Critique Apparitions #1 [2001]

Avis critique rédigé par Nicolas L. le mercredi 6 septembre 2006 à 08h37

Docteur Remington, i presume ?

1947. Enfoncés profondément en territoire kenyan, les membres du safari de l’écrivain Remington disparaissent sans laisser de traces. Pour les indigènes, nul doute, cet évènement est lié aux agissements d’un monstre, surnommé le Batoo. Plusieurs mois plus tard, débarque à Mumbasa une jeune institutrice anglaise, miss Austin. Officiellement envoyée par le ministère de l’éducation, elle est en fait secrètement chargée d’enquêter sur les mystérieux évènements qui secouent la savane de ce pays d’Afrique Orientale. Elle va être aidée dans sa tâche par deux chevaliers servants, l’allemand Fuchs et le français Merlin.
Rodolphe et Léo oeuvrent depuis longtemps ensemble sur une BD d’aventures intitulée Trent (une succession d’histoires indépendantes se passant au début du 20ème siècle et mettant en scène un policier de la police montée canadienne) . Ils se connaissent donc bien, et c’est de cette expérience que leur est venue l’envie d’écrire en duo un scénario pour un nouveau cycle (dans Trent, Léo est seulement responsable du dessin). En 2001, leur réflexion commune a donné naissance à Kenya, une œuvre d’aventures exotiques et fantastiques matinée d’espionnage.

Un air de cinéma hollywoodien des années 50

Je t’aime…
Dans Kenya, on se retrouve propulsé dans l’Afrique de l’Est de l’après guerre. Le décor est parfaitement planté, à la limite du cliché. On y trouve réellement une forte influence ‘’Hemingwayenne’’ avec ses grands espaces Kenyans et ses hommes forts en débardeurs Marcel, buvant le whisky comme de l’eau et dégageant une forte virilité, parfois même brutale et outrancière. On y décèle aussi de nombreux éléments du cinéma colonial américain des années 50 (Les Mines du Roi Salomon, de Compton Bennett, ou Hatari, de Howard Hawks, pour ne citer que ces deux), avec ce ton léger, ses personnages charismatiques, ses indigènes roulant de grands yeux et ses paysages grandioses. Le dessin de Léo, à base de couleurs chaudes, et les encrages fortement contrastés de Scarlett Smulkowski donnent de plus une imagerie tropicale qui s’ajoute à la sensation d’exotisme déjà bien présente. Et j’apprécie toujours autant le don de Léo pour mettre en image les bestiaires et les paysages. Dans ce Kenya fantastique, il peut vraiment s’éclater à grande graphiquement sur le sujet, presque autant qu’à l’occasion du cycle d’Aldébaran. Bref, que du bonheur pour nous, lecteurs…
Malgré tout, ce déballage de colonialisme nostalgique ne donnerait finalement qu’un sordide remake de Out of Africa si le scénario n’était pas issu d’une fusion entre l’esprit aventureux de Rodolphe et celui, beaucoup plus axé sur l’imaginaire, de Léo. Comme pour Aldébaran ou Betelgeuse, Kenya est donc doté d’une bonne dose de mystère, et le tome 1, bien entendu, ne délivre les indices qu’au compte-goutte, entretenant un suspense peut-être parfois un peu trop artificiel, mais toujours efficace. Sur un fond de concurrence internationale, en pleine guerre froide, des personnages intéressants, car bien introduits, empruntent une voie pleine de rebondissements. Il est également à noter que de nombreux fans du cycle de Bételgeuse trouveront en miss Austin des traits de caractère proches de ceux de Kim Keller, et même des similitudes physiques. Il faut croire que Léo a un faible pour les jolies brunes actives.
L’introduction de la SF si chère à Léo

Moi non plus…
Par contre, il y a des choses que j’apprécie moins. Je trouve tout d’abord que le premier tome tire un peu en longueur. Il n’est pas ennuyeux, loin de là, mais franchement, je pense que les auteurs s’attardent un peu trop sur le puéril triangle amoureux Fuchs-Austin-Merlin. Tout comme cet érotisme léger bien sympathique mais souvent gratuit, qui me donne parfois l’impression de n’être présent que pour rallonger la sauce (si j’ose dire). La planche au cours de laquelle miss Austin pratique le plaisir solitaire tout en lisant de l’Hemingway est bien mignonne mais on ne peut pas réellement dire qu’elle fasse avancer l’histoire. On se retrouve un peu dans les mêmes conditions qu’au cours des derniers tomes de Bételgeuse. Ce qui, je trouve, est un peu inquiétant pour la suite des évènements.
Quand aux graphismes, si, comme je l’ai dit plus haut, je me régale réellement à la vue de ces paysages magnifiques et de cette faune plus vraie que nature, je suis toujours aussi réticent au trait que Léo utilise pour dessiner les visages (certains cadres, à mon goût, sont vraiment moches…) et surpris par le manque de dynamisme de certaines situations. On a beau me dire que cela permet au dessinateur de se définir son propre style, je ne m’y fais pas.

La conclusion de à propos de la Bande Dessinée : Apparitions #1 [2001]

Auteur Nicolas L.
75

Pour conclure, je dirais que Apparitions est un bon album d’introduction mais que l’essai demande transformation. L’histoire est prometteuse, le mystère bien présent, les personnages plutôt classiques mais intéressants, reste à développer avec un peu plus de brio, je dirais, la suite des évènements. Finalement, le but de ce premier opus : nous donner envie de lire la suite, est parfaitement rempli. Et c’est bien cela l’essentiel, non ?

On a aimé

  • Histoire intéressante, avec une bonne dose de mystère.
  • Personnages intéressants
  • Graphismes mettant en valeur les paysages et le bestiaire

On a moins bien aimé

  • Un premier tome au contenu un peu léger
  • Le style de trait de Léo pour représenter les visages

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