Critique Free Guy [2021]

Avis critique rédigé par Bastien L. le dimanche 20 octobre 2024 à 09h00

Free City Stories

Le cinéma et le jeu vidéo ont une relation aussi fusionnelle que compliquée si on se penche sur les adaptations d'un média vers l'autre qui sont nombreuses mais rarement pleinement satisfaisantes. Il existe aussi des films qui veulent mettre en scène le jeu vidéo en général dont notamment Free Guy en 2021.

Le projet naquit en 2016 sous la plume du scénariste Matt Lieberman qui réussit à vendre son script à la 20th Century Fox puis tapa dans l'oeil de Ryan Reynolds alors star maison grâce au succès de Deadpool. Ce dernier réussit à convaincre le réalisateur américain Shawn Levy de développer le projet alors qu'il travaillait sur ce qui allait devenir Uncharted. Cette histoire de PNJ (Personnage Non Jouable) prenant vie au sein d'un jeu vidéo semble logique au regard de la filmographie de Levy surtout connu pour La nuit au musée, une trilogie où de nombreux objets inanimés prennent vie. Il a déjà aussi œuvré dans la science-fiction avec Real Steel ayant reçu un accueil plutôt positif. Reynolds et Levy officient en tant que producteurs (aux côtés de Greg Berlanti notamment) et confièrent le peaufinage du script à Lieberman accompagné de Zak Penn qui venait d'officier sur un projet aux similitudes assez fortes, Ready Player One, dont on reparlera. Le tournage eut lieu principalement en 2019 dans la région de Boston et la production se fit pendant le rachat de la Fox par Disney qui soutient le projet. La sortie du film fut impactée par le Covid-19 étant plusieurs fois repoussée avant de débarquer sur nos écrans à l'été 2021 pour un résultat assez positif tant critique que public (le film remporta trois fois sa mise d'environ 100 millions dollars) grâce à un sujet dans l'air du temps confirmant le statut de star de Ryan Reynolds secondé par des acteurs en devenir comme Jodie Comer et Joe Keery.

Le film prend place dans (ainsi que autour) du jeu vidéo très populaire Free City où l'on fait la connaissance de Guy (Ryan Reynolds), un PNJ employé dans une banque à la vie très tranquille. Il doit juste faire face au chaos créé par les porteurs de lunettes notamment le braquage plusieurs fois par jour de sa banque où il peut néanmoins converser avec son meilleur ami, le garde de sécurité Buddy (Lil Rel Howery). Un jour, il pose ses yeux sur une étrange porteuse de lunettes (Jodie Comer) dont il tombe immédiatement amoureux. Afin de pouvoir l'approcher, il décide de voler des lunettes et de tout faire pour l’impressionner afin de pouvoir la fréquenter. Sauf que Guy n'est censé être qu'une intelligence artificielle basique attirant l'attention du programmeur Keys (Joe Keery) qui va tenter de l'éliminer pensant qu'il s'agit d'un joueur ayant hacker Free City. Au même moment, il est approché par Millie (Jodie Comer) avec qui il avait développé un projet de jeu vidéo qui avait été repris et transformé par Antwan (Taika Waititi) afin d'en faire un titre bien plus populaire et surtout profitable. Sauf que Millie reproche à Antwan d'avoir volé beaucoup du projet créé avec Keys. Elle arpente ainsi le jeu sous le pseudonyme de MolotovGirl (dont Guy est amoureux) afin de récolter des preuves du vol. Le problème, c'est que ni Keys ni Millie ne savent que Guy est une IA alors que lui ignore aussi complètement qu'il vit dans un monde virtuel...

Free Guy est un film plaisant qui fonctionne bien notamment grâce à son scénario. Il n'est certes pas complètement satisfaisant en se permettant beaucoup de facilités par moments mais il offre une très bonne introduction. Le monologue de Guy pour introduire sa ville de Free City est très efficace permettant de parfaitement poser un univers qui se veut assez accessible pour les non-joueurs. Il y a aussi ce côté rafraîchissant d'avoir enfin un projet ambitieux dans la case blockbuster hollywodien qui n'est ni une suite ni une adaptation. L'intrigue est avant-tout efficace en étant malheureusement trop rapidement mise sur un chemin balisé avec des enjeux simples comme des personnages qui ne sont pas les plus profonds qui soient. Les allers-retours entre le jeu et la réalité sont parfaitement gérés et l'on rit souvent via des gags bien pensés offrant un spectacle bien rythmé. Il reste néanmoins dommage que le scénario n'offre pas plus de folie et se contente de baliser son propos et de construire assez paresseusement ses différents actes. On peut aussi regretter que le film perde peu à peu son ton un peu mordant du début pour devenir de plus en plus gentillet au fur et à mesure comme s'il fallait avant-tout qu'il se donne bonne conscience. Au niveau des thématiques abordées par l'histoire, le film en aborde plusieurs sans vraiment s'y engouffrer pleinement. Il y a bien sûr l'idée d'un amour impossible entre une IA et une humaine ou encore tout un discours assez peu subtile sur le jeu vidéo entre les indépendants aux idées pures et le grand patron ne cherchant que le moyen de se faire le plus de pognon. Evidemment le thème principal est celui de l'intelligence artificielle où l'on se demande ce que c'est d'être vivant. Il y a donc cette opposition entre un Guy bien plus vivant à poursuivre ses rêves face aux rancœurs et espoirs déçus de Millie et Keys semblant passer à côté de leur vie. Le personnage de Buddy illustre aussi bien cette idée dans le sens où il préfère rester à quai plutôt que d'embrasser sa destinée aux côtés de Guy...

Free Guy est un film de science-fiction via cette IA qui prend vie mais qui lorgne surtout du côté de l'anticipation tant tout est rationalisé et pourrait s'avérer probable dans les grands lignes dans un futur plus ou moins proche. Mais ce qui nous intéresse le plus, c'est le jeu vidéo imaginaire Free City qui est mis en avant. La production ne semble pas avoir pris de risque pour créer ce MMORPG orienté action puisqu'il fait penser à des titres très populaires. En premier lieu, il s'agit de GTA Online pour son ambiance urbaine « réaliste » et un gameplay semblant axé sur les braquages, la criminalité et la personnalisation poussée de son avatar comme de ses planques (on en voit plusieurs dans le film étant assez réussies). Il y a aussi une touche de Fortnite via l'aspect visuel comme l'omniprésence des danses effectuées par les avatars. La direction artistique fonctionne assez bien avec une réelle cohérence pour Free City où baigne une certaine vision de l'amusement vidéoludique via les interfaces des joueurs très colorées. On retient aussi la bonne idée d'une photographie plus chaude si on est dans le jeu que celle plus froide pour le monde réel. Le film tente aussi de nous parler de jeu vidéo en général avec cette univers virtuel très addictif (mais pas en réalité virtuelle) se rapprochant ainsi de Ready Player One. Même si le métrage de Shawn Levy diffère beaucoup de celui de Steven Spielberg, il y a quand même cette idée de relations nées virtuellement ayant de forts impacts sur le présent et que la destinée d'un monde réel se joue avec celui virtuel. On reste malheureusement dans le schéma trop classique de la méchante entreprise de jeu vidéo aux mains d'un boss tyrannique un peu fou qui s'avère beaucoup trop caricatural pour convaincre. De plus, on reste sur notre faim concernant le portrait qui est fait des joueurs qui prennent souvent chers chez Hollywood et l'écueil n'est pas complètement évité ici avec des clichés qui ont la vie dur. Free Guy a aussi une manière assez curieuse d'utiliser ses références aux œuvres et mondes vidéoludiques avec un côté assez sage par moments avant que certaines séquences nous inondent de vidéastes les uns après les autres ou encore cette fin qui est une orgie un peu ridicule de références pop culture qui lorgnent du côté des productions appartenant à Disney...

Avec tout ça, Shawn Levy a réalisé une œuvre satisfaisante démontrant son savoir-faire en ce qui concerne la comédie (c'est de là qu'il vient), sa gestion des effets-spéciaux mais aussi l'action qu'elle soit dans l'émotion ou plus cartoon. On peut en revanche être plus mesuré en ce qui concerne les scènes dramatiques où il tombe rapidement dans la facilité de la caméra à l'épaule qui tremble un peu. Néanmoins, il démontre qu'il est un réel artisan du cinéma actuel, un faiseur assez talentueux qui offre des spectacles plaisants de bout en bout. Les effets-spéciaux sont par ailleurs de grande qualité même si on frôle l'overdose d'images de synthèse. Mais c'était la condition pour donner vie aux scènes d'action très explosives du film. On retiendra surtout la scène où Guy est poursuivi par des avatars de développeur qui manipulent en direct le code du jeu. Free Guy offre aussi un bon écrin pour Ryan Reynolds (Green Lantern, Deadpool...) qui démontre avec Guy qu'il est un des meilleurs dans le mélange d'action et de comédie. Il offre son sens du timing et joue parfaitement le benêt naïf notamment lorsqu'il fait l'amoureux transi. Il dispose aussi d'un physique crédible dans les scènes d'action où il ne chôme pas. En face de lui, on retrouve Jodie Comer (Thirteen, Killing Eve...) qui démontre son statut d'actrice montante en incarnant avec conviction le personnage de Millie et l'avatar MolotovGirl qu'elle s'est créée. A ses côtés, il y a Joe Keery (Stranger Things, Slice...) qui incarne bien l'intériorité du personnage de Keys passant à côté de sa vie. On retient aussi Lil Rel Howery (The Charmichael Show, Get Out...) parfait dans la bonne humeur forcée de son personnage devenant parfois assez communicative. Enfin, dans le rayon des seconds rôles, le pauvre Taika Waititi en fait des caisses et cabotine à fond dans le rôle d'Antwan qui n'est pas le plus finement écrit... On peut aussi noter l'implication assez improbable de Channing Tatum en avatar d'un joueur star dont l'aspect d'adulte puérile transparaît souvent.

La conclusion de à propos du Film : Free Guy [2021]

Auteur Bastien L.
72

Free Guy est un mélange de comédie, d'action et de science-fiction/anticipation plaisant. Une œuvre divertissante et bien rythmée. On y apprécie les aventures vécues par Guy au sein du jeu fictif de Free City dans une intrigue qui fonctionne même si trop balisée. La réalisation efficace de Shawn Levy, les effets-spéciaux impressionnants et la partition de Ryan Reynolds en font une comédie d'action agréable. Néanmoins, il faut rester lucide sur ses défauts ainsi que son classissisme sur de nombreux points.

On a aimé

  • Un projet original offrant un solide divertissement
  • Le faux jeu Free City
  • Un casting solide

On a moins bien aimé

  • Un scénario balisé
  • Les passages dramatiques
  • Un antagoniste assez ridicule de cabotinage

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