Critique Une créature de rêve [1986]
Avis critique rédigé par Nicolas L. le mercredi 7 décembre 2005 à 09h32
Un fantasme bien encombrant, mais si charmant…
Gary et Wyatt sont deux adolescents peu virils et plutôt coincés. Ils passent leurs journées au lycée à reluquer les filles en bavant et à se faire chahuter par leurs camarades masculins plus dégourdis qui ont trouvé là deux parfaits boucs émissaires.
Un soir de délire, en jouant avec leur ordinateur, ils créent, à partir de photos extraites de la presse masculine, une véritable ‘’créature de rêve’’ qui se matérialise devant leurs yeux.
Dénommée Lisa, cette bombe va mettre la révolution dans la vie quotidienne des deux jeunes gens, notamment lorsqu’elle décide de prendre en main leur éducation.
John Hughes est habile dans les films d’adolescent, on le sait, et il suffit de re-visionner les excellents Breakfast Club ou 16 Bougies pour Sam pour s’en souvenir. C’est un maître pour traiter les problèmes existentiels des jeunes, de manière sérieuse, sans se vautrer dans l’eau de rose ou le patos bas de gamme. Dans Une Creature de Rêve, il choisit le traitement par l’absurde et la métaphore, tout en se basant sur une trame dramatique assez classique et habituelle des films de teenagers. C’est cette accroche réaliste, comme dans la Folle Journée de Ferris Bueller par exemple, qui fait que le film ne sombre jamais dans le ridicule. Les deux jeunes gens traversent au cours de cet extrait de vie les épreuves habituelles ; des parents aimants mais un peu ‘’largués’’, un frère aîné chiant comme la pluie, des grands-parents envahissants, des relations sociales difficiles, et surtout la difficulté d’affirmer sa maturité sexuelle.
Le facteur déclencheur de cette comédie est bien entendu Lisa, cette bombe sortie tout droit des fantasmes de deux ados obsédés. Symbole incarné de la sexualité exacerbée, elle produit un effet d’attraction / répulsion sur Gary et Wyatt, une attitude ambiguë amplifiée par l’absence totale de pudeur de cette jeune femme à l’assurance hors norme. Au cours du métrage, elle permet à Gary et Wyatt de réaliser qu’il n’est pas sain, ni agréable d’ailleurs, de griller les étapes et qu’il suffit d’appréhender les évènements les uns après les autres. Une playmate philosophe ? Incroyable, non ?
Véritable concentré tonique issu du trop plein hormonal des deux post-pubères, Lisa va les aider, de manière très radicale, à résoudre quelques problèmes relationnels quotidiens, puis va achever sa mission par l’organisation d’une gigantesque party chez Wyatt. Le but de cette soirée étant bien entendu, en plus d’accélérer l’intégration des deux ados, de les amener à rencontrer des personnes qui leur correspond mieux : deux jolis jeunes filles de leur age. C’est durant cette dernière partie que le film part dans le délire le plus totale – cela me fait d’ailleurs penser notamment à la Party, de Blake Edwards, avec la même fin en apothéose.
On y voit en effet se pointer en pleine fête une bande de loubards, qui se mettent à terrifier toute l’assistance et à endommager plus que sérieusement le mobilier. Les membres de ce gang à moto complètement dingues - composé de Vernon Wells (Mad Max 2) et de Michael Berryman (La Colline a des Yeux) dans leurs propres rôles mythiques !- vont contribuer à transformer nos deux amis en héros, et les voyous, matés, finiront par se retirer piteusement, en se confondant en une pléthore d’excuses polies. Une séquence vraiment très drôle. Puis, voyant son rôle terminé, Lisa se retirera dans les limbes, laissant Gary et Wyatt profiter de leur nouvelle existence.
Un des gros points forts de cette comédie fantastique est la prestation des principaux interprètes, tous excellents. Dans le rôle de Gary, on trouve Anthony Michael Hall, un jeune acteur très talentueux et expérimenté qui est d’ailleurs un comédien récurrent dans la filmographie de John Hughes. L’autre personnage principal, Wyatt, est incarné par Ilan Michael Smith, un acteur découvert très jeune – sur Daniel, par Sydney Lumet – et qui a hélas abandonné sa carrière cinématographique au début des années 90 – en fouillant sur le web, j’ai découvert qu’il était aujourd’hui professeur de lettres anglaises dans une université du Texas. En plus des autres rôles déjà notés, on peut aussi relever l’interprétation délicieusement excessive de l’injustement mésestimé Bill Paxton dans le rôle de Chet, le frangin odieux de Wyatt.
La conclusion de Nicolas L. à propos du Film : Une créature de rêve [1986]
Sous l’apparence d’une grosse farce potache, une créature de rêve dissimule habilement une critique acidulée et poétique sur le passage de l’adolescence à l’age adulte. Une transition délicate et parfois douloureuse, une épreuve à la difficulté amplifiée par la libération des mœurs, le recul des tabous et des censures. Mais, bien entendu, Une Créature de Rêve reste avant tout une comédie et si, bien souvent, ce type de sujet se marie mal avec le fantastique, cette œuvre très sympathique démontre une fois encore que la fusion peut être réussie. Il suffit de faire preuve d’un peu de talent. Ce dont ne manquait pas John Hughes dans les années 80.
On a aimé
- Scénario délirant
- Comédiens excellents
- Cameos sympathiques
- De bons gags.
On a moins bien aimé
- Faut avoir quand même l'esprit potache.
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