Critique Ange mémoire [2008]

Avis critique rédigé par Manu B. le vendredi 2 mai 2008 à 14h42

Les pierres du rêve

"Du fait des monofilaments installés au fond de son cortex cérébral, les souvenirs de Raymond Keller lui revenaient sous forme olfactive. Il sentait l'odeur du béton et de la poussière quelques secondes avant de se remémorer la banlieue aqueduc rationnée en eau dans laquelle il avait passé son enfance..."
Raymond Keller est un ange. Il est les yeux et les oreilles du monde. En fait d'ange, son cerveau a été recâblé pour pouvoir enregistrer tout ce qui se présente à lui. Du coup, il peut, au moment où il le désire, reprendre le contenu de sa mémoire artificielle et diffuser ses souvenirs à qui le veut. Ces anges travaillent généralement pour l'armée pour servir de témoins. On les considère souvent comme des machines, l'essentiel étant de préserver leur mémoire, au détriment du corps. Vétéran de guerre, Ray se voit confier la mission d'être témoin lors d'une opération dans la zone de Pau Secau, en compagnie de Teresa Rafael et de Byron Ostler, au Brésil où les pierres de rêve sont disséminées. Ces onirolithes sont d'origine extra-terrestre...
Après BIOS, ange mémoire est le deuxième inédit de Robert Charles Wilson à paraître en poche aux éditions Gallimard, collection Folio SF, sans passer par le grand format. La traduction des œuvres de l'auteur canadien est maintenant presque complète. Ne manque plus que la traduction de a bridge of years et axis (prévu pour 2009 chez Denoël Lunes d'encre) pour que la bibliographie de l'un des auteurs majeurs de ce début de siècle soit à jour chez nous.
Ange mémoire a été écrit en 1987 -ce n'est que son deuxième roman, après la cabane de l'aiguilleur en 1986-au moment de l'émergence de Neuromancien, la schismatrice et câblé, et c'est tout naturellement que Wilson plonge dans la thématique cyberpunk. A l'instar de son compatriote William Gibson, il s'interroge sur cette interface entre l'homme et la machine. En effet, si Ray est un ange, il doit subir un entraînement psychique, qui rappelle de loin le zen bouddhiste, et atténue l'impact des sentiments sur les actes, ce qu'il appelle le wu-nien, c'est-à-dire le contrôle absolu du corps. L'ange semble d'extérieur froid, analytique, rationnel et d'aucuns les prennent pour des machines. Or, à l'intérieur de ce corps, ce n'est pas si simple. Le conflit peut survenir à chaque instant dans la mesure où ce que le témoin voit heurte ses sentiments les plus profonds. La question pour Ray est donc de savoir s'il doit aider les gens qu'il voit, qu'il enregistre, qu'il registre. Cela alors que l'écrivain le confronte à une personne qui a singulièrement besoin d'aide: Teresa. En y réfléchissant, ce personnage a des points communs avec l'héroine de BIOS, Zoé Fisher: elle aussi est au centre de l'échiquier, elle aussi est un être un peu déconnecté avec la réalité, elle aussi est un instrument qui s'ignore. Toutes deux se frottent au danger et à l'inconnu: ici les pierres profondes, les oniros, et là une planète mortelle Isis. Robert Charles Wilson y incorpore un électron libre plutôt intéressant, le franc tireur Ober, un peu caricatural par certains aspects, mais dont les caractéristiques s'expliquent finalement bien dans l'ensemble. Mais bizarrement, les acteurs manquent de banalité pour qu'on s'y attache vraiment.

La conclusion de à propos du Roman : Ange mémoire [2008]

Auteur Manu B.
75

Si ce deuxième roman est souvent convenu (en particulier la fin), si le romancier montre ses limites, la machine Wilson prend petit à petit son régime de croisière. Il corrigera ces défauts dans ses romans suivants, de la meilleure manière qu'il soit.

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