Critique Hercule et la reine de Lydie [1959]
Avis critique rédigé par Nicolas L. le vendredi 2 mai 2008 à 14h41
Le retour d'Hercule
Afin de sauver sa belle ville de Thèbes de la guerre civile, le héros Hercule accepte les supplications de son vieil ami Oedipe qui lui demande de régler le différent entre ses deux fils, Etéocle et Polynice, qui convoitent tous les deux le trône. Après une rencontre qu'il estime fructueuse auprès d'Etéocle, Hercule, accompagné de son fidèle Ulysse, quitte Thèbes pour apporter un traité de paix à Polynice. Mais, en cours de route, le héros va se désaltérer à la fontaine de l'oubli... et tombé dans les bras de la cruelle Omphale, la reine de Lydie.
Après le colossal succès populaire des Travaux d'Hercule en 1958 - une oeuvre charnière qui marquera le début de la grande ère des peplums mythologiques -, Pietro Francisci se penche à nouveau sur les exploits du héros grec avec cet Hercule et la reine de Lydie. Pour ce faire, il s'appuie encore une fois sur le script du réputé Ennio di Concini et rappelle auprès de lui le couple le plus glamour d'Italie; Steve Reeves (Hercule) et Sylva Koscina (Iole, son épouse). Quand à la responsabilité de la photographie - qui s'avérera être l'un des points forts de ce film -, elle est encore confiée à Mario Bava, qui s'occupera également du secteur des effets spéciaux.
Comme d'habitude dans le domaine du peplum transalpin, le script de Concini prend de grandes libertés avec les textes classiques. Ici, Ulysse, en place et lieu du rusé souverain d'Ithaque, est un agaçant gamin ricaneur et sautillant, une tête à claque insupportable pour le spectateur d 'aujourd'hui. Il joue néanmoins un rôle très important dans ce film (contrairement à Orphée, au passage anecdotique) puisqu'il permettra à Hercule de s'arracher des griffes d'Omphale. On est donc obligé de le supporter (et le terme est faible) durant quatre-vingt dix minutes. Hercule, par contre, est très convaincant malgré le jeu dramatique très approximatif (et surtout très rigide) de Steve Reeves, acteur à la musculature impressionnante et au brushing impeccable. Iole, quand à elle, joue son rôle de faire-valoir à la perfection, pousse à l'occasion la chansonnette (horripilant!!) et finira même par devenir l'un des enjeux de la lutte entre Hercule et Etéocle. Notons aussi qu'au cours de ces pérégrinations qui se déroulent devant nos yeux de manière très mécanique (un peu comme si l'on assistait à trois épreuves héroïques), Hercule va également croiser quelques héros aux noms familiers (Castor, Pollux, Argos, Laerte, Pénélope, Creon...) mais toujours placés hors de leur contexte mythologique habituel.
Venons-en maintenant à la terriiiiible et venimeuse Omphale, une insatiable mangeuse d'hommes. Reine de la Lydie, une nation imaginaire à l'esthétisme brassant de nombreux clichés "exotico-antiques" inspirés par les cultures égyptiennes, perses, hellénistiques et indiennes (le tout bien secoué dans le shaker cérébral d'un Concini imprégné de sous-culture pulp), elle prend directement ses racines dans le personnage légendaire d'Antinéa, la reine de la mystérieuse Atlantide, et archétype classique de la femme fatale. Evidemment, drogué et amnésique, totalement sous la domination de cette femme, Hercule joue dans cette fable le rôle d'un Saint Avit en jupette. Une beauté brune qui est incarnée ici par Sylvia Lopez, une belle femme il est vrai, mais à la beauté caricaturale aujourd'hui un peu démodée - contrairement à Sylva Koscina, toujours aussi ravissante. Les décors, superbes et démesurés, complètent cette atmosphère de "reconstitution" luxueuse mais plus que fantaisiste, qui rappellera sans nul doute aux cinéphiles les grands mélos "historiques et exotiques" de la période du cinéma muet (L'Atlantide, Shéhérazade, Intolérance).
Bref, vous l'avez compris, le sujet ne brille pas par sa subtilité. Dans Hercule et la Reine de Lydie, manichéisme et naïveté de traitement font office de loi. Le résultat aurait donc du être complètement ridicule et irritant. Hors, si l'on en croit cette espèce de magnétisme qui nous retient scotché devant le métrage, il n'en est strictement rien. En fait, toutes ces carences dramatiques, cette prévisibilité dans les évènements et ce manque de tenu dans le jeu des acteurs sont compensés par un traitement bourré d'humour, une innocence attendrissante qui éveille notre âme d'enfant, ainsi que la présence de décors très réussis. De plus, il est évident que l'aspect rétro - voire kitch - de l'ensemble, déclenche en nous un processus d'indulgence qui rend plus digeste les multiples idioties et anachronismes qui parsèment le script.
La conclusion de Nicolas L. à propos du Film : Hercule et la reine de Lydie [1959]
Malgré son scénario infantile et sa réalisation assez datée, Hercule et la Reine de Lydie conserve un aspect charmeur non négligeable. Difficile de prendre aujourd'hui au sérieux les aventures rocambolesques du héros grec (mais n'en était-il pas de même à l'époque) cependant il est indéniable que l'oeuvre de Pietro Francisci (un spécialiste du genre) reste très divertissante. De plus, le métrage présente un atout de poids: le sculptural Steve Reeves, qui reste à ce jour l'Hercule le plus convaincant que l'on ait pu admiré sur la toile. A voir aussi pour Sylva Koscina, l'une des plus jolies starlettes de la période...
On a aimé
- Une atmosphère bon enfant
- L'irremplaçable Steve Reeves
- Des décors et une photographie de qualité
On a moins bien aimé
- Scénario infantile, personnages manichéens
- Réalisation datée
- Ulysse, horriblement agaçant
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