Critique Génération Perdue 2 [2008]
Avis critique rédigé par Nicolas L. le jeudi 31 juillet 2008 à 18h36
Surfer Vampire’s Party Beach
Les plus anciens d'entre vous se souviennent surement de Génération Perdue, ce film de vampire rock n'roll qui surfait tout naturellement sur la vague de la mode "gothic new age" inspirée par les romans de Anne Rice, ces œuvres de qualité qui avaient donné dans les années 80 un sacré coup de fraicheur au mythe vampirique. Ce film, réalisé par Joel Schumacher et mettant en scène un Jason Patric nageant alors en plein succès, un charismatique vampire caché sous les traits de Kiefer Sutherland et une icone des teen-movies des années 80 (Corey Feldman), connut une excellente carrière, que cela soit dans les salles de cinéma ou dans les linéaires des vidéo-clubs.
Vingt ans plus tard, à l’occasion de cette suite, le peu glorieux P.J. Pesce (Une Nuit en Enfer 3) nous ressert la même recette et nous raconte approximativement la même histoire, à savoir celle d'une jeune fille qui tombe sous le charme d'un voyou amateur de sang humain. Le cinéaste rafraichit bien entendu le concept, en y introduisant une imagerie plus "actuelle", à savoir servie par une photographie et une mise en scène très tendance, digne d'un clip de Fashion TV (party beach, tatoos tribaux, filles en bikinis échancrés, mecs au look de chippendales post-pubères, tous les clichés "Spring Break" sont présents, mais sans, hélas, les concours de Wet T-Shirt et les séances de gâteries derrière les dunes).
Le film consiste donc à assister aux exactions sanguinaires d'une bande de surfeurs loubards et vampires et à la romance entre Shane et la jeune Nicole. Une belle histoire d'amour maudit qui va être contrariée par Chris, le frère de Nicole, qui, pour récupérer sa sœur, va s'allier avec un excentrique chasseur de vampires. Ainsi, la plupart du temps, le spectateur se voit offrir de jolies scénettes sensuelles où, sous une magnifique pleine lune, juchés une moto de grosse cylindrée ou étendus sur une plage de sable fin, de jeunes gens se prélassent, picolent, s'enlacent et se bécotent (le film reste cependant très sobre dans le registre du coquin, censure oblige). En fait, P.J. Pesce s'amuse à remettre au gout du jour le thème de La fureur de vivre, reprenant les idéaux libertaires des années 50 et des années 80. Ici, comme dans le film de Schumacher (mais heureusement sans les élans réacs nauséabonds du premier film), l'état de non-mort n'est pas synonyme de malédiction mais de liberté de l'être et d'émancipation (dans tous les sens du terme). La rage vampirique dont ils font preuve de temps à autres pouvant être assimilé à l'expression violente d'une pulsion sexuelle post-ado (normal pour ces jeunes garçons et filles pleins de sève). D'ailleurs, les rapports vampiriques (et autres) sont exclusivement hétérosexuels (ou lesbiens, avec quelques roulages de pelles entre bimbos, histoire d’émoustiller un peu plus le jeune public masculin). Bref, dans le monde des vampires de Pesce, on peut braver les interdits, mais faut pas pousser trop loin le bouchon de la bienséance…
En fait, tout cela ne serait pas bien grave si P.J. Pesce ne s'était pas tant vautré lors du traitement de l'un des éléments essentiels à la construction d'un film: le ton narratif! En effet, complètement paumé, le cinéaste n'a pas réussi à imprimer une couleur au film, transformant son travail en une sorte de « barbouillage cinématographique ». On balance donc sans cesse entre le film d'horreur moderne (qui peut présenter quelques clins d'œil second degré mais qui se doit de conserver une certaine gravité), la comédie fantastique (style Fright Night) et la blague potache. Ce dernier aspect apparait essentiellement avec l'apparition de Edgar Frog, rescapé du premier volet et qui, devenu adulte, s'est spécialisé dans la chasse aux créatures de la nuit. Avec sa panoplie de Rambo, ses artifices anti-vampires et son ton sentencieux, Edgar Frog aurait plus sa place dans un Scary Movie qu’ici, où il décrédibilise complètement une histoire déjà pas bien convaincante. S’il l’on pouvait encore douter que P.J. Pesce n’a pas cru une seule minute à la tenue logique de son film, l’introduction de ce type supprime d’un coup toutes les interrogations sur le sujet.
De coté de l’interprétation, le chef des vampires, incarné dans le premier volet par Kiefer Sutherland, se voit ici remplacé par le plus jeune de la fratrie, Angus Sutherland (malgré ses 26 ans, c’est un débutant dans le métier). Un look de Jim Morrison, un bon charisme, il ne faut guère plus selon P.J. Pesce pour construire le leader vampire, poète moderne et rebelle. Bref, sans commentaire… Les deux héros du film sont des acteurs peu connus (on a cependant pu voir Autumn Reeser dans quelques séries télé) et qui affichent le mignon petit profil des jeunes acteurs à la mode. Quand à Edgar Frog, c’est Corey Feldman en personne qui se charge de le faire revivre. A ce sujet, la seule conclusion qui nous vient à l’esprit est le célèbre acteur des Goonies (un clin d’œil est d’ailleurs présent dans ce film), Gremlins et autres Stand by Me n’a pas trop bien vieilli. Notons aussi, pour la petite histoire, que Corey Feldman n’est pas le seul acteur du premier film à œuvrer dans cette séquelle, il y a aussi Corey Haim, qui interprétait le frère protecteur de Dianne Wiest et qui apparaît ici dans un rôle secondaire.
Bon, Lost Boys 2 est un film de vampires, et qui dit film de vampire dit effets sanglants. Non? Cette évidence, le métrage la respecte à la lettre dans la séquence d’ouverture, avec l’apparition d’un Tom Savini qui, très surpris par la tournure des évènements, va carrément en perdre la tête. Puis, plus rien, ou presque, jusqu’au dernier quart d’heure qui présente quelques séquences gore assez sobres et des transformations faciales inspirées des créatures de Buffy. Bref, pas grand-chose à se mettre sous la dent, si j’ose dire…
La conclusion de Nicolas L. à propos du Film (Direct to Vidéo) : Génération Perdue 2 [2008]
Avant même d’avoir vu une seule image de ce film, je n’étais guère confiant sur la qualité de cette séquelle (d’autant plus que l’original a vraiment très mal vieilli). Je dois hélas dire que mes craintes ont été vérifiées. Lost Boys : The Tribe, est un film d’exploitation sans aucune originalité et peu trépidant. P.J. Pesce, en docile tâcherons, n’ose rien, se contente de montrer à l’écran des acteurs bons pour le Loft ou l’Ile de la Tentation, tout en hésitant sans cesse dans ses choix de traitement. Finalement, malgré sa nullité et le profond ridicule affiché par un acteur qui m’a jadis fait rêvé, le point fort de ce navet reste Edgar Frog. Triste constat.
On a aimé
- Quelques clins d’œil amusants
- La B.O. rock n’roll
On a moins bien aimé
- Scénario sans originalité
- Personnages creux ou stéréotypés
- Réalisation sans personnalité
- Ton narratif anarchique
- Peu de gore, pas de sexe
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