Critique La Maison du docteur Moreau [2006]

Avis critique rédigé par Nicolas L. le jeudi 27 juillet 2006 à 17h35

Le docteur de Beverly Hills ?

Trois personnes se retrouvent emprisonnées dans un lugubre hôpital désaffecté occupé par de cruelles créatures mutantes…
Lors d’une interview sur une chaîne câblée spécialisée dans le cinéma fantastique, Charles Band avait déclaré il y a quelques temps : ‘’Je suis très déçu des résultats obtenus avec mes dernières productions. Très occupé par les affaires en Italie, je n’ai pu m’occuper personnellement des matériaux de la Full Moon, et la qualité des films s’en est fortement ressentie. Maintenant que j’ai plus de temps disponible, je vais pouvoir me re-concentrer sur les productions Full Moon, et j’envisage même de réaliser plusieurs films personnellement…’’.
Chose promise, chose due ! Apparemment, le producteur-réalisateur, mogul du B-movie fantastique, n’a pas oublié ce vieil adage car il a depuis mis en chantier de nombreux films et mis la main à la patte dans de nombreux cas. Dr Moreau House of Pain est donc l’une des toutes dernières réalisations de Charles Band. S’appuyant sur un script de Earl Kenton (Dungeon of Desire), il s’agit en fait d’une adaptation très libre de l’île du docteur Moreau. Mais ici, pas d’île exotique perdue dans le Pacifique car cela coûte bien sûr trop cher pour le porte-monnaie étriqué de la Full Moon. L’intrigue se déroule donc sur place, à Hollywood, en pleines années 30 – période illustrée par une photographie fluo piqué au Dick Tracy de Warren Beatty (avec des couleurs plus baveuses), et des minettes en tenue Charleston -, dans un sanatorium abandonné qui ressemble à une quelconque baraque de Bervely Hills (à part un vieux portail déglingué destiné à donner un cachet ‘’manoir abandonné’’).
Cette différence de lieux n’est pas la seule liberté prise avec le texte original puisque le docteur Moreau est en fait le prisonnier de ses créatures, fruits d’expériences génétiques. Des chaînes lui entravant les chevilles, il est contraint d’exécuter d’horribles prélèvements d’organes et de tissus sur des cobayes humains par des mutants désireux de retrouver leur apparence originelle. Ces opérations donnent lieux à de légers effets gores, vraiment peu spectaculaires, malgré l’effet boucherie que veut laisser transparaître Charles Band, cependant trop timide.
Bien entendu, les trois dernières personnes emprisonnées vont mettre un peu de désordre dans l’établissement. Occupé par un petit nombre de créatures, cet hôpital du docteur Moreau fait finalement un peu chiche en matière de maquillages ; un homme-rat, un homme-hyène, une fille-poisson et la belle mais terriblement sauvage Alliana – une femme-panthère à la poitrine siliconée et à la croupe hospitalière qui sert de rabatteuse. C’est tout. Et c’est bien peu. Le chef de cet hôpital, vue l’état de prisonnier dans lequel se trouve Moreau, est son ex- assistant asiatique – un sosie de Fu-ManChu -, devenu dément, qui hait son ancien patron pour avoir transformé sa progéniture en une sorte de poisson pas frais.
Avec un déroulement inspiré de Re-animator – même le sérum des seringues est vert – Charles Band filme donc sans réel génie quelques séquences de baise entre Carson (un des prisonniers) et Alliana, quelques équarrissages de cadavres peu imaginatifs, puis organise une course poursuite un peu molle dans les couloirs d’un hôpital trop exigu pour être crédible entre les prisonniers en fuite, accompagné de Moreau, et les mutants lancés à leurs trousses.
Mais Charles Band n’est ni Brian Yuzna, ni Stuart Gordon, et le tout manque sacrément de culot et d’imagination, et surtout d’outrecuidance. A la monotonie du découpage s’ajoute, comme si cela ne suffisait pas, une interprétation très moyenne - seul Jacob Witkin, dans le rôle de Moreau s’en sort avec les honneurs – et un montage d’un classicisme éhonté tirant sur le j’m’en foutisme. Par conséquence, on s’ennuie ferme durant une heure trente et l’on se demande au final pourquoi Charles Band est retourné derrière la caméra si c’est pour nous pondre des trucs pareils.

La conclusion de à propos du Téléfilm : La Maison du docteur Moreau [2006]

Auteur Nicolas L.
15

Pour conclure, je dirais que si Dr Moreau House of Pain n’est pas réellement plus mauvais que l’opus de Frankenheimer (le désopilant Ile du docteur Moreau, avec un Marlon Brando absolument ridicule), il a le désavantage d’être beaucoup moins drôle. Avec ses maquillages cheap et plutôt rares, ses séquences érotiques vraiment peu émoustillantes, ses acteurs médiocres et sa réalisation monotone, l’œuvre de Charles Band ne réveille qu’une seule sensation dans l’esprit du spectateur : l’ennui. Vous voilà prévenu !

On a aimé

  • Quelques séquences gores

On a moins bien aimé

  • Réalisation sans relief
  • Interprétation médiocre
  • Maquillages peu convaincants

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