Critique Lazaret 44 [2022]
Avis critique rédigé par Nathalie Z. le lundi 4 juillet 2022 à 06h00
Un planet opera comme vous n'en avez jamais lu
Julien Heylbroeck nous offre à lire cet été un roman étonnant à la croisée des genres qui mêle polar glauque et planet opera dans un univers improbable et weird, une œuvre qui plaira aux rôlistes et aux lecteurs engagés par les thèmes forts abordés. Lazaret 44 est un one-shot audacieux destiné aux cœurs bien accrochés édité par les Moutons électriques. Ce petit bijou de littérature de l’imaginaire, ambitieux et irrévérencieux, vaut le détour ne serait-ce que pour le monde imaginé par l’auteur et son style très imagé.
Imaginez une cité protéiforme et répugnante, densément peuplée et ravagée par une maladie étrange, construite de bric et de broc sur le cadavre gigantesque d’un titan cosmique, l’Architeutis. L’ambiance est posée, le style de l’auteur vous permettra de sentir l’odeur putréfiée étouffant et les textures écœurantes des fluides et morceaux de corps prélevés sur ce cadavre immense, source de revenus pour les ouvriers locaux appelés entrailleurs. Cette ville se nomme Karkasstad et personne n’y vient pour se relaxer ou admirer le paysage.
C’est ainsi que le médecin Otto Knaargdier débarque, officiellement pour aider à soigner les malades du Sanglot. Ce mal que l’on ne sait pas guérir entraine des mutations infâmes et transforme les infectés en Boursoufflés, rejetés par la société et parqués dans un sanctuaire nommé Lazaret 44 dont ils ne reviennent jamais. Attraper cette maladie signifie ne plus jamais quitter Karkasstad. Mais notre mire a d’autres buts moins louables, une mission secrète pour sa guilde et un autre plus personnel.
Dans cette cité putride, des échevins s’opposent au gouverneur, des entrailleurs regroupés en syndicat sont prêts à faire grève pour de meilleures conditions de travail et des Boursoufflés ont échappé à la milice et se sont réfugiés dans les bas-fonds de la ville-viande. Knaargdier comprendra rapidement que ses missions vont l’obliger à se rendre dans le Lazaret 44, lieu craint et dissimulant des secrets inavouables.
Avec une narration à la Game of Thrones, chaque personnage a son propre chapitre, Lazaret 44 offre une voix aux différentes factions de Karkasstad. Les cycles commencent toujours par la voix de Knaargdier puis s’enchainent les différents protagonistes jusqu’à une interlude poétique, présage du climax à venir. Mis à part un personnage dans l’espace un peu à part, tous les destins finissent par se croiser ou s’influencer pour aboutir à une fin épique et soudaine. Le rythme se maintient tout au long du roman même si certains arcs sont plus prenants que d’autres. Mentions spéciales à Cocatrix, aux diverses croyances développées qui étoffent ce monde suintant si original, à l'alchinformatique et à la description de la cité si complète qu’on pourrait s’y promener et s’y repérer. Knaargdier avec son masque de docteur de la peste et l’ambiance presque fantasy urbaine, à la façon d’un Renaissance punk, font de ce roman un récit unique.
La conclusion de Nathalie Z. à propos du Roman : Lazaret 44 [2022]
Ce roman est unique, son style sensuel et son univers glauque et putride. Julien Heylbroeck vous convie sur Karkasstad, une cité bâtie sur le cadavre d’un géant au beau milieu de l’espace. Dans cette ville, les habitants survivent grâce aux morceaux prélevés sur l’immense corps mais les tensions s’accumulent et une maladie génère peurs et mutations. La tension est à son comble lorsque vous débarquez en compagnie d’un médecin aux intentions multiples. Lazaret 44 est un one-shot.
On a aimé
- L'univers très original
- L'atmosphère incomparable
- L'intrigue qui mêle polar, enjeux politiques et médicaux
On a moins bien aimé
- Un arc de personnage un peu à part
- Il faut l'estomac bien accroché
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