Chasseurs de dragons ► Anecdotes du film d'animation
Cette page rassemble les anecdotes du film d'animation Chasseurs de dragons, regroupées en différentes catégories.
Dossier de presse : Les réalisateurs (Note de production)
Comment l’aventure a-t-elle commencé ?
GUILLAUME IVERNEL, RÉALISATEUR : Au début, voici 12 ans, CHASSEURS DE DRAGONS existait sous la forme d’un concept écrit d’Arthur Qwak, dont il avait développé les personnages avec Valérie Hadida. C’est à partir de ces 4 ou 5 pages que tout s’est décliné, des BD au film en passant par la série télé. On n’avait pas pensé à un support particulier à l’origine, nous voulions décliner le concept dans différentes techniques, afin que chaque medium s’approprie l’esprit de l’histoire de départ.
ARTHUR QWAK, CRÉATEUR, CO-SCÉNARISTE ET RÉALISATEUR : Une idée d’histoire surgit toujours par hasard et souvent à des moments où on s’y attend le moins. Quand j’ai associé « chasseurs
» avec « dragons » la porte d’un univers s’est ouverte devant moi. Il ne restait plus qu’à l’explorer. Stephen King, dans son superbe Ecritures, explique qu’il considère l’écrivain comme un archéologue qui trouve un bout d’os et dont tout le travail consiste à dégager le squelette entier sans le briser.
Un concept me parle quand celui-ci fonctionne par connexions, CHASSEURS DE DRAGONS est une connexion. D’un côté, des dragons et tout l’univers fantastique qui va avec et de l’autre, le métier de chasseur et tous les problèmes liés au fait d’avoir un boulot : les contrats, les problèmes d’argent, les factures impayées... Pour Gwizdo, le prince charmant est le pire ennemi du chasseur parce qu’il casse le métier en bossant à l’oeil. J’aime bien les personnages qui ne sont ni Jedi ni chevalier ou guerrier ou magicien mais des gens comme vous et moi. On s’y attache immédiatement parce qu’ils sont proches de nous. Le ton de l’aventure est aussi original que l’univers visuel est fascinant.
Quelles sont les influences derrière CHASSEURS DE DRAGONS ?
GUILLAUME IVERNEL : Tant d’influences. J’avais en tête un mélange de romantisme allemand à la Gaspard Friedrich et d’orientalistes pour la lumière. Et puis les illustrateurs anglo-saxons des années 70 comme Roger Dean ou encore Moebius en France. Et, bien sûr, l’animation japonaise.
ARTHUR QWAK : Les références sont multiples. Il y a les vieux Disney comme BLANCHE NEIGE, LES DENTS DE LA MER, BANDITS BANDITS de Terry Gilliam, mais aussi l’époque Métal Hurlant et des auteurs
comme Moebius, Giger ou Corben. En fait, on voulait faire un film
drôle et flippant à la fois. J’aime bien entretenir l’idée du contraste dans une histoire, c’est ce qui peut en faire sa richesse. Pour résumer, l’idée était d’imaginer quel serait le look d’une aventure de Tom et Jerry chez LE SEIGNEUR DES ANNEAUX.
Un réalisateur d’animation est-il si différent d’un réalisateur de films avec acteurs, en prises de vue réelles ?
GUILLAUME IVERNEL :
C’est très différent d’un réalisateur de film live ! Dans l’animation, lorsque animatique et storyboard sont achevés, tout est fixé définitivement. Ton film est là, fini, mais tu devras attendre deux ans avant d’en voir la première image ! L’émotion vient avec l’animation, un an après que tout ait été décidé. Il faut être sûr de ses choix ! Heureusement, nous avons pu compter sur une équipe géniale. Je ne remercierai jamais assez l’équipe de Mac Guff. Car si une partie des décors a été faite au Luxembourg, et une partie de l’animation confiée à Trixter en Allemagne, tout le reste a été fabriqué chez Futurikon et Mac Guff à Paris.
ARTHUR QWAK : On pourrait dire que c’est le même métier. Mais si le réalisateur de live termine son film par le montage, pour nous c’est par là qu’il commence. On dessine le film sous forme de story board pour obtenir une version quasi définitive de ce que le film va devenir. Le film est pour ainsi dire terminé avant d’être fabriqué. Après c’est une longue route d’une année et demie pour remplacer les croquis du story board par les images finalisées. Pour le reste, les métiers se ressemblent parce qu’il faut diriger les équipes, leur communiquer les intentions et répondre à tout un tas de questions chaque jour.
Travailler à deux réalisateurs est-il un atout pour un chantier d’une telle envergure ?
GUILLAUME IVERNEL : C’est indispensable vu la charge de travail. Il faut bien se connaître et ne pas laisser la place à nos divergences, que l’on règle en privé. Il y a aussi une nécessité technique, une répartition logique des rôles compte tenu de l’expérience d’Arthur dans l’animation et de mon passé de designer. Une fois l’animatique au point, je me suis concentré sur l’image, et Arthur sur l’animation, après quoi nous nous sommes retrouvés pour toute la post-production.
ARTHUR QWAK : Travailler avec Guillaume a été un atout (en plus d’être un plaisir) parce qu’on est très complémentaires : j’ai commencé comme storyboarder, lui comme designer. Je vais plus facilement vers les personnages, lui vers le décor. Et puis la combinaison de nos idées était très enrichissante pour le film. Le fait d’être à deux vous permet d’avoir une puissance de feu plus importante en terme de travail ou de réflexion sur les idées, l’histoire et la mise en scène. Et quand l’un fatigue, l’autre est toujours là pour relancer la machine. Je pense qu’au vu des conditions de production sur le film, il aurait été impossible
d’atteindre les objectifs sans envisager de partager les tâches.
Le film est drôle, spectaculaire, touchant, et parfois très sombre. A qui s’adresse CHASSEURS DE DRAGONS ?
GUILLAUME IVERNEL : A tous, de 8 à 88 ans, nous avons essayé avec ce film de revenir à ce qui faisait l’essence des contes d’antan, mais avec une facture que nous avons voulue la plus moderne possible. Il est impossible d’oublier que les enfants vont voir leurs films accompagnés d’adultes. Pas question que l’un des deux s’ennuie. Ce doit être universel, et permettre une double lecture. CHASSEURS DE DRAGONS, c’est un peu « Tex Avery chez LE SEIGNEUR DES ANNEAUX 3 » !
ARTHUR QWAK : Le budget conséquent du film fait que CHASSEURS DE DRAGONS devait être un film familial. On ne donne pas 12 millions d’euros à deux inconnus pour ne s’adresser qu’à une élite de cinéphiles. La contrainte de l’universalité laisse un champ de création suffisamment vaste pour accepter la règle. Grâce au travail de Pixar ou au savoir faire des studios Ghibli de Miyazaki, le grand public se réapproprie toujours plus l’animation. C’est un support intéressant parce qu’il reste magique aux yeux des enfants comme des adultes et le conte est un genre qui se marie bien au dessin animé. CHASSEURS DE DRAGONS est aussi un film nourri de cette envie de renouer avec les premiers Disney, des histoires avec des personnages qui faisaient vraiment peur !
Pourquoi avoir choisi la 3D ?
GUILLAUME IVERNEL : J’ai toujours ressenti une sorte de frustration dans la manière d’aborder la fabrication d’un film en 2D. Mes univers correspondaient bien mieux au support de la 3D. En découvrant les immenses possibilités de cet outil, j’ai pu imaginer tout ce qui s’ouvrait devant moi.
ARTHUR QWAK : Lorsque l’on travaille avec la 3D, on a l’impression d’arriver en Oklahoma comme les pionniers et d’explorer une terre encore vierge. C’est une technique jeune qui évolue à toute vitesse d’année en année. Elle permet à la fois de créer un réalisme certain avec une vraie profondeur et de plonger immédiatement le spectateur dans un univers. Compte tenu de nos choix visuels, la 3D était l’option la plus adaptée.
Vous identifiez-vous plus à l’un des personnages du film ?
GUILLAUME IVERNEL : Oui. Arthur et moi, nous sommes assez Gwizdo / Lian-Chu, surtout parce que nous partagions le même problème de crédibilité. En fait, CHASSEURS DE DRAGONS est un film autobiographique ! Nous sommes les deux gueux de l’animation sur lesquels on a misé plusieurs millions d’euros, avec pour mission d’aller buter le dragon, alors que nous ne pouvions nous prévaloir d’aucune expérience comparable.
ARTHUR QWAK : On s’amuse souvent à dire que CHASSEURS DE DRAGONS est autobiographique : deux gueux mal dégrossis en quête de crédibilité vont tenter de vaincre le Bouffe Monde. Faire un film en 3D, c’est un peu vaincre le Bouffe Monde.
Au-delà de la blague, je ne cherche jamais à m’identifier aux personnages durant le processus d’écriture. Je m’efforce plutôt
de leur donner leur propre personnalité en restant à leur écoute. Il arrive parfois qu’un personnage refuse le scénario. Il choisit une alternative à laquelle vous n’avez pas pensé. Je pense notamment à la séquence où Gwizdo décide de faire demi-tour afin d’éviter l’affrontement final. Ça veut dire que le personnage commence à exister. A partir de l’histoire que vous lui avez prédestinée, c’est lui qui choisit quoi faire.
Et si vous ne deviez garder qu’un souvenir de toute l’aventure ?
GUILLAUME IVERNEL : Je dirais… quand pour la première fois j’ai eu en main le concept de CHASSEURS DE DRAGONS, juste quelque pages et dessins. Tout était déjà là, dans nos têtes, la même vision du projet, j’ai l’impression.
ARTHUR QWAK : Probablement la fin du premier pilote, une minute trente de film que nous avions projetée dans une salle de cinéma à Annecy. C’était un peu comme le début d’une grande aventure que nous pouvions enfin percevoir.
Dossier de presse : Le compositeur (Note de production)
Pour mettre en musique un univers aussi riche, il fallait un compositeur avec un énorme appétit d’horizons inédits. C’est Klaus Badelt, le compositeur de la musique de MIAMI VICE, CONSTANTINE et du premier PIRATES DES CARAÏBES, qui saisit sans hésiter l’opportunité.
"J’adore le cinéma indépendant, les talents que l’on y croise sont passionnants, et il y a toujours eu en France des talents novateurs, un creuset d’artisans remarquables. Après avoir travaillé longtemps à Hollywood, je cherchais une production plus personnelle, et CHASSEURS DE DRAGONS s’est imposé tout de suite, dès le premier contact. C’était si loin d’Hollywood, pas un autre film avec un pingouin… Tellement nouveau, rafraîchissant ! Et probablement l’un des plus beaux films d’animation que j’ai jamais vus. "
Quelles étaient vos références en abordant cet univers très particulier ?
C’est un film d’action, parfois aussi sombre que CONSTANTINE ou PIRATES DES CARAIBES ! Mais il fallait aussi maintenir la notion d’humour. Je l’ai considéré tout de suite comme un vrai film d’action d’un nouveau genre, pas un dessin animé. Pour les références, j’avais en tête aussi bien E.T. , LES GOONIES, ALIEN ou LE GÉANT DE FER ! Mais le plus important, c’est que c’était l’histoire d’une petite fille. Cette fillette innocente est mon repère dans l’histoire. Mes enfants s’y attacheront, et chacun peut se refléter en elle.
Vous avez construit votre musique en fonction des personnages ? De l’action ?
J’aime l’idée de la thématique, d’un thème par élément, par personnage. Mais la musique doit accompagner, suivre les couleurs des lieux sans dépasser le cadre de l’action, et pour aborder cette aventure mouvementée, c’est la petite Zoé qui a été ma référence. Alors j’ai écrit un thème principal, à même d’être ensuite décliné. Pour cela, j’ai dressé une liste de mots essentiels que m’inspirait CHASSEURS DE DRAGONS : aventure, bravoure, amitié, conte, tristesse… J’ai dressé une “checklist” de tout ce qui composait ce film, et j’ai moi-même composé en tenant compte de tout cela.
CHASSEURS DE DRAGONS est un univers très original, jonglant avec les références. Est-ce un handicap pour composer ?
C’était un rêve devenu réalité ! Une réalité imaginée de toutes pièces qui me permettait d’utiliser tous les types de musique, toutes les typologies d’instruments, sans les précautions auxquelles vous contraignent d’autres films ! A l’occasion de mon travail sur WU JI, j’ai découvert la Chine et sa musique. J’avais auparavant pu découvrir les instruments des pays de l’est. J’avais aussi à l’esprit des sonorités indiennes, des instruments japonais... Avec CHASSEURS DE DRAGONS, j’ai associé dans un même morceau des instruments russes et des flûtes africaines. Je n’avais aucune limite. Et comme tout est à inventer pour dépeindre ce monde, je ne me suis pas limité à la musique. J’ai été aussi très attentif à tout l’habillage sonore de CHASSEURS DE DRAGONS. Il fallait que l’atmosphère soit en complète harmonie, des bruitages d’ambiance aux thèmes musicaux…
La relation entre l’image et la musique est-elle encore plus forte lorsqu’il s’agit d’animation ?
Aux Etats-Unis, la relation entre le film et sa musique est essentielle. Le plus ignorant des producteurs en est convaincu. Pour Richard Donner, la qualité d’une musique vaut pour 50 % dans celle du film ! Je retrouve cette même considération en France, peut-être bien plus qu’avant. C’est une vraie responsabilité pour le compositeur, et il faut s’attacher à ce que la musique remplisse son rôle, sans pour autant en déborder. Maintenant, depuis quelques années, les films “non-live” ont beaucoup fait évoluer les choses, proposant de nouvelles approches à la création. La liberté que l’on y trouve est décuplée et l’investissement en tant que compositeur d’autant plus forte.
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