Critique Siva #1 [1981]
Avis critique rédigé par Manu B. le lundi 20 mars 2006 à 01h27
Hallucinant !
"La dépression nerveuse de Horselover Fat commença le jour où il reçut un coup de fil de Gloria: elle voulait savoir s'il avait du Nembutal. Il lui demanda pourquoi et elle lui répondit qu'elle avait l'intention de se tuer..."
Horselover Fat a une amie. Gloria. Leurs ennuis, à elle et à lui commencent au moment où Gloria cherche à se tuer. Fat se sent investi d'une mission de sauvetage pour empêcher le geste désespéré de la jeune femme. Le problème est que Gloria est folle, mais d'une folie rationnelle et d'une façon ou d'une autre, elle parviendra à ses fins, à sa fin. Le pauvre Fat va devoir vivre, dès lors, avec l'idée qu'il aurait pu empêcher le drame. Il ne comprend pas pourquoi. D'autant plus que depuis, il a vu Dieu, et celui ci l'a aidé à sauver son fils Christopher en mars 1974, où un faisceau de lumière rose lui a insufflé l'information. Pourquoi l'a t-on aidé pour son fils et pas pour Gloria ? ...
SIVA / VALIS: un livre d'halluciné ?
Ce roman est hautement autobiographique. C'est durant le printemps 1974 que Philip K Dick reconnaît avoir fait une expérience mystique en présence d'un médaillon en forme de poisson, on (qui exactement ?) lui révèle qu'il fait partie des Premiers Chrétiens, un faisceau l'éblouit et lui donne la connaissance nécessaire pour sauver son fils, malade, contre toute apparence.
Sa vie en fut changée, il se mit à réfléchir intensément à ce qu'il avait expérimenté. Il en sortit 7 ans plus tard, SIVA, qui fait partie de ce l'on appelle la trilogie divine.
Difficile, brouillon, incompréhensible sont les qualificatifs qu'on lui donne parfois. On pourrait rapprocher le début de ce roman avec celui de Substance mort, avec ce personnage paumé, en rapport avec la drogue et l'amour. Et pourtant, le décodage de la réflexion est plus facile si l'on lit au préalable Radio libre Albemuth. Ce dernier y intègre les mêmes éléments, dans un contexte un peu différent, mais c'est globalement le même schéma. J'en recommande fortement la lecture avant de s'attaquer à SIVA.
Dès lors, les délires apparents de Horselover Fat deviennent passionnants à lire.
La réflexion théologique et philosophique.
En un sens, Dick a trouvé son Dieu. Ce qu'il se demande, c'est quel genre de Dieu il a rencontré. C'est pourquoi le début du roman, racontant la base même de ce questionnement est quelque peu nébuleux. C'est au travers des fragments de l'exège de Horselover Fat que l'intrigue et le questionnement théologique se mettent en place. Philip K Dick met en scène quatre personnages: le fou, le narrateur qui est le témoin objectif et lointain, le croyant et enfin le sceptique qui se révèlera être agnostique. Mais ces personnages sont finalement une seule et même personne: Philip K Dick lui-même. Ils représentent des aspects de sa propre personnalité, et des faire-valoir de son questionnement. Pendant un premier tiers du roman, Dick s'interroge sur ce qu'il a vécu au cours de son expérience, à grand renfort de citations bibliques, ancien et nouveau testament, mais au travers d'auteurs qui se sont également interrogés sur Dieu. Les références sont nombreuses, et faute de vérification, on peut considérer que les recherches ont été minutieuses, fouillées, retournées pour que la révélation de Fat soit la plus claire possible. Claire, pour ceux qui ont les connaissances dans ce domaine. Donc pour nous, pauvres lecteurs incultes, c'est plutôt obscur !
De plus, l'intrigue est centrée sur l'incompréhension de Fat face à la mort de Gloria, et son entêtement à sauver Sherri, cancéreuse en phase de rémission. Toute cette partie est vraiment troublante, et on ne voit pas où les passages de Fat en psychiatrie vont nous amener.
Et puis on prend de la hauteur où le narrateur, Philip K Dick revient au devant de la scène, et synthétise les événements survenus à Fat.
Jusqu'à ce qu'ils aillent voir ce film SIVA. La schizophrénie, en second plan depuis le début, devient l'élément moteur de l'intrigue, dans le rapprochement puis l'éloignement de Phil et Fat. On a l'impression qu'il joue à cache-cache avec lui-même: Phil, sept ans plus tard cohabite avec le Fat de 1974 à 1978. On peut dire que la forme du récit se met au diapason du fond, un peu à la manière de Dieu, SIVA, Zebra, peu importe son nom, qui est une entité présente en tout lieu et tout temps. C'est là que la construction de ce roman devient limpide, elle est loin d'être ce qu'elle paraissait, c'est à dire des récits mis bout à bout, sans queue ni tête. Et c'est là que réside le génie de Dick, qu'on comprend que cet auteur n'était pas fou. Alors crise mystique ou non ?
Finalement, la grande question de ce livre semblait être: qui est SIVA ?
Mais en creusant un peu, elle devient multiple: qui est vraiment Dieu ?
Qu'est ce que la religion ?
Qui sont les prophètes Jésus Christ, Mahomet, Bouddha ou Zoroastre ?
Dieu fait-il le bien ?
Qu'est ce que le Logos, l'information ?
Ce livre est une véritable réflexion théologique personnelle de Phil Dick quant à sa vision.
On dit que Philip K Dick est devenu un auteur culte à cause de la trilogie divine. Lisez ce roman pour vous en convaincre.
La conclusion de Manu B. à propos du Roman : Siva #1 [1981]
SIVA est un roman troublant et fascinant à la fois, du plus grand écrivain de science fiction du XXème siècle.
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