Critique La Fille qui en savait trop [1963]

Avis critique rédigé par Nicolas L. le mardi 11 octobre 2005 à 11h52

Un véritable et habile jeu de pistes

Le début du film n’est composé que de fausses pistes
La narration commence dans un avion, comme si le cinéaste nous invitait à un voyage dans un roman policier (la fille en l’un d’ailleurs un) et les longs plans de la scène sur une musique un peu décalée de Adriano Celentano ajoute à la notion de fiction.
Le jeu de pistes commence également dans cet avion, où on offre à l’héroïne un paquet de cigarettes, geste anodin qui paraît sans conséquences, sauf qu’arrivé à l’aéroport, le généreux donateur se fait arrêter pour trafic de marijuana cachée… dans des paquets de cigarettes ! Ne parvenant pas à se débarrasser de l’encombrant objet, elle le dissimule dans sa poche, jetant le doute dans l’esprit du spectateur qui se demande comment elle va pouvoir se sortir de ce mauvais pas. Et, surprise ! A partir de la séquence suivante, on n’entend plus parler de cette affaire – le spectateur cependant, n’arrête pas d’y penser – jusqu’à la scène finale ou retrouvant par hasard le paquet au fond de sa poche, elle le jette en déclarant ; ‘’c’est mauvais de fumer, j’arrête !’’. Superbe Red Herring qui aurait enchanter Sir Alfred lui-même.
Le début du film n’est en fait composé que de fausses pistes. La scène du paquet de cigarettes ne sert qu’à égarer le public, le décès (accidentel ? peut-être, mais on soupçonne dés le début une machination du docteur) de la tante ne sert finalement qu’à faire sortir en pleine nuit l’héroïne pour espérer trouver du secours, et le vol du sac à main uniquement à faire tomber la fille au sol pour nous entraîner (et elle aussi d’ailleurs) à douter de la fiabilité de ses sens.
Une véritable toile d’araignée
Puis, comme pour un puzzle, Mario Bava dispose les indices avec soin, presque dissimulés, comme le pull sur lequel est absent le bouton et dont Lara s’empare un peu vite dés que la fille s’y intéresse de trop près – On apprend ensuite qu’elle le portait lors de l’assassinat. Les références aux films d’Hitchcock sont nombreuses, mais seules la scènes de l’assassinat sur la place ramène à L’homme qui en savait trop.
Non, Bava, il le confirmera par la suite de sa carrière, préfère le macabre et la Fille… fait plutôt penser à Psychose, auquel on aurait rajouté le thème du faux coupable (le sans abri) et un chevalier servant de pacotille (John Saxon, excellent). Comme le maître, Bava incluse de nombreuses scènes d’humour très réussies, comme lorsque la fille, appréhendant d’âtre surprise dans son sommeil, tisse une véritable toile d’araignée avec du fil dans l’appartement, piège dont sera le seul à tomber le gaffeur de service, ou la géniale scène de l’hopital lorsque l’on s’aperçoit que la fleur qui s’épanouit devant la caméra pour laisser apparaître le visage de l’héroïne en gros plan est en fait composée de coiffes de nonnes vues de dessus.
Certaines scènes frôlent le marivaudage cher au Hitchcock de la période anglaise, mais contrairement au cinéaste britannique, les rôles sont inversés car le personnage central est en fait une femme, ainsi que tous les autres personnages d’importance. Les hommes ne servant que de main d’œuvre, comme le mari de Lara, complètement asservi, ou le personnage de Bassi, amoureux éconduit pendant presque toute la totalité du film.
Le final, lorsque la fille pousse la porte du bureau, bizarrement déverrouillée, et pénètre dans un univers différent, cauchemardesque, atteint son paroxysme avec la mort de Lara tuée de deux balles qui traversent la porte et laissent entrer un rai de lumière christique ressemblant fortement à une lumière de vérité.

La conclusion de à propos du Film : La Fille qui en savait trop [1963]

Auteur Nicolas L.
90

En pleine période Hitchcokienne, Bava nous offre une œuvre sympathique, truffée de références qui font frémir de plaisir les cinéphiles. La Fille qui en savait trop débute comme un film policier, dévie sur le surnaturelle puis se raccroche au thriller à travers un véritable jeu de piste. Car la Fille… est avant tout un hommage à la littérature policière. Bien sur, l’influence du maître est omniprésente, et comme Brian DePalma, Bava non seulement ne le cache pas mais en plus le revendique, même à travers le titre du film qui est sans équivoque. Une véritable leçon de cinéma.

On a aimé

  • Scénario habile et captivant
  • Réalisation impeccable
  • Interprétation parfaite

On a moins bien aimé

  • Vous aimez le noir et blanc rétro ?

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