Critique Blade Runner #1 [1976]

Avis critique rédigé par Manu B. le lundi 26 septembre 2005 à 05h18

Le livre qui engendra le film culte

« Le déclic de l’orgue d’humeur situé près de son lit réveilla Rick Deckard ? Agréablement surpris, comme chaque jour, par la qualité de son éveil, il se dressa dans son lit puis, debout dans son pyjama multicolore, il étira ses membres. Dans le lit jumeau, sa femme Iran ouvrit des yeux gris sans joie, cligna deux ou trois fois des paupières en grognant, puis referma les yeux. - Tu n’as pas réglé ton Penfield assez haut, lui fit-il observer. Je vais arranger ça, et tu te sentiras bien réveillée… - Touche pas à mon orgue ! (sa voix était pleine de rancœur.) Je ne veux pas me réveiller. Il s’assit à côté d’elle, se pencha et lui expliqua doucement : - Si tu règles la décharge de manière à ce qu’elle soit assez forte, tu serais heureuse de te réveiller. C’est tout l’intérêt de la chose ! Tu mets le bouton sur C et tu atteins d’un seul coup à la conscience éveillée. Comme moi… »
Le monde selon Dick. Ce qui caractérise le travail, les oeuvres de Philip K Dick, c'est la richesse de ses univers où le lecteur finit parfois par ne plus savoir où est la réalité. Il a l'art, le don de superposer deux réalités, voire plus, sans qu'on s'en rende compte (Ubik, le dieu venu du centaure, la nouvelle "the impostor") C'est le seul écrivain à pourvoir manier également les mondes où la précognition est si bien maîtrisée (loterie solaire, Minority report)
L'empathie. Ce roman insiste sur cette notion d'empathie: "Capacité de se mettre à la place de l'autre et de ressentir ses sentiments et ses émotions." Ainsi donc, ce que suppose l'auteur, c'est ce qui nous différencie de tout autre être vivant. En effet, aucun animal n'est capable de ce genre de sentiment. Aussi, dans un futur plus ou moins proche, en imaginant que l'homme aura pu concevoir un androïde à l'image si parfaite que l'homme lui-même ne sera pas capable de le distinguer d'un être humain, l'empathie sera le seul moyen de découvrir la vraie nature de l'androïde. C'est le postulat de base. C'est la raison d'être des blade runners: pourchasser les androïdes rénégats. Dick s'interroge, par le biais des androïdes, à notre manière d'être humain. Perd on notre humanité, dès lors que l'on perd toute empathie, même brièvement ? Inversement, pourquoi refuser une humanité, même d'un autre genre, à une autre forme d'entité, sous prétexte qu'elle manque d'empathie ?
Le monde en danger. Blade runner est une fable sur notre humanité, une découverte de qui l'on est (ou sera) dans la mesure où le monde est gravement atteint. Je veux dire, notre planète Terre. En effet, ce monde cybernétique, pour ne pas dire cyberpunk, que décrit Dick, est bel et bien malade. La pollution fait rage, ou a fait rage. Ce monde pollué, ou chacun ressent le besoin d'acheter un animal de compagnie, est peut-être celui de demain. En tout cas, on y va tout droit.
Un mot sur le film. Le film qui marqua toute une génération est donc blade runner alors que le nom original du roman était bel et bien les androïdes rêvent ils de moutons électriques ? Déjà, le titre montre la différence notable entre le roman et son adaptation sur grand écran. Ridley Scott nous a fait un formidable produit esthétique dont beaucoup de jeunes réalisateurs se sont inspiré. Comme dit avant, le roman repose sur la réflexion de l'empathie, ce que le film effleure trop à mon avis, même s'il reste, pour moi, culte.

La conclusion de à propos du Roman : Blade Runner #1 [1976]

Auteur Manu B.
90

Un fin fort différente du film, mais tout aussi magnifique qui perdure, lorsque l'on a refermé ce roman.

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  • L'univers dickien
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