Critique 2001 Maniacs [2006]

Avis critique rédigé par Nicolas L. le vendredi 7 juillet 2006 à 09h23

The South will rise again…

Dans les années 60, Herschell Gordon Lewis et David F. Friedman, deux jeunes cinéastes spécialisés dans les ‘’nudies’’ (séries B érotiques américaines) décident d’employer leurs talents provocateurs dans un autre registre, le film d’horreur, un genre qui commence à connaître quelques succès dans les drive-in.
Cependant, ces pervers incurables utilisent leur goût pour la subversion et l’outrecuidance pour aller encore plus loin dans la démesure et la provocation gratuite. Leurs films, fauchés mais extrêmement vulgaires et choquants, créent dans un premier temps un véritable lever de bouclier de la part des différentes associations américaines. N’oublions pas que nous sortons à peine des Happy Days, et la pudibonderie est encore de mise, surtout dans le milieu rural et provincial. Mais, petit à petit, le bouche à oreille fonctionne bien, et le public – assez jeune en général – avide de sensations nouvelles finit par répondre présent en envahissant les aires de cinéma et les salles obscures. Les deux gugusses de la Friedman-Lewis Productions Inc. se remplissent alors les poches de dollars.
Blood Feast (1963), 2000 Maniacs (1964) et A Taste of Blood (1967, réalisé sans la collaboration de Friedman) figurent parmi les œuvres les plus connues de cette période. Pauvrement interprétés, s’appuyant sur un scénario faible et une réalisation des plus primaires, ces films d’un genre nouveau que l’on nomme rapidement le gore (sang souillé) sont au cinéma d’horreur ce que le porno est au cinéma érotique : un paroxysme d’exposition plein de violence et de luxure. Ecartellements, énucléations, empalements, étripages, cannibalisme, nécrophilie, scatophilie, et autres réjouissances sont au programme de ces films par ailleurs assez mauvais. Cette mode ne durera guère que quelques années, la faute à un genre très restrictif et redondant, une libération des mœurs qui rendra de fait un peu moins efficace les exubérantes provocations de ce genre, mais surtout la prise à leur compte de ces ‘’exercices de style’’ par des compagnies plus puissantes qui les intégrèrent dans des films de facture plus classiques, les banalisant, voire les désacralisant.

2000 Maniacs: souvenirs, souvenirs!

Friedman s’en retourna finalement à ses films de cul, une industrie où il nous offrit quelques perles mémorables dans les années 70, notamment lorsqu’il se décida à mêler sans vergogne l’érotisme au sadisme horrifique (la série des SS movies Ilsa la Louve, c’est lui ! Il va falloir que je pense à les rentrer dans la base de SFU, moi). Quand à Lewis, il tint encore quelques années, avec une obstination et une absence totale de talent qui ne peuvent que forcer l’admiration – ou la compassion. Son dernier film, le minable Gore Gore Girls sorti en 1972 scellera définitivement sa disparition des plateaux – jusqu’en 2002 – sans que son image du ‘’pape du gore’’ n’en soit toutefois ternie.
Parmi tous ces films, 2000 Maniacs figure parmi les plus remarquables. Non pas par ses effets spéciaux, toujours aussi dégueux mais hélas toujours aussi médiocres, mais par l’originalité de son scénario qui peut être assimilé à un Brigadoon horrifique et par le coté délirant de son style narratif, qui met en exergue ce coté grand-guignol tant apprécié par Lewis. Aussi, début 2003, lorsque Eli Roth contacte Friedman pour lui proposer un remake de cette vague de films, le choix de 2000 Maniacs s’impose de lui-même – d’autant plus qu’en 2002 est sorti dans un quasi anonymat la poussive relecture d’un A Taste of Blood par H.G. Lewis en personne.
2001 Maniacs reprend la même histoire que le film originel, en la modernisant quelque peu. Les jeunes couples ‘’acceuillis’’ dans la petite bourgade de Pleasant Valley sont remplacés pour la circonstance par une bande d’étudiants en route pour un Spring Break dans le Sud. Une fausse déviation, un chemin forestier et voilà une petite dizaine de jeunes débiles obsédés sexuels pris au piège par une bande de sadiques psychopathes. Les personnages, futures victimes, sont cons comme des manches, ils ne rendent compte de rien tant que les habitants de la bourgade ne commettent par les pires exactions sous leurs yeux. Et il est en général en ce moment trop tard vu que les victimes de ses actes, c’est eux ! Bref, ça ne vole pas bien haut…
Gentil n’a qu’un oeil

Le jeune réalisateur, Tim Sullivan, a décidé d’utiliser le même ton burlesque que dans la version de Lewis. Les villageois sont donc exubérants, excentriques, puérils, voire complètement délurés, puis hystériques et terriblement menaçants. Ce style se marie parfois un peu mal avec le comique potache à la Wayans dont est abondamment loti le traitement des personnages yankee et le film navigue de temps en temps entre deux eaux au grès des séquences. Mais peu importe cette errance dans le ton, car ce qui fait la force de ce genre de métrage très primaire sont en général les effets sanglants et les scènes chocs. Et là, je trouve 2001 Maniacs assez réussi, même si on pouvait mieux faire.
Les meurtres sont bien originaux - je regrette néanmoins l’absence de la célèbre descente en tonneau ! – et bien malsains, avec la présence de scènes et de bourreaux bien sadiques. Par contre, je dois admettre que j’ai été un peu déçu par la présence d’une certaine retenue lorsque se produisent les effets les plus sanglants. C’est gore, bien sûr, mais cela n’est pas assez crû et l’exposition est assez brève. Etonnant de la part des responsables de Raw Nerve, compagnie de production créée tout spécialement pour l’occasion par Eli Roth, Friedman et consorts afin de mettre en œuvre des films détonants. Là, pour le coup, le pétard est un peu mouillé.
Une famille unie

2001 Maniacs vaut également le coup d’œil pour la performance de ses deux personnages centraux. Dans le rôle du maire Brickman, Robert Englund nous offre un véritable récital théâtral, digne du meilleur des spectacles grands guignols. Utilisant son talent tragicomique à la perfection, il donne une dimension imposante et quasi messianique à son personnage, à la manière d’un chef de meute protecteur mais complètement dément. Le deuxième personnage remarquable est celui de Granny, la première dame de la ville. Complètement déchaînée, la comédienne Lin Shaye- petite star du film de genre, sœur du célèbre créateur de New Line et égérie des frères Farelli – nous offre une prestation déjantée mémorable, à la fois amusante, inquiétante et effrayante. La séquence durant laquelle elle chante un enjoué air sudiste, devant le regard inquiétant de ses concitoyens, attitude guillerette suivie d’un brusque et horrible assassinat ponctué d’ un cruel ‘’Crève salope !’’, est vraiment géniale.
Spring Break chaud bouillant

La conclusion de à propos du Film (Direct to Vidéo) : 2001 Maniacs [2006]

Auteur Nicolas L.
65

2001 Maniacs est un spectacle con et divertissant. Les effets gore sont un peu en deçà de ce que l’on pouvait espérer mais le ton est tellement délirant et malsain que l’on prendre plaisir à suivre les malheurs de ces abrutis de yankees, comme ce black de service qui se fait harceler en permanence par deux joueurs de country ringards. Les performances remarquables de Robert Englund et Lin Shaye augmentent d’autant plus l’intérêt de l’œuvre.

On a aimé

  • Un film gore, ça fait toujours plaisir
  • Une atmosphère année 60 complètement déjantée
  • Richard Englund et Lin Shaye, géniaux
  • Des meurtres originaux.

On a moins bien aimé

  • Un humour potache pas toujours bien placé
  • Pas si ‘’ »ouch !’’ que ça.

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