Critique Wish - Asha et la bonne étoile [2023]

Critique de la version française

Pilier indispensable du cinéma, du divertissement de la pop culture mondialisés, Disney célèbre en 2023 ses 100 ans avec comme point d'orgue Wish - Asha et la bonne étoile qui porte un héritage un peu trop lourd sur ses épaules.

On peut dire que Wish est né sous une bonne étoile puisqu'on retrouve derrière ce projet deux noms associés à un des plus gros succès Disney de ces derniers années : La Reine des Neiges. En effet, l'idée de départ de Wish vient de Jennifer Lee qu'elle a confié à son collègue réalisateur Chris Buck. Les deux la développèrent d'abord avec la scénariste Allison Moore puis avec Fawn Veerasunthorn. Originaire de Thaïlande, on la retrouve derrière les story-boards de nombreux films d'animation Disney depuis 10 ans (dont La reine des neiges) avant de voir attribuer un poste clef sur Raya and The Last Dragon puis de co-réaliser son premier long-métrage avec Wish. Les 100 ans de Disney était pleinement dans la tête des concepteurs du film d'animation avec l'idée de rendre hommage à de nombreuses productions animées comme mettre en avant l'idée des souhaits et des étoiles qui sont centraux dans de nombreuses productions maison. La production propose aussi un style très à la mode à savoir des images de synthèse ayant l'apparence de dessins 2D, encore une fois en hommage au glorieux passé de la firme aux grandes oreilles. Le métrage sortit donc à l'automne 2023 sur les écrans du monde en entier pour un accueil critique comme public assez tiède.

Situé dans le royaume insulaire fictif de Rosas à l'inspiration méditerranéenne et médiévale, le film met en scène la jeune Asha qui croît dur comme fer au système mis en place par le Roi Magnifico. Ayant étudié la magie et connu un passé tragique, il décida de fonder un royaume où les vœux les plus chers de ses sujets seraient sous sa protection. Il a donc le pouvoir de les soustraire à ses sujets et d'en réaliser quelques uns lors d’événements spéciaux. Asha est par ailleurs sur le point de devenir l'apprentie de Magnifico en espérant aussi pouvoir faire en sorte que le vœux de son grand-père puisse se réaliser alors qu'il vient d'atteindre ses 100 ans. Malheureusement, son entretien d'embauche se déroule mal étant donné que Magnifico se sert des vœux pour contrôler la population ne souhaitant que réaliser les plus simples. Asha comprend que les espoirs et vœux les plus chers des siens sont pris en otage comme une forme de servitude. Après s'être emportée contre Magnifico, perdant donc ses espoirs d'emploi, elle fait le vœu le plus cher de rendre leurs aspirations à sa famille. Apparaît alors une étoile filante pleine de pouvoirs donnant notamment la parole à sa chèvre Valentino. Asha va alors tenter de délivrer les vœux de son grand-père comme de sa mère quitte à attirer les soupçons de ses 7 amis comme de pousser Magnifico à puiser dans une magie interdite voyant son système mis en péril.

Le scénario de Wish - Asha et la bonne étoile mélange un réel classicisme mais aussi un aspect novateur assez important. Les scénaristes avaient beaucoup d'idées sur ce qu'ils voulaient insérer dans le film mais semble avoir eu du mal à tisser une histoire assez solide pour pleinement convaincre. Le thème principal du film, ici novateur, est évidemment la dictature tournant autour du personnage de Magnifico, beau parleur faussement bienveillant qui règne sans partage sur son royaume nourrissant ainsi sa mégalomanie. Il est intéressant de voir comment le film montre une population abandonnant volontairement ses aspirations, ses vœux les plus chers, leur propre force vitale (le personnage de Simon est un bon exemple) pour obtenir une sécurité qu'ils jugent indispensables. De quoi entrer pleinement dans le débat liberté/sécurité qui est assez surprenant pour une production Disney. Malheureusement on a un peu de mal à croire au système qui nous est présenté où il faut vraiment le prendre comme une allégorie, un conte sans trop se poser de questions. Le film insiste évidemment sur la beauté des rêves, des vœux s’adressant ainsi parfaitement aux enfants. Quant à l'intrigue à proprement parler, elle s'avère assez quelconque et surtout très prévisible se contentent de dérouler ses actes avec efficacité mais sans pour autant réussir à nous emporter. La fin façon « pouvoir du cœur » peut aussi prêter à sourire. Peut-être parce que le film a d'autres projets.

En effet, Wish joue à fond la carte du centenaire des productions Disney en étant un hommage constant aux productions animées du studio aux grandes oreilles. Parfois ils sont assez bien faits quand il savent être subtiles comme les sept amis de Asha étant chacun une évocation des sept nains de Blanche-Neige. D'autres fois, ils sont vraiment lourds gâchant certains effets quant ils sont trop appuyés pour qu'on soit sûr que tout le monde ait bien compris ou encore quand le clin d'oeil vient ponctuer une scène alors assez forte pouvant ainsi perdre toute sa magie... Cette volonté manifeste d'enchaîner les références plombe le film pour les spectateurs les plus âgés tandis que les plus jeunes n'en souffriront pas trop. L'autre soucis du métrage est clairement sa direction artistique qui se veut une influence de cultures européennes comme arabes donc méditerranéennes avec une très grande diversité parmi les habitants. Alors oui on peut penser aux gravures médiévales comme de la Renaissance mais l'ensemble manque tellement de cachet. La direction artistique s'avère donc trop convenue et le royaume de Rosas manque clairement de personnalité le rendant peu mémorable. Seuls les représentations des souhaits comme des bulles de savon et l'étoile filante trognon à souhait sont plus remarquables.

Wish est aussi une comédie musicale dans la pure tradition des films d'animation Disney. Confiées à Julia Michaels et Benjamin Rice, les chansons ne sont pas non plus des plus convaincantes s'avérant très classiques. Elles sont certes agréables mais bien moins mémorables que ce que Disney a su nous proposer jusqu'à très récemment. On retiendra surtout Ce n'est plus mon roi et son esprit révolutionnaire servant parfaitement le propos du film autour de la dictature, des rêves et des aspirations. Mais là où le film s'avère le plus décevant à mes yeux c'est d'un point de vue technique. Wish regarde tellement vers le passé qu'il en oublie que Disney est un pionnier de l'animation (aussi via Pixar) et qu'il se doit de toujours avoir une longueur d'avance sur la concurrence. Et ce mélange d'animation 3D avec apparence 2D est un mode qui commence à durer depuis plusieurs années dans l'animation à partir de Spider-man : The New Generation en passant par Le Chat Potté 2  ou Ninja Turtles : Teenage Years. Néanmoins, la technique n'est ici pas autant au point car la patine 2D est certes bien présente mais pas forcément des plus justifiables. Le film est beau mais il s'avère peu impressionnant et surtout offre une sorte de régression dans la qualité d'animation des fourrures comme des cheveux et autres effets difficiles à maîtriser. Bref, la claque de Elémentaire de cet été n'est pas prête d'être atteinte alors que les budgets des deux films sont assez similaires, autour de 200 millions de dollars. Mais encore une fois, ces constations ne doivent pas masquer que le film reste un émerveillement aux yeux des plus jeunes complètement emportés par sa beauté.

Néanmoins les studios d'animation Disney qui sont derrière le film n'ont pas perdu leur magie. La qualité est bien au rendez-vous notamment les animations faciales des personnages humains comme des animaux ou de l'étoile filante fonctionnant parfaitement. Les numéros chantés sont aussi très bien chorégraphiés permettant un spectacle toujours aussi magique auprès des plus jeunes. On retiendra aussi la magie utilisée par Magnifico qui prend des formes assez intéressantes avec une direction artistique n'étant pas sans rappeler Maléfique de La Belle au bois dormant. Après les deux volets de La Reine des Neiges, Chris Buck démontre une fois de plus qu'il est un chef d'orchestre efficace capable de donner vie comme il faut aux passages musicaux comme faire exister ses personnages avec efficacité. Mais il peine encore à consolider une histoire crédible de bout en bout. L'apport de Fawn Veerasunthorn n'aura donc pas été décisive sur ce point même si on peut penser qu'elle est tout aussi responsable de la qualité globale du métrage et on espère la voir sur d'autres projets. Pour ce qui est du casting vocal français, il est de qualité se reposant sur des acteurs français expérimentés tels que Lambert Wilson (Magnifico), Isabelle Adjani (la reine Amaya) ou Gérard Darmon (Valentino) secondés par des professionnels du doublage dont Océane Demontis parfaite en Asha permettant de rendre cette nouvelle héroïne Disney très attachante.

On vous le conseille si vous aimez Aladdin, Raiponce, La Reine des neiges 2...