Critique Scanners [1981]
Avis critique rédigé par Christophe B. le lundi 5 juillet 2004 à 10h43
Les "Mutants" se déchainent !
"Scanners" est un tournant commercial pour David Cronenberg puisque c'est son premier film tourné en vue d'une très large distribution. On pouvait craindre une édulcoration, un affaiblissement, de la vision si particulière de ce cinéaste, mais il n'en est rien.
David Cronenberg est un des seul cinéaste à rechercher de thèmes nouveaux au lieu de suivre et reprendre ceux lancés par Hollywood. C'est en effet les secrets de la vie, et les dangers qu'il y a à vouloir les pénétrer, qui est à la base même de l'oeuvre de Cronenberg. L 'horreur selon Cronenberg c'est l'horreur biologique, celle qui est en nous.
Les « X-Men » façon Cronenberg
L'idée principale du film repose sur un conflit qui a fait les beaux jours des auteurs classiques de science-fiction (Van Vogt, Sturgeon, Russel) : Les mutants sont parmi nous. Un "bon" télépathe luttant contre un "mauvais" télépathe décidé à asservir le reste de l'Humanité. Stan Lee avait déjà vu le potentiel du thème quand il créa les célèbres " X-Men"...
Dans "Scanners", il est question d'une minorité de personnages doués de facultés télépathiques, auquel le professeur d'un établissement scientifique donne la chasse. Un médicament destiné à favoriser l'accouchement qui n'agît pas comme prévu, et une mutation se produit. La remise en question de cette mutation est ici sociale puisque l'un des mutants veut créer une société nouvelle pour la diriger. Mais Cronenberg nous décrit aussi l'itinéraire solitaire d'un de ces parias malgré eux.
L'intrigue développée par Cronenberg fait appel non seulement au conflit entre les deux forces primordiales que sont le Bon et le Mauvais Télépathe, mais également à ces organisations plus ou moins secrètes. En l'occurrence, la COMSEC, la Société qui, sous la direction du Dr Ruth (Patrick McGoohan), a créé un programme pour étudier les Télépathes, ou "Scanners" comme ils sont appelés ici, voit ses efforts sabotés par une organisation rivale. Je ne dévoilerai pas qui sont ces rivaux, sinon pour faire remarquer que la solution est bien conforme aux tendances de Cronenberg qui considère que nous portons tous le Mal en notre sein…
Une réalisation sans faille et des acteurs de premier ordre
L 'histoire de "Scanners" peut être suivie soit au niveau primal du combat entre les « deux super-scanners », soit au niveau du thriller, vaguement Hitchcockien, en tentant de deviner qui manipule la COMSEC et de quelle manière.
Il est, néanmoins, tout à l'honneur de Cronenberg de constater que "Scanners" est un film qui nous conserve soudés à notre siège, et ne relâche jamais notre intérêt. Une grande partie du mérite en revient au style de Cronenberg, l'un des réalisateurs les plus doués de sa génération, mais également aux performances des acteurs et aux effets spéciaux (de l'époque il va sans dire).
Les acteurs sont ici bien choisis: Michael Ironside est tout particulièrement remarquable dans le rôle du Mauvais Mutant. Patrick McGoohan, un acteur qu'on ne voit malheureusement pas assez souvent à l'écran, est étonnant dans le rôle du Dr Ruth, créateur des Scanners, docteur Frankenstein moderne. Stephen Lack, le Bon Mutant, et Jennifer O'Neil sont les héros du film et suscitent notre sympathie et intérêt.
Les séquences d'effets spéciaux, telles l'explosion de la tête d'un malheureux scanner et le combat final entre les deux Mutants, sont extraordinaires.
La conclusion de Christophe B. à propos du Film : Scanners [1981]
Il est rare de retrouver à l'écran les thèmes des grands classiques de la science-fiction, Cronenberg nous donne pour la première fois une intrigue tout aussi captivante que n'importe quel roman de l'un de ces auteurs que je nommai plus haut.
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