témoignage et une critique de la politique colonialiste, avec ses exactions et ses laissés-pour-compte, le récit prend ensuite une dimension plus humaine quand l’adversité entre colons et autochtones se transforme en une histoire de vengeance.  Eva va alors endosser un rôle tout à fait inattendu, qui ne va pas manquer de surprendre le lecteur. Un lecteur qui ne sera au bout de ses surprises !

Au dessin, l’italien Matteo Simonacci nous offre un travail s’appuyant sur un luxurieux crayonné vintage. Plus que forcer la beauté des personnages, il se penche à les rendre crédibles. Ce choix, appuyé par une excellente maitrise des mouvements et un découpage nerveux, rend l’ensemble à la fois charnel et dynamique. On peut cependant regretter que la mise en couleur soit si terne, par le biais de simples aplats qui privent l’ensemble de profondeur (et gênent parfois la lisibilité). Les six dernières planches, qui voient le départ d’Eva et la naissance de Furya, amènent l’album dans le registre de l’horreur gore. Un électrochoc qui annonce un changement radical de ton pour les prochains albums.

La conclusion de à propos de la Bande Dessinée : La vierge rouge #1 [2012]

Auteur Nicolas L.
75

Difficile, à la lecture des premières planches, de dire où va nous mener Furya. Puis, au fil des pages, Jean-Louis Fonteneau, aidé par les efficaces dessins de Matteo Simonaci (mais qui peuvent encore gagner en qualité), pose son intrigue et la fait lentement glisser dans le domaine du drame horrifique. L’auteur évite avec brio le piège de la surexposition narrative, souvent rencontrée dans les albums d’introduction qui se doivent de présenter les protagonistes, et nous offre même quelques belles surprises. Une série à suivre. Assurément.

On a aimé

  • Une intrigue intéressante
  • Des personnages attachants
  • Une progression vers l’horreur habilement gérée
  • Des dessins très efficaces

On a moins bien aimé

  • Une mise en couleurs assez médiocre

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