Critique Les Pirates de l'Escroc-Griffe [2016]

Je m'appelle Caboche et je suis un marin. Avant, j'étais orphelin mais j'ai laissé cette vie et tous ses soucis sur le chemin de terre où est morte ma mère. J'étais un voleur, ils ont versés son sang pour payer mes erreurs et je n'ai pu qu'accueillir en pleurs le dernier de ses sourires. "Ton père n'est pas mort, avait-elle expiré, il est parti pour Libertalia, tu dois le retrouver". Alors j'ai décidé. J'ai couru à en perdre pied jusqu'au navire qui pouvait m'aiguiller. Mais... le capitaine était recherché et ils ont pris la mer avant que je puisse m'expliquer... alors je suis resté, un peu contraint et forcé. J'y ai rencontré un bien étrange équipage, un Biceps ronflant, un Obus détonant, un Goowan sage, un Doc savant, et un Chef Plumeau candide pour un Capitaine Bretelle intrépide. Poursuivis par la Mort, l'Amiral-Fantôme, qui ne sera libéré de son sort que lorsque la tête du dernier pirate sera ôtée de son corps. Eux fuyant les galères, moi cherchant mon père, un but commun néanmoins : survivre jusqu'à demain. Pirates ou Chasseurs de trésors, et alors ? Je suis prêt à suivre cette famille vagabonde jusqu'aux confins du Fleur-Monde.

Le bleu de l'océan, la barre du navire, la pistorapière de Caboche, le canon mitrailleur du Capitaine Bretelle (et sa très chère grenouille Mimi !), l'hydrodéon de Goowan, la bouteille de nénurhum de Syco, le tout entourant le sourire malsain de l'Amiral-Fantôme, pas de doute, nous sommes bien à bord de l'Escroc-Griffe dés la couverture de cette édition intégrale ! Les chapitres sont bien définis et démarrent tous par un extrait d'une autre œuvre fictive de l'univers, une réelle immersion très bien pensée. Seul bémol, j'aurai préféré une couverture plus solide pour contenir ses 1200 pages, le reste est un sans faute.

Que dire de ce roman ! Dés les premières lignes, j'ai plongé toute entière dans ses encres, je me suis retrouvée à bord de la brick-goélette aux côtés de l'équipage, parée à l'aventure. Ce qui m'a fait fondre dés le départ c'est le souci du détail, c'est bête à dire en soit mais j'adore "l'inutile". Je tiens à mes guillemets car c'est en fait un énorme compliment pour moi, je parle de ces choses qui ne font en rien avancer l'histoire principale, ne servent à priori à rien dans le roman MAIS qui pose la réalité et la cohérence d'un univers, et ça, c'est juste magique et bien trop rare pour être souligné de mille couleurs. Alors oui, une bonne aventure sera toujours plaisante à lire, avec ses rebondissements et ses personnages charismatiques, parfois trop, justement pour imposer avec force la présence du roman. Jean-Sébastien Guillermou n'a pas fait ce choix, et pour cela, je l'en remercie des milliers de fois. Il a pris le chemin le plus difficile, celui d'avoir, au final, un équipage certes hétéroclites mais pas du tout intéressant au premier abord : un capitaine bancal avec un équipage de bras cassés MAIS dans un univers très, très développé. Les personnages sont aimés pour leurs défauts, pour leur ancrage dans une réalité proche même si l'univers est une complète fiction. Quant à l'histoire, je n'en parlerai pas trop pour ne rien spolier et vous laisser le plaisir de la découvrir au fil des lignes, mais je vous promets des aventures toute plus folles et rocambolesques les une que les autres (qui auraient très bien pu être le fruit d'une partie de jeu de rôle sur table !). Je n'avais pas eu un tel coup de cœur depuis la découverte des Les Royaumes Crépusculaires de Mathieu Gaborit. La littérature fantaisie française a encore de très beaux jours devant elle et ça, c'est merveilleux.