Critique Des fleurs pour Algernon [1972]

"Conte rendu n°1
3 mars. le Dr Strauss dit que devrez écrire tout ce que je panse et que je me rapèle et tout ce qui marive à partir de mintenan. Je sait pas pourquoi mais il dit que ces un portan pour qu'il voie si ils peuvent mutilisé..."
Charlie est un employé d'une boulangerie que Mr Donner a pris sous son aile parce qu'il est déficient mental. Les autres ouvriers se moquent de lui à cause de ce retard mais il n'en a pas conscience. Dans un laboratoire, le Dr Strauss fait des tests pour améliorer l'intelligence d'une souris, nommée Algernon, dont le dernier traitement semble extraordinairement concluant. Le Dr Strauss tente donc la même expérience sur Charlie qui s'éveille tout à coup à un autre monde, et une autre perception, notamment des autres vis à vis de lui...
L'amélioration de l'intelligence est un vieux rêve de l'humanité. L'Homme a toujours voulu la mesurer avec des test plus ou moins représentatifs. Le plus connu est le test du QI (Quotient Intellectuel) qui tente de mesurer l'Intelligence générale dont les premiers ensembles de test ont été développés par le docteur Binet, un Français. Ces tests permettent d'évaluer la vision spatiale, l'esprit logique, la linguistique et la mémoire. Le test de QI évalue donc la capacité à raisonner et résoudre des problèmes. Un test beaucoup décrié car reposant essentiellement sur la logique. Le QE (quotient Emotionnel) est apparu dans les années 90 pour intégrer la composante émotionnelle: "L’habilité à percevoir et à exprimer les émotions, à les intégrer pour faciliter la pensée, à comprendre et à raisonner avec les émotions, ainsi qu’à réguler les émotions chez soi et chez les autres." Cela permettrait, selon ses partisans, à mieux évaluer la réussite future des sujets. De plus, cette Intelligence émotionnelle est plus facile à développer.
Quelle que soient les tests, cette notion d'intelligence est de toute façon relative et subjective. Daniel Keyes lie sans conteste l'amélioration des capacités de Charlie au contenu émotionnel de son état mental. Et c'est là que ce roman est époustouflant car l'auteur a choisi de faire écrire Charlie et nous permettre de voir les progrès de celui-ci page après page. C'est donc avec une écriture naïve que ce roman commence, avec un nombre incalculable de fautes, ce qui peut faire sourire le lecteur par moment, et puis on fait abstraction de ces problèmes de forme pour aller directement au contenu, qui est inextricablement lié à la perception des autres de Charlie. On trouve complètement révoltant les moqueries des autres vis à vis de Charlie, qui au fur et à mesure se rend compte que ce qu'il prenait pour de l'attention qui n'est en fait que de la méchanceté. Tout bascule lorsque la lumière se fait en lui. Toute sa perception va s'en trouver ébranlée et une tristesse infinie va s'emparer de lui. Sa conception des hommes qu'il considérait comme des amis va s'écrouler littéralement.
Ses préoccupations vont se modifier et il va découvrir qu'il a droit lui aussi à l'amour. Comment va-t-il réagir ? De même il va prendre conscience que son destin va suivre le même chemin que celui de la petite souris Algernon qui un jour, décline. Ebranlé par cette révélation, comment va-t-il réagir ? Peut-il décemment revenir à son ancienne vie ? S'en rendra-t-il compte ? Comme l'explique dans la République de Platon, que l'auteur cite au début de son roman: "...la vue peut être troublée de deux manières et pour deux raisons différentes: quand on passe de la lumière à l'obscurité, ou bien de l'obscurité à la lumière." Le passage de l'un à l'autre état est d'une difficulté que peu d'hommes peuvent émotionnellement supporter.
C'est cette histoire que Daniel Keyes a voulu nous raconter, avec beaucoup de sensibilité, d'humour et d'émotion. C'est un livre qui vous laissera une marque indélébile.