Critique Sweeney Todd, le diabolique barbier de Fleet Street [2008]

Sweeney Todd, c'est au départ une histoire vraie devenue "roman urbain" en Angleterre. Celle d'un barbier dégouté de la vie qui assassina au lieu de couper les barbes des gens au hasard de ceux qui rentraient dans son échoppe.
C'est aussi plusieurs films, téléfilms, une comédie musicale dont est inspirée cette adaptation par Tim Burton.
Premier constat, on retrouve le fétichisme habituel de Tim Burton qui offre le premier rôle féminin à Helena Bonham Carter (qui joue dans tous ses films depuis La planète des singes), le premier rôle masculin à Johnny Depp (qui est l'acteur qui a le plus tourné avec Burton) et installe son univers noir (ici noir et blanc) habituel.
Mais la grosse absence, c'est celle de Danny Elfman et pour cause, la musique n'a pas été revue, il s'agit d'une simple adaptation de la comédie musicale de départ, d'ailleurs le texte est une copie de l'original. On est plongé dans cet univers musical "inconnu" dès le début du film où une scène d'introduction nous fait traverser Londres dans une 3D hideuse et mal fichue nous plongeant dans ce que sera le film : un film à cacheton.
Facile pour Burton d'en faire un minimum qui est regardable, même appréciable. Facile pour les acteurs d'interpréter des rôles faits pour eux où on leur demande simplement d'avoir leur gueule et leur jeu habituel. Facile encore un sujet gore, juste ce qu'il faut pour maintenir une tension, avec une morale simple (la vengeance est un plat qui bouffe son dégustateur). Facile d'adapter une comédie musicale sans rien apporter que le minimum "personnalisable" à la Burton.
Si l'on ajoute que la culture française n'est pas spécialement friande de ces comédies où les chansons ne sont que des dialogues qui riment, on se prend en pleine tronche ce film mineur dont le battage ne vaut absolument pas le résultat final.
Mention spéciale sur ce sujet pour la jeune blonde dont la voix de crécelle m'a fait vibrer les os presque jusqu'à l'implosion.
Seules les moments référentiels et les quelques délires de l'artiste font passer la pilule (5 minutes toutes les demies heures environ), que ce soit les seances de meurtres qui sont vraiment effrayantes où le sang couleur "Ed Wood".
Quant aux deux rôles secondaires des deux jeunes garçons, ils sont l'incroyable survivance de ce qu'aurait pu donner les personnages principaux s'ils avaient été travaillés. Tant par leur "gueule" (grande spécialité de Burton) que par leur interprétation et leur importance dans l'histoire. Ils sont les deux seuls personnages de l'univers Burtonien présents dans le film : - Le naïf (l'adolescent), personnage souvent central ici totalement chunté - Le réaliste optimiste (l'enfant) qui cloture l'histoire, merci à lui.