Critique Alien Rage [2013]

Critique de la version PS3

Le genre du FPS a beaucoup évolué depuis son explosion avec Doom (1993) en proposant des expériences bien plus diversifiées. Mais il reste encore des titres qui souhaitent revenir aux fondamentaux avec de l'action à outrance à l'image de Alien Rage.

Le FPS Alien Rage nous vient de Pologne et du studio CI Games (anciennement nommé City Interactive) alors connu pour des jeux de guerre comme les Sniper : Ghost Warriors ou des jeux d'aventures comme la série des Art of Murder. Un développeur/éditeur prolifique aux productions plus solides que le tout venant de la scène indé mais un cran au dessus des grands acteurs du marché. Un studio qui annonça dès 2012 un FPS dans une ambiance de SF action intitulé Aien Fear devenant finalement Alien Rage peu de temps après pour une sortie fin 2013 sur PC, PS3 et Xbox 306 seulement en dématérialisé. Il est à noter que les versions consoles ne proposent qu'une campagne solo (alors qu'il fut un temps envisagé de pouvoir jouer en coopération) tandis que la version PC comprend un mode multijoueur qu'il nous a donc malheureusement pas été possible de tester.

Le jeu prend place au milieu du XXIIIème siècle alors que les Humains ont quasiment épuisé toutes leurs ressources énergétiques. Heureusement pour eux, ils ont découvert un large astéroïde riche en promethium entraînant son exploitation. Cette nouvelle source d'énergie entraîne malheureusement la convoitise d'une race extraterrestre inconnue : les Vorus. Les deux races décident d'abord de collaborer pour se partager cette ressource. Les Vorus apprenent aux Humains comment récolter et se servir correctement du promethium tandis que les Humains jurent de ne pas s'en servir pour fabriquer des armes. L'humanité étant ce qu'elle est, une guerre éclate quand les Vorus se rendent compte des projets secrets humains. Ou alors ce n'était qu'un prétexte pour éliminer les humains de l'astéroïde. Dans tous les cas, vous incarnez Jack, un marine de l'espace chargé d'infiltrer le complexe minier de l'astéroïde complètement infesté de Vorus afin de le faire exploser...

Dans la plus pure tradition des FPS bas du front, Alien Rage n'offre qu'un scénario prétexte à un déluge d'action tout en ayant évidemment une approche série B souvent assez référentielle à travers ses dialogues. On plonge ainsi dans le classique conflit SF entre des humains du futur et des aliens belliqueux. Le tout mélangé avec l'espace, des robots ou encore une IA nous servant de guide. Ne cherchez aucun discours ni aucune profondeur dans ce scénario si ce n'est une humanité pas franchement innocente où la violence semble la solution à tous les problèmes... Le principal problème du scénario du jeu est avant-tout sa localisation en français. Les traductions ne sont pas toujours des plus parfaites et les sous-titres sont une plaie. Ils sont bizarrement synchronisés avec les dialogues et ressortent très mal sur les décors. De plus, ils sont impossible à lire pendant l'action faisant qu'on passe à côté de beaucoup de dialogues. Il reste néanmoins quelques saillies humoristiques réussissant à nous arracher des sourires. Un humour par ailleurs à l'image du jeu... Faut aimer quand c'est un gras quoi... Sinon on sent que les développeurs ont voulu s’inspirer de classiques comme Bioshock à travers les rapports audios d'une scientifique peu subtilement disposés sur notre chemin. L'idée de raconter la cohabitation puis le début des hostilités par ce biais n'est pas mauvaise. C'est juste que l'exécution est assez maladroite.

Même si l'on ne s'attend pas à une claque graphique, il faut néanmoins reconnaître que le jeu est assez beau dans son style SF industriel. Le complexe minier de l'astéroïde fait le job pour son ambiance futuriste avec des installations impressionnantes, des couloirs sordides, des machines improbables ou encore les panoramas galactiques. Même si l'ensemble manque un peu de variété et reste trop souvent dans des lieux plus ou moins sombres, on apprécie quand même la fin nous plongeant dans des installations aliens différentes. Il faut aussi dire que le manque de variété est le prix à payer pour une réelle cohérence artistique. Les Vorus sont peut-être un poil plus décevant car plus génériques et surtout assez peu dégrossés faisant qu'on a l'impression de buter des clones mal taillés à la chaîne. Tandis que les boss sont trop souvent sur le même modèle à savoir des sortes de robots/méchas bien balaises. C'est plus techniquement que le jeu montre ses limites en tant que FPS tout en couloirs (et arènes assez limitées). On sent que les développeurs ont du refréner leurs ambitions en étant assez légers sur les scripts qui font pourtant le sel des FPS sur cette génération de consoles.

On imagine sans peine que dans la tête de CI Games, le but derrière la création de Alien Rage était d'offrir un FPS avant-tout efficace apportant le lot d'action attendu par tout amateur du genre. Ni plus, ni moins. Le pari est en partie réussi car on a affaire à un jeu d'action très efficace si on accepte qu'il s'agit avant tout d'avancer dans des couloirs avec quelques zones plus ouvertes. Mais dans l'ensemble, ça reste du FPS à l'ancienne où l'on progresse en ligne droite en enchaînant des paquets d'ennemis ou boss à éliminer. Cela se fait évidemment à l'aide d'armes assez destructrices où l'on alterne principalement des fusils d'assaut, des fusils à pompes, des lances-roquettes et autres armes énergétiques. Sachant que chaque arme ont des tirs secondaires assez explosifs. Et pour les utiliser, les habitués d'un gameplay style Call of Duty et Battlefield seront en terrain connu. Le plus intéressant reste la profusion de bonbonnes de promethium qui pullulent dans les niveaux permettant de rendre les affrontements encore plus explosifs. Bref, il y a clairement de quoi contenter tout amateur de FPS cherchant avant-tout de l'action.

Malheureusement, Alien Rage semble destiné à la catégorie des « vite joué, vite oublié ». Il faut avouer que au bout d'un moment, la lassitude nous gagne un peu dans ce jeu trop répétitif au level-design pas vraiment inspiré. Le jeu tente néanmoins de se renouveler un minimum avec du rail shooter ou la possibilité de contrôler un mécha mais cela n'est pas réellement convaincant. On ne peut aussi s'empêcher de voir une certaine fainéantise de game design dans la manière dont les ennemis arrivent via des téléporteurs. Des ennemis à l'IA vraiment troublante tant ils sont capables de rester bien planqués que de venir un par un s'aligner devant votre viseur. Certaines joutes en arènes sont plus convaincantes offrant un réel sentiment de satisfaction une fois réussies. Par ailleurs, le jeu a pris le pari d'offrir une difficulté relevée qui est parfois frustrante tant on a l'impression que notre marine de l'espace n'est pas équipé pour de tels affrontements. Cela rend le jeu moins fluide puisqu'on doit constamment être sur ses gardes atténuant le côté bourrin/arcade souhaité par les développeurs. Enfin les combats de boss soufflent le chaud et le froid avec des gros sacs d'HP qui sont soit ridiculement faciles soit très pénibles à éliminer. Selon votre maîtrise, le jeu vous prendra environ 5 à 7 heures à être parcouru. Ce qui reste honnête pour une quinzaine d'euros.