Critique Edgar Allan Poe - Hantise [2014]
Avis critique rédigé par Nicolas L. le samedi 25 janvier 2014 à 14h00
Rêves éveillés
Edgar Allan Poe, critique littéraire au Boston Chronicles, est un individu asocial et colérique, un véritable écorché vif dont l'esprit brillant est brouillé par le souvenir de la perte de sa mère. Plume acerbe et terreur des romanciers le jour, il trouve un havre, la nuit venue, entre les seins de madame Hyde, une medium avec laquelle il entretient un étrange rapport mère-amante. La seule personne, en fait, qui parvient à lui arracher un sourire est Virgina Clemm, sa cousine âgée de six ans, dont il est secrètement amoureux. Mais quand une série de meurtres commencent à secouer la ville, Edgar Allan Poe subit un choc terrible: tous les crimes commis semblent s'inspirer de nouvelles qu'il écrit le soir, dans l'intimité de sa chambre...
Avec Edgar Allan Poe - Hantise, le scénariste Stéphane Louis nous emmène au début de la carrière du célèbre écrivain, nouvelliste et critique américain, pour un récit sombre et nihiliste, évoquant de belle manière l'univers torturé de l'auteur du Massachussetts. Louis fait de Poe une monstruosité victime de ses chimères, elles-mêmes filles de ses frustrations et sa misanthropie. Véritable prédateur littéraire (matérialisé par l’ombre monstrueuse qu'il projette sur les murs), Poe est un être aigri, un critique impitoyable et égoïste, dénué de toute compassion. Ainsi, ce récit, qui se veut aussi un hommage sincère à l’auteur (avec la présence de nombre de références et de citations), ne fait donc pas d'Edgar Allan Poe un héros victorien mais impose justement sa version antithétique.
L'intrigue, plutôt bien ficelée, qui met en jeu des éléments empruntés à la littérature victorienne (comme ceux de Robert Louis Stevenson) doit principalement ses aspects fantastiques aux délires d'Edgar Allan Poe, aux matérialisations des fantasmes d’un auteur à l’esprit franchissant volontiers les frontières du plausible devant des évènements qu'il perçoit comme inexplicables. On évolue donc de plain-pied avec le champ cultivé par Edgar Allan Poe, où le fantastique n'est que la composante ténue d'une réalité bien plus horrible. Bref, le récit est vraiment très intéressant. Il est simplement dommage que la séquence des révélations n'est pas été plus spectaculaire et moins explicatif.
Pour ce qui est des graphismes, derrière la magnifique couverture de Grzesiek Krysinski, se trouve le fruit du travail commun de Bastien Orenge et Thomas Verguet. Un style déchiré, avec des personnages aux traits déformés et grossièrement rendus, et des angles de vue tordus qui illustrent bien l’univers torturé d’Edgar Allan Poe mais qui, parfois, frôle la caricature et affiche quelques petites imperfections. La contrepartie de ce coup de crayon aux allures spontanées et fantasmées. On apprécie ou non, c’est une question de gout. Personnellement, mes préférences vont vers un style plus précis et fignolé mais je dois admettre que dans ce cas précis, le choix apparait comme assez judicieux.
La conclusion de Nicolas L. à propos de la Bande Dessinée : Edgar Allan Poe - Hantise [2014]
Une fois n’est pas coutume, Soleil nous propose, dans le cadre de la collection 1800, un one shot. Ici, le scénariste Louis, servi par les dessins torturés d’Orenge et Verguet, nous offre la vue d’un antihéros détestable nommé Edgar Allan Poe, qui voit ses fantasmagories poétiques se reproduire dans la réalité. Une histoire vraiment originale et intrigante, qui recycle nombre d’éléments du fantastique victorien.
On a aimé
- Un scénario original
Une atmosphère collant à l’univers de Poe
Quand le fantasme et la réalité s’entremêlent
Un choix graphique pertinent
On a moins bien aimé
- Un style graphique qui peut déplaire
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