Critique The Last of Us : Left Behind [2014]

Critique de la version PS3

Devenu instantanément culte, l'exclusivité PS3 The Last of Us s'est offerte un DLC avec Left Behind, qui lui aussi fera date...

La saga The Last of Us est décidément celle des premières fois pour l'iconique studio Naughty Dog. Première fois que les Californiens créent deux licences sur une même génération de console (aux côtés de Uncharted), première fois que deux jeux y sont développés en même temps et première fois qu'un de leur jeu propose un DLC narratif. Et comme on ne change pas une équipe qui gagne, les compères Bruce Straley et Neil Druckmann (aussi scénariste) restent les réalisateurs de ce projet qui se concentre sur le personnage de Ellie. Avec une musique une nouvelle fois composée par Gustavo Santaolalla, le DLC sort d'abord en février 2014 sur PS3 puis quelques mois plus tard sur PS4 avant d'être systématique implémenté dans les différents portages de The Last of Us.

Le jeu se déroule sur deux temporalités. D'une part pendant l'aventure principale au moment de l'hiver où Joel est blessé avec Ellie devant impérativement trouver de quoi le soigner comme le transporter. Elle va ainsi devoir explorer un centre commercial vide où elle n'est évidement pas seule... En parallèle, on retrouve Ellie à Boston quelques semaines avant les événements de The Last of Us alors qu'elle est réveillée par son amie Riley dans son pensionnat d'école militaire. Riley est ici clandestinement car elle a rejoint les Luioles, vues comme un groupe terroriste par le pouvoir en place dans la ville. Ellie n'a pas vu Riley depuis un moment alors que les deux semblaient en froid. Néanmoins, Ellie décide de faire le mur et d'accompagner son amie dans un centre commercial vide. Une sorte de parenthèse histoire de recoller les morceaux et pour nous joueur d'en apprendre un peu plus sur l'héroïne notamment l’origine de sa morsure.

On le sait depuis Walking Dead, tout bon univers post-apocalyptique composé d'infectés doit surtout proposer d'excellents personnages pour briller. C'était le cas de The Last of Us avec cette relation si particulière entre Joel et Ellie notamment parce que les personnages étaient crédibles. Neil Druckmann avait parfaitement donné vie à Ellie, personnage très attachant, tout en n'oubliant jamais d'en faire une adolescente de son âge ayant la naïveté d'une enfant n'ayant pas connu le monde d'avant. C'est avec réel plaisir qu'on la suit dans ce DLC sur deux époques où elle nous offre les deux faces de sa personnalité. Une Ellie implacable en survivante courageuse comme désespérée au présent tandis qu'on suit une adolescente un peu désemparée mais avide de découvrir le monde dans le passé. Deux facettes d'un même personnage agréables à découvrir même si on retient plus les passages dans le passé. Déjà parce qu'ils sont plus narratifs et originaux mais surtout parce que la relation entre Ellie et Riley est aussi rafraîchissante que complexe. Les amies tentes de s'amuser alors que les non-dits flottent entre elles. On apprécie notamment la manière dont le scénario nous parle de la perte d'innocence de deux adolescentes souhaitant à tout prix s'y accrocher alors que le monde autour d'elles fait tout pour leur rappeler une réalité bien trop sordide comme désespérée. The Last of Us : Left Behind nous montre ainsi comment une apocalypse et la folie des hommes pervertissent sans ménagement la pureté des sentiments de jeunes adolescentes confrontées au pire.

Passons rapidement sur la technique et les graphismes qui sont dans la lignée du jeu principal à savoir très impressionnants comme très solides. Les équipes de Naughty Dog font encore parler leur talent avec ces deux centres commerciaux aux ambiances assez différentes mais réussies car fonctionnant un peu comme le miroir de l'état d'esprit d'Ellie. Les musiques de Gustavo Santaolalla restent de qualité accompagnant comme il se doit cette double-errance de notre héroïne. Pour ce qui est du gameplay, les nouveautés ne sont pas toujours très convaincantes. Il faut savoir que le DLC dure environ 3 heures (contre 10 euros, faîtes vous votre avis...) et que les deux temporalités sont mélangées avec le passé étant au final purement narratif pendant les deux premières heures. A la limite du walking simulator par moments. The Last of Us ne nous avait pas habitué à être aussi passif ce qui peut rebuter par moments. Heureusement que la dernière heure offre un peu plus de variété plutôt surprenante comme un final haletant. Tandis qu'au présent, on reprend les mécaniques d'exploration, d'action, d'infiltration, de craft et de survival-horror du jeu principal. Avec toujours ue grande qualité sachant que Ellie peut certes se faufiler dans des endroits plus étroits mais est bien moins résistante que Joel. Les quelques puzzles sont agréables et l'errance d'Ellie dans le centre commercial se ponctue par des scènes d'action assez ardues apportant une très agréable nouveauté : les humains comme les infectés peuvent vous attaquer en même temps. Enfin, sauf si vous êtes assez discrète en poussant les deux « camps » à s'affronter pour vous occuper silencieusement de ceux qui restent. Une idée très bien mise en place renouvelant l'expérience du jeu vers plus d'infiltration.