Critique The Baby [2014]
Avis critique rédigé par Richard B. le lundi 28 avril 2014 à 13h13
Footage de gueule.
Assistés de techniciens du métier ouvertement opportunistes, les studios s'embarrassent désormais de moins en moins à essayer de surprende le public. Tout d’abord, dans le cas présent, ils ont pioché dans le passé avec un scénario qui rappelle grandement celui du "cultissime" Rosemary's Baby (mais ce n'est pas un remake). Puis ils ont opté pour un traitement épousant les particularismes d’un phénomène tendance - le found-footage - une technique qui permet des rythmes de production rapides et des investissements modestes faciles à rentabiliser. Après tout, pourquoi leur donner tort puisque des personnes sont prêtes à payer pour ça ?
Après un mariage euphorique, Samantha et Zach comptent profiter et immortaliser leur lune de miel. Dans cette idée, ils s'arment de caméras. Et pas question de lâcher le matos : à la plage ; chez la voyante ; dans les ruelles sordides et isolées ; en boite de nuit… Et même complètement défoncés, ils arrivent encore à filmer - du moins partiellement - leur excursion dans les sous-sols là où une petite communauté célèbre un culte satanique. Et peu importe qu'ils aient oublié au petit matin les événements de la veille, toujours en vie et avec toutes leurs affaires en possession, ils peuvent repartir tranquillement chez eux. Par contre, ce qu'ils ne savent pas, du moins à ce moment, c'est que depuis madame à une petite graine qui pousse en elle, et que celle-ci est destinée à incarner le premier antéchrist d'une longue série à venir.
Lorsque l'on lit les propos des réalisateurs Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett ou encore des producteurs exécutifs Chad Cillella & Justin Martinez (déjà tous les quatre, sous le non de Radio Silence, en charge de l'un des segments de V/H/S intitulé 10/31/98), The Baby (Devil's Due) semble plein de louables intentions. D'un côté, il s'agit de leur premier – vrai – long métrage, ensuite il y a cette envie de « faire un thriller qui permet de se sentir émotionnellement lié aux personnages » et qui « ne se contente pas de vous terrifier et vous frapper par des images surnaturelles ». On peut aussi lire Tyler Gillett affirmant que « la peur qui naît peu à peu n'a rien à voir avec la terreur habituelle du cinéma d'horreur. ». Alors, sincèrement, messieurs, force est de dire que nous n'avons pas dû voir le même film ! Car, primo, on a des personnages qui voltigent dans tous les sens quand maman perd conscience – question sobriété des éléments surnaturels on repassera. Secundo, comment s'impliquer émotionnellement à la vue d’un couple qui, au lieu de développer de réels sentiments, passe son temps à jouer avec ses caméras ? Enfin, comment se fait-il que l'on y retrouve tous les clichés des récents found-footage avec jump-scare à foison casés à l'emporte-pièce, visions infrarouges, séquences de vidéos de surveillance, ou encore personnages qui tentent de filmer dans une pièce sombre et dont le seul soupçon de lumière survient pour que l'on aperçoive une silhouette ? Donc, il y a bien profusion de tous les poncifs du cinéma d'horreur.
Par contre, même si on se trouve avec plusieurs caméras aux poings, dont certaines de surveillance, il est difficile d'employer le terme « found-footage » pour ce film. Car à aucun moment il n’est question de fichiers vidéos retrouvés (certains viennent même à disparaître). Le film débute dans un commissariat avec le personnage de Zach McCall, un poil amoché, et racontant tous les événements, de la veille de son mariage jusqu'à la fameuse tragédie qui l’a conduit en ce lieu. Mais plutôt que de nous raconter l’histoire de façon traditionnelle (une option qui aurait été préférable), les réalisateurs ont opté pour divers systèmes de vidéos, dont certains points de vue restent assez étranges au regard des diverses circonstances. À titre d'exemple, il faudra qu'on nous explique comment une caméra peut rester allumée, s’éteindre puis se rallumer - partiellement - pendant un kidnapping, et que les ravisseurs ne pensent pas à l’éteindre ou plus simplement à effacer l'enregistrement ? Dans le genre tout aussi tordu : vous êtes à l’étranger, dans une boite de nuit. Poseriez-vous sur une table, à un mètre de distance, votre caméra pour vous filmer en train de vous embrasser ? Bref, voilà deux exemples dans la multitude de problèmes qui plombent le métrage, que ce soit par les choix de mise en scène ou par l'approche scénaristique. Rien n’apparait comme spontané, mais rien ne semble aussi réfléchi.
Réadapter quelque peu l'histoire de Rosemary's Baby pour la rendre moderne (bien qu'un remake pour la télévision soit en cours ainsi qu'une version comédie musicale) ? Pourquoi pas. Les réalisateurs et producteurs assument avec fierté la comparaison, estimant que c'est un bel hommage qui leur est rendu d'être comparé au chef d’œuvre de Polanski, assurant ne pas avoir peur de la comparaison. Pourtant, ils devraient ! Certes, au regard du titre original, on aurait pu penser à un remake du film d'Ernest Danna – ce qu'il n'est pas – et il est vrai que plusieurs choix font qu'on ne peut pas décemment dire que nous avons affaire à un calquage du film de Polanski. Reste que le sujet s'en approche et que l'ambiance, tout comme la tragédie humaine qui y est traitée, est très loin, à une distance incommensurable, d’égaler l'illustre aîné. Il y a bien ce passage avec l’aiguille introduite dans le ventre qui pourra procurer un petit effet aux des personnes peu habituées aux films de genre, ou encore Allison Miller et Zack Gilford qui sortent avec les honneurs de l'aventure, au regard de la stupidité de quelques dialogues ou encore de la débilité du comportement de leurs personnages. On arriverait presque à y croire de temps à autre tant ils y mettent une certaine conviction. Enfin, on peut apprécier un sujet qui, à la base, demeure assez politiquement incorrect – s'attaquer à la maternité reste tabou. Pour autant, ces rares petites qualités ne peuvent sauver un film globalement mauvais, apparaissant comme essentiellement opportuniste (désolé si ce n'est pas le cas, mais c'est l'impression que ça laisse) et dont l'émotion ne survient jamais, que ça soit en terme de peur, de tristesse, ou autre.
La conclusion de Richard B. à propos du Film : The Baby [2014]
Ce qui est incroyable avec le found-footage, ou dans le cas actuel de la caméra au poing, c'est que sous le prétexte d'utiliser ce procédé les producteurs/réalisateurs pensent qu'il n'y a plus besoin de réfléchir a la crédibilité du positionnement des caméras ou de l'utilisation des personnages vis-à-vis d'elles, ou, encore qu'il suffit de placer quelques saccades sur la vidéo et des jump-scare pour faire un film qui fonctionnera et ramènera un max de tunes. Et bien, franchement, ne comptez pas sur nous pour cautionner ce type de productions, The Baby est aussi mauvais sur le fond que sur la forme… et en ce qui nous concerne, totalement dispensable.
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