Critique The Swapper [2013]

Testé sur PS3

Titre plébiscité de la scène indépendante, The Swapper mélange habilement science-fiction et réflexion pour vous donner un peu mal aux cheveux de manière positive comme négative...

Derrière The Swapper il y a deux jeunes développeurs finlandais qui créent un jeu alors qu'ils sont étudiants, sous le nom de Facepalm Games, et qui s'adjoignent les services du scénariste très actif au sein de la scène indé Tom Jubert (Penumbra, FTL : Faster than Light...). L'objectif est vraiment de proposer un titre avec une vraie ambiance SF dans le genre Alien (la peur et les « monstres » en moins) avec des mécaniques bien définies propres aux jeux de réflexion. Une œuvre ambitieuse qui démontre néanmoins un vrai savoir-faire dont on a peine à croire qu'il s'agit d'un premier (véritable) jeu. Le projet est arrivé à bon port sur PC au printemps 2013 avant que la petite équipe reçoive l'aide des Britanniques de Curve Studios afin de porter le jeu sur consoles faisant que The Swapper débarque sur PS3, PS4, Vita, WiiU et Xbox One entre 2014 et 2015.

The Swapper se déroule dans une station spatiale sur une planète très éloignée de la Terre. Une station abandonnée où des équipes de scientifiques faisait des recherches sur des mystérieuses pierres capables de communiquer par la pensée avec les humains. En travaillant sur les pierres appelées « Gardiens », les scientifiques réussissent à créer un dispositif capable de créer des clones basiques et de projeter son « âme » dans un de ses clones afin d'en prendre le contrôle. On incarne ainsi un astronaute qui débarque dans la station et commence à utiliser le dispositif de clonage/transfert dans un lieu où tous les humains ont disparu. On va devoir progresser en ayant pour seule alliée une autre astronaute semblant en savoir beaucoup et qui va tenter de fuir la station, comme nous. Tout en apprenant ce qu'il s'est réellement passé.

Le scénario est évidemment prometteur quand on en lit le résumé ci-dessus. Malheureusement, on tombe vite dans l'écueil de beaucoup de jeux indés récents, une volonté de raconter l'histoire « autrement ». C'est à dire de manière assez cryptique avec des zones d'ombres volontaires, des dialogues abscons et des terminaux à trouver pour avoir accès à des journaux de l'équipage. C'est logique évidemment dans le sens où il s'agit d'un titre de réflexion mais l'histoire perd quand même de sa force tant on passe nos parties à recoller les morceaux et qu'on a du mal à s'investir dans des thèmes aussi intéressants que le clonage, la découverte d'une autre intelligence, la bioéthique où le sentiment de claustrophobie face à une mort inexpliquée...

Ce jeu 2D est vraiment sublime dans une ambiance science-fiction avec des teintes bleues/noires dominantes offrant un vrai cachet. Son ambiance sonore minimaliste et ses décors globalement vides dont on sent l'inspiration d'Alien sans pour autant jamais verser dans la peur. Juste dans le lancinant et l'inquiétant. A ce titre, les musiques accompagnent bien le jeu et ne s'avèrent jamais pénibles ce qui n'est pas un mince exploit dans un jeu de réflexion. Les graphismes suivent avec des textures vraiment lisses et la technique est assez solide même si ce n'est pas ce genre de jeu qui risque de mettre à genou la PS3... Bref, The Swapper dispose d'une véritable identité artistique qui flatte facilement l'amateur de science-fiction.

Pour faire simple, le jeu est une suite de couloirs ponctuée de salles comprenant des casses-tête où il faut récupérer des objets nous permettant de  progresser en générant un ou plusieurs clones. Ces salles se résolvent donc en emmenant notre astronaute au bon endroit sachant qu'il faut impérativement que cela soit celui que l'on contrôle qui récupère l'objet. Si le début s'avère assez simple à appréhender, on arrive vite face à des interrupteurs déverrouillant des portes, des sortes de projecteurs recouvrant une partie du niveau vous empêchant soit d'y projeter un clone, soit d'en prendre possession voire les deux... Pour terminer avec des salles offrant des changements de gravité... La fourberie ultime étant que vos clones se déplacent en même temps que vous...

Il y a donc tout ce qu'il faut pour se prendre la tête et cela fonctionne parfaitement. Puisque parfois il faut déjà comprendre ce qu'on attend de vous. On tâte le terrain, on expérimente, on se plante et on peut vite s'énerver. Impatients s'abstenir ! Pour les amateurs de ce type de titre, l'expérience s'avère complète bien qu'un peu courte (5 heures en moyenne je pense) mais qui offre un lot de casse-tête matinée d'un peu de plates-formes. Le véritable problème, à mon sens, c'est que les développeurs ont eu vraiment du mal à justifier ces salles de casse-tête avec le scénario juste par l'aspect artistique. Peut-être le plus gros point faible du titre si on cherche plus qu'un jeu de réflexion.