Critique L'Héritage des Ancêtres #1 [2021]

La tétralogie des Origines est une quadrilogie fantastique de Stéphane Przybylski mêlant archéologie, aliens et nazis. Riche en scènes cinématiques, cette saga a tout pour faire une belle adaptation sur écran ou autre format visuel. Les éditions Soleil nous propose ici la version bande dessinée sous le titre de Château des Millions d'Années (qui correspond au titre du premier roman) par Richard D. Nolane au scénario et Zeljko Vladetic au dessin. Projet audacieux et ambitieux ! Mais ce premier tome intitulé L’héritage des Ancêtres est superbe, dense et digne de la saga adaptée. 

Friedrich Saxhäuser est un héros de la Grande Guerre et un officier SS troublé par l’évolution du régime nazi dans les années trente. Espion ayant baroudé un peu partout dans le monde, il a aussi côtoyé Adolf Hitler lui-même. Camouflant ses doutes politiques, il accepte sur ordre d’Himmler d’accompagner une expédition archéologique en Irak. Nous sommes en 1939 et, Français et Anglais se partagent l’influence au Moyen-Orient. La présence des Occidentaux et l’arrivée de Juifs en Palestine sont des sources de tension que le Führer compte bien utiliser à son avantage. L’arrivée de l’Ahnenerbe, organisation chargée de prouver la supériorité de la race aryenne via l’archéologie, et donc de Saxhäuser en Irak, cache aussi des velléités diplomatiques pour s’allier au gouvernement local et faire reculer l’influence britannique.

Dans la vallée d’un affluent du Tigre, l’équipe de Saxhäuser fait une découverte exceptionnelle et dangereuse qui pourrait remettre en cause l’histoire de l’humanité. Mais encore faudra-t-il ramener une preuve jusqu’en Allemagne et pour cela Saxhäuser va devoir demander de l’aide à une maîtresse et surtout se montrer prudent et rusé.

D’une précision historique rare et riche en éléments politiques de l’époque, ce premier tome met en avant un personnage principal nazi ce qui est inhabituel. Saxhäuser est pourtant plus complexe qu’on pourrait le croire. Homme à femmes, espion, baroudeur, il est aussi assez haut dans la hiérarchie du parti pour être conscient des luttes internes. La paranoïa ambiante est palpable et le complotisme sous-jacent. La narration et le découpage très dense rendent ce premier opus de 56 pages déjà très riches en événements et rebondissements avec notamment la découverte vertigineuse du château des millions d’années et d’une technologie incompréhensibles qui pourrait faire basculer les rapports de force. Attendez-vous ainsi à beaucoup de dialogues, des bulles bien remplies et beaucoup d’éléments à prendre en compte. Richard D. Nolane soigne les détails dans cette entrée en matière et place tous les éléments clés de l’intrigue.

Côté dessin, le trait est vif, précis et acéré. Zeljko Vladetic a déjà collaboré avec Richard D. Nolane et le découpage suit parfaitement la narration. Les couleurs sont belles et travaillées pour rendre réalistes les éléments historiques et surprenants les éléments fantastiques. L’ensemble est beau et cohérent. Ce premier tome place bien le contexte et promet une série de qualité.