Critique Papo & Yo [2012]
Avis critique rédigé par Bastien L. le mercredi 26 août 2020 à 09h00
Mon père, ce monstre
Testé sur PS3.
Le jeu vidéo n'est pas le média qui ose le plus aborder frontalement des problèmes de société, d'autant plus par le biais du fantastique. Du moins les grosses productions car quelques projets indépendants s'aventurent parfois sur des terrains minés comme Papo & Yo.
Jeu indépendant sorti en 2012 en téléchargement sur PS3 (puis un an après sur PC), Papo & Yo est l’œuvre d'une équipe canadienne, Minority Media, dont c'était le premier jeu. Une œuvre dirigée par Vander Caballero qui s'est basé sur son enfance et ses origines brésiliennes. En effet, le titre propose une histoire fortement allégorique entre un garçon et un monstre censée faire la parabole de la relation entre un enfant et son père violent car alcoolique. Un sujet évidemment aussi grave que sérieux traité ici du point de vue d'un jeune héros.
Le jeu met en scène le jeune brésilien Quico qui à force de se réfugier dans son imaginaire, pour fuir la réalité faite de violences subies par un père alcoolique, se retrouve dans un univers parallèle ressemblant à une favela mais dont le décor est parfois déstructuré ou modulable... Il va faire la rencontre de la jeune Alejandra qui lui servira de guide tout en étant méfiante envers lui car elle le trouve maudit. Il sera aussi accompagné d'une sorte de petit robot nommé Lula qui pourra l'aider à progresser. Il est ensuite rapidement confronté au Monstre qui vit dans ces lieux. Cette grosse créature peut s'avérer autant pacifique et joueuse que furieuse et violente. Elle est accro aux grenouilles qui ont sur elle un effet dangereux la rendant folle de rage et voulant le mal de toutes les créatures autour d'elle. Quico va progresser dans ce monde étrange en comprenant qu'il va d'abord devoir s'occuper du monstre...
Le jeu aborde le thème très sérieux de l'alcoolisme et du mal qu'un père peut faire à ses enfants dont la maltraitance. L'histoire a le mérite de le faire avec assez de subtilité (sans toujours y parvenir complètement) via le biais de la relation entre Quico et le monstre. Comme souvent dans une production indépendante, l'histoire se ressent plus par les mécaniques de gameplay et autres moyens propres au jeu vidéo que par des cinématiques et des dialogues explicites. Le titre trouve ici un juste milieu sans jamais paraître cryptique ni sans être trop verbeux. En embrassant le point de vue de l'enfant, cela amène à s’interroger sur l'imaginaire comme refuge mais aussi sur la remise en question de l'amour qu'un enfant porte à ses parents...
Là où le jeu est plus perfectible, c'est malheureusement graphiquement et techniquement car il n'impressionne jamais. Si le traitement de la favela dans des environnements déstructurés voire reconfigurés fonctionne très souvent, avec l'omniprésence du blanc et du marron claire dans la direction artistique, les graphismes en eux-même évoquent plus de la jolie PS2 que de la solide PS3... On apprécie se balader dans des environnements qui offrent quelques folies avec un monstre assez bien géré en ce qui concerne ses animations et son IA mais on aurait vraiment aimé trouver ça plus beau avec des polygones moins grossiers. De plus que techniquement, le jeu est loin d'être irréprochable entre une caméra capricieuse, un framerate douteux comme des bugs de collisions parfois dommageables...
Pour ce qui est du gameplay, il s'agit d'un jeu d'aventure dans le sens où l'on doit surtout progresser de lieux en lieux en résolvant des énigmes au final assez simples. Notre sens de l'observation nous permet de rapidement comprendre ce que l'on attend de nous avec soit atteindre la zone suivante en modifiant le décor, soit manipuler le Monstre pour obtenir quelque chose de lui. L'ensemble tient la route grâce au fait que le décor change constamment grâce à nos actions ce qui est toujours appréciable. Certains passages s'avèrent finalement assez impressionants tant ils sont ingénieux et tant nos actions créent une mise en scène efficace. Néanmoins le titre souffre quand même d'une partie plates-formes peu inspirée et d'énigmes assez convenues. Malgré ça, le jeu se parcours sans aucun déplaisir et s'avère parfois très efficace dans ses mécaniques. La durée de vie assez faible (entre 3 et 4 heures de jeu) est contrebalancée par un prix actuel assez doux de 7 euros.
La conclusion de Bastien L. à propos du Jeu Vidéo : Papo & Yo [2012]
Papo & Yo est un projet indépendant intéressant à plus d'un titre. Le sujet des violences domestiques vues par le prisme d'un enfant est bien amené par son traitement fantastique et le gameplay offre de bons moments. Malheureusement, le titre n'est pas abouti dans plusieurs domaines notamment techniquement où il s'avère vraiment à la peine.
On a aimé
- Des sujets graves correctement traités
- Un gameplay efficace
- Les décors modulables
On a moins bien aimé
- Graphiquement dépassé dès sa sortie
- Techniquement perfectible
- Les phases de plates-formes
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