Critique Eden Lake [2008]
Avis critique rédigé par Richard B. le mardi 16 septembre 2008 à 21h14
jeux d'enfants... ?
Depuis quelques temps, le genre « survival » a repris du poil de la bête, grâce notamment à nos voisins anglais, plutôt inspirés par le sujet. Hors, si les films de ce type reposent sur des restrictions scénaristiques certaines il demeure que, pour l’instant, la plupart des œuvres sont plutôt réussies. L’on en arrive même à se demander quand les scénaristes vont-ils finir par se trouver en panne d’idées ?.. Et il semblerait, heureusement, qu’« Eden Lake » ne soit pas encore le film de trop !
Le sujet est évocateur: Jenny et Steve partent pour un week-end romantique. En effet, afin de marquer d’une pierre blanche sa demande en mariage, Steve désire amener sa chère et tendre au bord d’un joli petit lac, perdu en pleine nature. Mais leur chemin va croiser celui d’une bande de jeunes plutôt turbulents et peu enclins à recevoir des réflexions désobligeantes. C’est ainsi que, sans que le couple s’y attende, la situation va très vite prendre une ampleur dramatique démesurée – et il y sera même question de survie.
« Eden Lake » n’est certainement pas le premier film à traiter de la violence exprimée par les plus jeunes. Cette année, l’édition DVD du film d’anticipation des « Révoltés de l'An 2000 » (datant de 1977), et la sortie cinéma des « Proies » tend à prouver que le sujet reste encore et toujours d’actualité. D’une certaine façon, l’œuvre n’est pas aussi sans nous rappeler un film hexagonal : « Ils ». Néanmoins, alors que les « Proies » accuse de manière peut-être un peu facile les jeux vidéos et qu’« Ils » amène cette violence en un lieu trop éloigné pour susciter un réel débat, « Eden Lake » apporte une perspective plus concrète, plus proche d’une réalité palpable. Et plutôt que d’accuser la télévision, le cinéma ou encore le jeu vidéo, le scénariste et réalisateur James Watkins amène une réflexion basée sur les responsabilités de l’éducation parentale et sur l’influence que génère le phénomène de groupe.
James Watkins a eu l'intelligence de travailler sur le pathétique de la situation, situation dramatique résultant d'un simple petit rien qui dégénère et qui conduit à une véritable lutte pour la survie. Une lutte contre une bande de jeunes suivant presque aveuglement leur meneur, qui se retrouve être une métaphore de l'éducation qu'il a reçu et véritable rebond d'une cruelle carence affective. De plus, il est fascinant de voir comment James Watkins, à partir de ce postulat, transforme progressivement les traqueurs en victime. Sur ce point, le film demeure plutôt remarquable. D’un autre côté – hélas -, il n’évite pas les clichés et la mise en pratique des règles établies du genre. Ainsi, pour quiconque aura l’habitude de ce genre de film, il lui sera le plus souvent assez facile de comprendre et anticiper le déroulement des évènements, de même que quelques-uns des enjeux dramatiques. Reste que le plus important est que, malgré ces défauts souvent propres aux règles très codifiées du « Survival », grâce à sa forte thématique et une très belle orchestration du rythme, le réalisateur parvient à maintenir une certaine tension.
Du point de vue technique, on retrouve dans Eden Lake une partie de l’équipe de « The Descent » de Neil Marshall. Cela se remarque assez, en particulier avec le « score » de David Julyan qui y récupère quelques intonations et séquences rythmiques. La photographie est quant à elle très soignée et les prises de vues sont plutôt intéressantes, optant par moment pour des plans paysages, amenant à voir que la forêt dans laquelle se situe l’action est loin d’être petite, et transformant celle-ci en un personnage tout aussi important que les humains.
Côté casting, les choix semblent plutôt justes, dans la mesure où tous apparaissent comme crédibles. Kelly Reilly est ravissante et se livre réellement, quitte à se mettre dans des situations loin d’être confortables pour une actrice peu habituée au genre. Quant à Michael Fassbender, même si son personnage reste plutôt « classique », lui aussi demeure crédible dans son interprétation. Le choix le plus délicat portait certainement sur celui qui devait jouer « Brett », le leader de la bande de jeunes, puisqu’il fallait trouver un jeune acteur capable d’émaner assez de charisme pour endosser une position de leader, mais aussi de naïveté pour montrer son manque de moralité et son détachement rationnel. Le choix de Jack O'Connell, au regard du résultat, semble plutôt judicieux.
La conclusion de Richard B. à propos du Film : Eden Lake [2008]
« Eden Lake » pourrait avec raison ne pas être catalogué comme un film « d’horreur », tant la réalité s’est souvent montrée tout aussi absurde et atroce que cette fiction. Mais c’est aussi peut-être pour ça qu’« Eden Lake », de par son thème réaliste, n’en est que plus effrayant, du fait que la peur n’a jamais semblé aussi proche. James Watkins soigne ici son premier film, fait preuve d’une belle efficacité et, même s’il le film n’évite pas quelques clichés inhérents au genre, il réussit amplement son pari !
On a aimé
- L’ambiance générale
- Le jeu des acteurs
- Un montage efficace
- Un sujet de société
On a moins bien aimé
- Un certain nombre de clichés
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