Critique Hell [2005]

Avis critique rédigé par Nicolas L. le mardi 13 novembre 2007 à 15h14

Balade infernale

Le sujet est simple : une bande de jeunes, suite à un accident de voiture, se retrouve aux Enfers…. Ou en quelque endroit s’en approchant.
Simplicité du sujet, simplicité de traitement. C’est le choix opté par le trio de réalisateurs thaïlandais chargé de mettre en image ce film fantastique et horrifique. Dés l’ouverture, le ton est donné, le décors est placé. Le spectateur est en effet témoin direct de l’accident, et des images explicites ôtent toute ambiguïté sur la véritable situations des personnages : ces filles et ces mecs sont morts, ou à deux doigts de l’être.
Ceci fait, les cinéastes nous entraînent dans un flash back (présentation des personnages), qui va s’étendre sur un tiers du métrage, avant d’entrer dans le vif du sujet. Un sujet qui finalement peut se résumer à une sorte de survival infernal dans lequel une bande de jeunes un peu crétins tentent d’échapper aux sévices administrés par des tortionnaires démoniaques. Les premières images m’ont, je bien l’admettre, surpris. Avec cette vision d’une jeunesse thaïlandaise finalement guère éloignée de son modèle occidental – apparemment, le téléphone portable connaît là-bas, comme de part chez nous, un franc succès ! – et cette imagerie infernale rappelant les tableaux de Jérôme Bosch, avec ses âmes hurlantes plongées dans un monde chaotique, le film, dans un premier temps, est apte à titiller la curiosité du cinéphile.


Mais une fois passée cette première impression qui a satisfait durant une petite demi-heure ma soif d’inattendu, je dois bien admettre que je me suis ensuite un peu ennuyé. Pourquoi ? Les raisons de ce désintéressement sont multiples mais les plus flagrantes sautent littéralement aux yeux. Tout d’abord, à mon humble avis, la plus importante lacune, celle qui entraîne que l’on ne s’investit aucunement dans le métrage, vient de la linéarité d’un scénario particulièrement atone. Parce que, hormis le fait que les situations sont exposées au cœur d’un décors noyé dans un bain de lumière rouge, si l’on y réfléchit bien, ce film ne raconte que l’histoire d’un groupe de personnage tentant de fuir un ignoble camp de prisonniers. Et, comme par hasard, alors que des milliers (voir des millions !) de personnes sont dans la même situation, ils y parviennent sans trop difficultés.
Ensuite, vient le manque de violence, cette absence de douleur malsaine (si bien entretenue dans Hellraiser, par exemple). Au sujet d’un monde où l‘existence n’est que torture et mutilation – on en a la preuve par un grand nombre de plans explicites – cet avis peut étonner mais j’ai trouvé que cette souffrance permanente était très maladroitement mise en forme. A aucun moment, je n’ai ressenti ni le moindre malaise, ni la moindre gène, ni le moindre dégoût. Pire, j’ai parfois été amusé ! Les plans furtifs, l’utilisation d’artifices pour éviter la censure (le sang noir, le grand guignol à tendance comique), le sur-jeu des acteurs, le manque de charisme des démons (leur leader me faisait irrémédiablement penser au fruit né d’une improbable union entre Rob Zombie et le John Travolta de Terre Champ de Bataille ; d’où mon pouffement de rire à chacune de ses apparitions) ; tous ces éléments décrédibilisent l’aspect dramatique du film.

En plus de ces carences narratives et structurelles, le film se retrouve également plombé par des incohérences et des facilités à la limite du ridicule. Graphiquement, tout d’abord : les mésaventures des protagonistes (tous dotés de profils psychologiques rachitiques) les amènent à surmonter des épreuves dont la nature est marquée par des repères chromatiques naïfs. On traverse donc un monde rouge, un monde bleu, un monde violet, etc. Puis l’on voit également surgir à l’écran des damnés vampires, des damnés cannibales, des damnés cramoisis, des damnés zombis… tout ça sans aucune construction logique. Bref, c’est quand même un peu n’importe quoi et cela va bien au-delà de la fantasmagorie infernale.
Par contre, les séquences consacrées aux cérémonies de résurrection sont assez bien menées et dans tous les cas, originales. Car en plus de nous faire découvrir un aspect inconnu – pour moi, cela va sans dire – de la culture indochinoise, elle met en scène des éléments scénaristiques intéressants, comme la boisson de l’oubli et la capsule de « nouvelle vie ». Deux clés mystiques à la valeur si précieuse aux yeux de ces âmes en phase expiatoire qu’elles seraient prêtes à tout pour s’en attribuer les bénéfices. Et oui, sur Terre comme aux Enfers, la convoitise n’a pas de rivale dans le cœur des Hommes…

La conclusion de à propos du Film : Hell [2005]

Auteur Nicolas L.
40

Assez séduisant sous son premier abord, Hell se révèle bien vite monotone. La faute à un scénario trop pauvre pour parvenir à fournir à une imagerie cauchemardesque la force nécessaire à la rendre crédible. De plus les personnages, dotés de profils psychologiques étriqués sont intéressants et leurs pérégrinations infernales apparaissent comme bien trop linéaire. Restent quelques bonnes idées, perdues au milieu d’un métrage victime de son insuffisance émotionnelle.

On a aimé

  • Un début prometteur
  • Un regard sur la société thaïlandaise moderne
  • Quelques bonnes séquences

On a moins bien aimé

  • Un scénario finalement peu original
  • Une réalisation manquant de force
  • Nombreuses incohérences, personnages peu intéressants

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