Critique Hercule et le monde des ténèbres [1996]

Avis critique rédigé par Nicolas L. le lundi 23 juin 2008 à 11h28

Hercule chez tonton Hadès

Un demi-dieu n'a pas droit aux vacances. C'est ce que va constater avec amertume le vaillant Hercule - ainsi que sa chère et tendre Déjanire - quand il va lui falloir a nouveau se mêler de l'histoire des hommes. Cette fois-ci, il cède aux supplications de la jolie Iole et décide de se rendre dans le village de Gryphon pour y aider ses habitants qui se retrouvent sans logis, suite à l'ouverture d'une faille infernale d'où émanent des gaz mortels...


Peu de temps avant de mettre en chantier la série télévisée éponyme (Hercules: the Legendary Journeys), Sam Raimi et Robert G. Tapert ont produit cinq téléfilms Hercule. Plus ambitieux, ces téléfilms récupéraient cependant les mêmes éléments que la série, et les mêmes comédiens, Kevin Sorbo en tête dans la peau du héros à la pelisse de lion. Celui-ci, baptisé Hercule et le monde des ténèbres, met en scène, une fois encore, les conséquences de l'ire de Héra envers Zeus, son mari infidèle. Ainsi, à travers un scénario hélas bien peu cohérent, la reine de l'Olympe parvient à attirer le fils adultérin préféré de Zeus (interprété par Anthony Quinn) aux Enfers. Cependant je dois dire que je n'ai pas bien pigé pourquoi elle se cassait tant la tête...
Enfin si, car on sent pertinemment que cette haine n'est qu'un simple alibi, une simple astuce scénaristique, pour entrainer Hercule dans des aventures rocambolesques. Il me semble que si Héra voulait vraiment se débarrasser du héros, elle dispose d'une puissance divine suffisamment large pour ce faire sans passer par ce moyen tordu et aux étroites chances de succès. Mais là ne réside pas le seul problème majeur. En effet, il faut bien dire que la structure de ce téléfilm est remplie de détails narratifs stupides. L'une des séquences les plus ridicules est celle où Hercule tue d'une flèche son "ami" centaure Nessus. Non seulement il ne montre aucune signe de regrets, mais de plus, il ne demande même pas pourquoi sa femme l'a appelé à l'aide. Comme il n'a pas assisté à la dispute, cela revient à dire que, tel un gros crétin, Hercule a tué Nessus sans savoir pourquoi. Et cela le satisfait...
Cette incohérence n'est pas la seule. Par exemple, la scène de l'auberge où Iole calme la démence d'un consommateur muet - déclenché par un potage trop chaud (si, si) - fait encore passer Hercule pour le dernier des idiots. Bref, c'est comme ça tout le film et l'on doit s'en contenter (Déjanirequi se suicide alors qu'elle a trois jeunes enfants à charge, c'est pas mal aussi). D'ailleurs, si l'on fait abstraction de ces "détails", suivre les aventures d'Hercule n'est pas une expérience désagréable. Même si Kevin Sorbo souffre d'un évident manque de charisme, même si les décors et les costumes n'ont strictement rien à voir avec la période gréco-romaine, même si les femmes paysannes en détresse semble participer à un défilé L'Oréal, et même si le déroulement du récit est archi-prévisible, Hercule et le monde des ténèbres est plutôt divertissant.

La raison en est le style de traitement de Bill L. Norton - qui est d'ailleurs le même que celui de la série. En adoptant un ton bon enfant, à la limite du conte, le réalisateur a fait le bon choix. Si cela a comme particularité de rendre son oeuvre totalement superficielle et volatile, cela permet de faire passer sans trop de mal les défauts et les carences du métrage. D'ailleurs, les blagues qui parsèment le métrage illustrent parfaitement ce que réalisateur et producteurs cherchaient à faire avec ce type de métrages: un spectacle familial axé sur le pur amusement. A cela, il convient d'ajouter la beauté des décors naturels néo-zélandais qui ont servi de support à tous les téléfilms.
Quand Hercule se jette dans la faille, l'on se voit offrir une vision personnelle des Enfers. Très personnelle même, avec un visuel qui mélange les mythologies latines, hébraïques et chrétiennes. Le passage du Styx est assez amusant avec un Hercule - fils de Zeus - qui ne connaît même pas l'existence de Charon! Puis on pénètre - avec un déroulement très linéaire - dans un monde de mort-vivants et de goules (avec des lascives fiancées de Dracula, ou des lamia peut-être...), un enfer de flammes peuplé des anciens ennemis d'Hercule (aussi idiots que lui d'ailleurs), et un champ élyséen lesbien rempli de jolies filles (les moches et les grosses doivent être sûrement jetées dans les flammes). C'est d'ailleurs l'occasion pour la production de faire appel aux talents de KNB et de Weta pour gérer les effets spéciaux. Hélas, malgré le prestige qui accompagne leurs noms, le budget qui leurs est attribué n'est ni celui de King Kong ni même celui d'un film de genre de qualité, et le résultat s'en ressent. Dés le début, on a pu tiquer sur les défaut d'incrustation de Nessus, mais là, aux Enfers, c'est encore pire. Entre les maquillages à la peinture gouache et la modélisation CGI de Cerbère, on nage en pleine médiocrité. Sans compter que très souvent les parois de ces cavernes de polystyrène laissent trop apparaître leur facticité.

La conclusion de à propos du Téléfilm : Hercule et le monde des ténèbres [1996]

Auteur Nicolas L.
45

Quatrième opus de cette série de téléfilms à succès (tel que les producteurs enchaînèrent sur une série de 6 saisons!), Hercule et le monde des ténèbres n'est certes pas dénué de défauts - comme de grosses incohérences scénaristiques et des effets spéciaux perfectibles - mais pour un résultat qui se trouve être finalement sympathique. Spectacle familial sans prétention, totalement inoffensif et surtout destiné aux plus jeunes, le téléfilm de Bill L. Norton se laisse regarder sans mal et se révèle un spectacle convenable pour meubler les dimanches après-midi pluvieux.

On a aimé

  • Un esprit bon enfant bien sympathique
  • Les paysages de Nouvelle-Zélande
  • De l'humour bienvenu

On a moins bien aimé

  • Un scénario très naïf et rempli d'incohérences
  • Le manque de charisme de Kevin Sorbo
  • Décors et costumes anachroniques, personnages peu crédibles

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