Critique L'Honneur des Elfes sylvains #2 [2013]

La fière cité d’Eysine se voit assiégée par un fort parti d’orks. Son roi désespère de ne trouver aucun allié pour les secourir quand Llali, sa fille, propose de solliciter l’aide des Elfes Sylvains, qui furent jadis les amis des humains. Non découragée par le refus du Conseil, Llali décide de se rendre auprès du clan d’elfes voisins, persuadée que ce noble peuple ne pourra rester insensible à sa requête. Mais c’est mal connaitre l’inimitié qui règne aujourd’hui entre les deux races. Heureusement, elle va trouver un allié inattendu en la personne d’Yfass, un guerrier elfe…

Concocté par Nicolas Jarry, L’honneur des Elfes sylvains, tome deux de la série Elfes, est une histoire de sacrifices et de prédestinations. On y suit les destinées de personnages qui vont offrir leurs vies pour ressouder une ancienne et forte amitié, oubliée depuis des siècles, celle qui liait les Humains aux Elfes. C’est l’histoire de Llali et d’Yfass, deux jeunes idéalistes qui vont oublier leurs différences et les préjugés pour apprendre à se connaitre et s’apprécier, avant d’être sacrifiés sur l’autel de la réconciliation. Un récit romantique et épique, d’inspiration  shakespearienne,  dont la finesse prouve que l’on peut encore renouveler et surprendre dans un univers d’heroic fantasy ultra-classique. Ici, Nicolas Jarry part d’une intrigue à la Roméo et Juliette pour construire une fable bien plus complexe car dépassant la simple lutte familiale. Donnant volume et richesse à partir de nombreux flashbacks et ellipses, il offre aux lecteurs une histoire riche en scènes épiques (les combats au pied de la cité d’Eysine évoquent le siège de Minas Tirith dans le Seigneur des Anneaux), en joutes diplomatiques et en drames.

Nicolas Jarry est bien aidé dans sa tache par le style semi-réaliste de l’italien Gianluca Maconi (la série Elya, les brumes d'Asceltis). Avec ses personnages aux lignes séduisantes (filles aux corps de déesses, mâles athlétiques), ses décors extrêmement travaillés (les séquences se déroulant dans la forêt sont superbes) et ses orks monstrueux (ils évoquent un peu ceux de Warcraft), son trait matérialise de la plus belle des manières cette histoire d’heroic fantasy, tout en lui donnant un aspect « conte de fée » un peu moins adulte que le tome précédent. On apprécie également l’habileté de Maconi à donner force et dynamisme aux scènes de combat massifs qui, sans donner dans les débordements gore, respirent une appréciable atmosphère épique. Seules sont perfectibles, parfois, les représentations des visages, qui apparaissent parfois comme un peu trop ronds (ce qui ne colle pas trop à l’ensemble).