Critique New York 2140 [2020]

New York 2140 est un one-shot de science-fiction écrit par Kim Stanley Robinson, célèbre pour sa trilogie martienne. Publié chez Bragelonne et nominé au prix hugo du meilleur roman, ce récit nous entraine dans un futur où la montée des eaux a changé la face du monde et en particulier de la mégalopole new yorkaise désormais pourvue de canaux entre ses grattes ciels.

Nous y suivons les résidents d’un immeuble, enfin du MET devenu ensemble de logements depuis la montée des eaux, et leurs différents points de vue alors que les deux locataires du toit ont disparu et que l’inspectrice habitant l’immeuble enquête aidée d’une voisine pour comprendre ce qui se cache derrière tout cela. Le bâtiment est devenu une sorte d’habitat communautaire qui laisse présager une nouvelle organisation de société. Gen Octaviasdottir est inspectrice et connait au final peu ses voisins jusqu’à ce que Charlotte la présidente du syndicat de copropriété, avocate, débarque au commissariat. Les deux femmes seront également aidées par Vlade le concierge. Les embuches vont s’accumuler et les destins s’emmêler. Inutile d’en dévoiler plus sur l’intrigue qui mêle OPA et politique aux destins des habitants de la cité qui ne dort jamais.

New York est un véritable personnage du roman et pas seulement un décor futuriste. Cette nouvelle Venise post-apocalyptique aux multiples canaux, ces immeubles aux halls engloutis et ses habitants ayant réinventé leurs modes de vie et de transports sont autant d’éléments originaux qui créent une atmosphère originale pour ce thriller. Flirtant avec le roman d’aventures à certains moments, cette œuvre reste avant tout une déclaration d’amour à la grosse pomme avec de longues descriptions de New York. Roman choral, New York 2140 donne la parole à une galerie de huit personnages du trader cynique à une star des réseaux luttant pour la protection des espèces animales. Les personnages sont assez développés malgré l’alternance des points de vue et leurs arcs variés en ambiance et thématiques se concluent tous. Ce choix narratif offre à Kim Stanley Robinson l’opportunité d’aborder des thèmes forts, l’écologie bien sûr mais aussi une critique acerbe de la société consumériste. Certains passages, parfois longs, sont d’ailleurs dédiés aux méfaits de la finance mais globalement, le roman reste plus optimiste que beaucoup de dystopies récentes. Les one-shots de science-fiction ont souvent du mal à installer un véritable univers contrairement aux longues sagas mais il est ici facile d’imaginer la mégalopole immergée, ses dangers et ses secrets dévoilés au fur et à mesure de l’enquête de l’inspectrice.New York 2140 est un roman facile à lire malgré des longueurs qui met en avant la résilience de l’humanité et un futur plausible.