Critique La Nuit Déchirée [1992]
Avis critique rédigé par Nicolas L. le mardi 24 janvier 2006 à 06h36
Les Brady ne boivent pas que du lait
Mary Brady et son fils Charles composent une famille étrange qui, en plus d’être incestueuse et amateur de musique vintage, détient un secret bien plus terrible ; ils ne sont pas humains.
Ils appartiennent à la race des Félidés, une espèce en voie d’extinction datant de l’Egypte ancienne, experte dans l’art du déguisement magique et de la dissimulation par leur capacité à se rendre invisible, eux-mêmes ainsi que les éléments de leur environnement.
Se déplaçant de villes en villes, ces prédateurs ont la possibilité de conserver une éternelle jeunesse en se nourrissant de l’énergie vitale d’une vierge.
Ils n’ont qu’une seule crainte. Les chats.
Ecrit par Stephen King – que l’on aperçoit d’ailleurs dans le rôle d’un gardien de cimetière – Sleepwalkers propose une alternative originale au mythe du loup-garou, en remplaçant purement et simplement l’aspect canidé par celui de nos amis à moustaches – dans le style de La Féline - et en leur donnant des attributs vampiriques. Grâce à leur don de déguisement, ces Félidés ont l’apparence d’humains fort séduisant et affables, qui, cependant, dans certaines circonstances, ont le plus grand mal à cacher leurs instincts. Piqués au vif, ils dévoilent alors leur véritable nature et font montre d’une véritable frénésie, mortellement agressive.
Le début du film démarre sous de bons hospices, avec l’arrivée des deux prédateurs dans cette nouvelle ville du middle-west, leur installation dans leur nouvelle maison, et la démonstration de leurs mœurs très ‘’particuliers’’ – qui renvoie, involontairement ou non, à l’Egypte ancienne, une époque ou l’inceste n’était pas tabou – suivis par les premiers contacts avec les habitants. A la manière d’un vampire, Charles choisit une proie parmi les étudiantes de son lycée. Et c’est là que le métrage commence à déraper méchamment dans le stupide. Interprétée par la jolie Mädchen Amick – découverte deux ans plus tôt dans Twin Peaks – qui est une actrice de 22 ans à la date du film, Tanya Robertson – et non pas Tanya Roberts !- est un personnage vraiment mal construit. On a du mal à lui donner un age ; elle est probablement lycéenne, mais elle a une véritable attitude d’ingénue qui tourne au rôle de cruche dans la deuxième moitié du film. Je veux bien que l’on soit un peu attardé dans l’Amérique profonde, mais là, ça craint vraiment, surtout que ces copines ont l’air plus éveillés, notamment lorsqu’elles simulent une fellation.
Bref, on a du mal a accrocher à cette bluette improbable et puérile, surtout que l’on en comprend pas pourquoi Charles, au lieu de perdre un temps fou dans la séduction, ne l’enlève pas de force. On pense dans un premier temps qu’il s’est attaché à la jeune fille, mais la scène du cimetière Homeland nous prouve le contraire, nous plongeant dans la perplexité. A ce moment, Charles dévoile sa véritable nature à Tanya, et il se montre alors véritablement discourtois - c’est moins que l’on puisse dire. Alors, pourquoi, au regard de l’état critique de sa mère, n’agit-il pas plus tôt ?
Et c’est également à partir de cette séquence que Mick Garris – qui travailla également avec Stephen King sur The Shining – choisit de changer complètement de style narratif : il passe brusquement de l’humour un peu décalé au burlesque ! Comme s’il n’avait aucune confiance au potentiel horrifique de son œuvre – il a à ce sujet tout à fait raison – il bascule dans le grand guignol et la farce, avec un récital d’effets gores assez réussis appuyés par des répliques qui se veulent drôles, mais qui, en vérité, désamorcent complètement lesdits effets.
Et ce n’est pas la fin, avec cet improbable massacre dans la rue – bonjour la discrétion – et l’apparition des créatures sous leur véritable apparence, un déguisement en latex qui est complètement ridicule et presque cartoonesque, qui fait remonter le niveau du film. Les scènes les plus improbables s’enchaînent alors, qui vont de la minable perquisition des flics dans la maison au ‘’pétage’’ de plomb de Mary, une créature soi-disant ancestrale…
C’est alors que les centaines de chats, qui rodent autour de la maison depuis des lustres, se prennent soudainement l’envie d’attaquer les deux créatures. En fait, il n’y en a que deux ou trois qui passent à l’acte, les autres matous, posés par l’équipe technique sur le plateau, font ce que font irrémédiablement les chats, ils n’écoutent rien et se baladent la queue bien fièrement dressée. Bref, victime des blessures mortelles et empoisonnées des quelques minets projetés sur les acteurs par des accessoiristes, les deux Félidés succombent, Mary Brady prenant même carrément feu, comme un vampire exposé au soleil.
D’ailleurs, une question me vient à l’esprit ; pourquoi les chats ? A part le fait que dans l’Egypte ancienne, ces animaux étaient considérés comme sacrés – au même titre que les crocodiles ou les ibis, d’ailleurs -, ils apparaissent dans le fond comme étant d’une nature assez semblable aux Félidés. Bizarre. Moi, j’aurais vu plutôt des chiens. Quoique que voir un Félidé effrayé et agressé par un caniche ou un chihuahua…
Un des rares bons points attribués à La Nuit Déchirée – copyright titre débile – vient de la qualité de l’interprétation. Pas vraiment gâtée par son rôle, Mädchen Amick s’en sort plutôt bien et est totalement ravissante. Le rôle de Charles Brady a été confié à Brian Krause, que les téléspectateurs fidèles de M6 connaissent bien pour son rôle récurrent dans la série Charmed. Avec son visage de poupon blondinet, il parvient à donner durant une bonne partie du métrage une interprétation ambiguë et romantique. La belle Alice Krige joue Mary Brady, de manière plus que convaincante, dans un rôle de mère amante, possessive, jalouse et… féline. Une actrice talentueuse que l’on a vue dernièrement encore à son avantage dans le rôle de Jessica à l’occasion du téléfilm Les Enfants de Dune.
A noter, dans le rôle d’un flic antipathique, la présence de Ron Perlman, ainsi que l’apparition d’un bon nombre de cameos qui transforment parfois ce film en quizz – Landis, Dante, Barker, Hooper, Novak, et même Mark Hamill dans la séquence d’ouverture…
La conclusion de Nicolas L. à propos du Film : La Nuit Déchirée [1992]
La Nuit Déchirée ne restera pas dans les annales. A partir d’une idée originale qui aurait pu être intéressante, Mick Garris et Stephen King construisent un film bancal, pas effrayant pour deux sous et qui sombre finalement dans le ridicule. Malgré quelques séquences réussies et une bonne qualité d’interprétation, cette œuvre reste dans la catégorie des films médiocres inspirés des œuvres, ou des scénarios, écrits par le Croquemitaine de l’Amérique, dans le même panier que les Tommyknockers et autres Maximum Overdrive.
On a aimé
- Idée originale
- Bonne interprétation
- Quelques effets gores intéressants
On a moins bien aimé
- Aucun style défini
- Farce potache malvenue
- Créatures ridicules
- Incohérences scénaristiques
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