Critique La Dispersion des Ténèbres #4 [2005]
Avis critique rédigé par Manu B. le dimanche 21 décembre 2008 à 20h11
Coda
"Anna -
Je sais. Ça paraît incroyable. Mais apparemment, ce n'est rien de moins que la vérité. Aucun relevé de moins que la vérité. Aucun relevé antérieur ne montre l'existence de cette fosse marine. Pas avant que nous commencions à chercher par ici..."
Le chirurgien est la nouvelle duchesse de Bourgogne.
Florian, alias Floria del Guiz, au nom très bourguignon, a pourtant du sang des seigneurs de Bourgogne, et c'est naturellement qu'elle a pris part à la chasse à cour, celle qui désignera le successeur du Duc de Bourgogne qui attend sur le perron de la mort. Le sort l'a désignée. Le nouveau seigneur de bourgogne, celui qui doit supporter le siège des wisigoths, forts du nombre de quinze milles hommes des trois légions et mercenaires stationnés à quatre cents mètres des murailles de la ville fortifiée, qui doit commander aux quelques deux mille cinq cents défenseurs de la ville et aux huit mille civils, est donc une femme. Floria est très peu habituée à parler la langue de la haute, depuis qu'elle s'est fait passer pour un chirurgien masculin dans la compagnie de Cendres où elle officie depuis des années. Elle doit pourtant se conformer à la tradition, d'autant que le seul rempart, contre les Machines Sauvages et les ténèbres, est le représentant de la Bourgogne, et donc Floria. Dans l'intervalle, Cendres prend les rênes des défenses et devient capitaine des armées de Bourgogne pour une cause perdue d'avance. La Faris, sa soeur jumelle et général en chef des forces wisgothes, attend à l'extérieur des remparts sans paraître vouloir investir la place pour l'instant, mais les nouvelles sont mauvaises: Gellimer le roi-calife en personne vient en Bourgogne pour porter l'assaut final...
Après la guerrière oubliée, la puissance de Carthage et les machines sauvages, la dispersion des ténèbres est le dernier volet de cette fresque historico-médiéval fantasy qui a été récompensée par le BSFA en 2001, publié par Denoël Lunes d'encre. Un coup d'oeil à cette dernière partie, ajouté aux questions restées sans réponses des trois autres opus, nous montre qu'il n'en est rien. Le livre de Cendres ouvre la porte à un nouveau genre qu'on pourrait qualifier de "hard science fantasy", auquel le récent Eifelheim fait indubitablement partie. Cendres est sans aucun doute un livre à mettre à part de toute la production SF ou fantasy. Et une sacrée réussite.
L'attente derrière les murailles est longue et usante: les attaques de feu grégeois ou de trébuchet sont sporadiques mais mortelles et augmente la liste des blessés et des morts parmi combattants et civils. A cela s'ajoutent les malades de la faim et du froid et l'hôpital ne désemplit pas. Les forces wisigoths étant réparties tout autour de la ville, il n'existe aucune échappatoire aux dix milles résidents de la capitale bourguignonne. Le rythme du livre s'en ressent et suit cette longue agonie au détriment de l'action illustrée dans les précédents romans. Il souffre du coup de terribles longueurs dues aux hésitations, aux élaborations de plans foireux et à l'impossibilité d'agir de Cendres et ses troupes pour tenter de repousser l'inévitable invasion. Mais à ces longues pages succède pourtant l'instant de la dernière chance qui, en quelques vingt-cinq pages, balaie le reste dans une rare violence - celle, farouche, de la bataille finale -. Tout réside dans ce paroxysme auquel s'ajoute une première puis une deuxième postface qui répond à certaines questions restées en suspend depuis le début de la saga, et qui se dérobe à d'autres plus vastes encore et plonge le lecteur dans des considérations quantiques et cosmologiques insensées.
Le livre de Cendres est au final une saga inclassable à tous égards, et d'une folle ambition. Cendres, aussi courageuse qu'impertinente est l'un des plus remarquables personnages de ces dernières décennies.
La conclusion de Manu B. à propos du Roman : La Dispersion des Ténèbres #4 [2005]
Dernier opus du livre de Cendres, la dispersion des ténèbres souffre de longueurs - correspondant à celles du siège des wisigoths, et somme toute, logiques - dans une grosse moitié du roman. Et puis tout s'accélère en une explosion et de révélations et de conjectures qui hissent cette saga à la hauteur des grandes oeuvres de fantasy. Le livre de Cendres n'est, avec le recul, même pas de la fantasy. C'est tout simplement un chef d'oeuvre de la littérature.
British Science Fiction Award 2001.
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